Retraites : succès de la réunion publique du 22 juin à Angers

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Moins d’une semaine après l’annonce de la contre-réforme gouvernementale sur les retraites, deux jours avant la mobilisation syndicale du jeudi 24 juin, une réunion publique associant Alain Krivine (NPA), Fr. Béatse (PS), Vinc. Dulong (Verts), Yves Dimicoli (CN du PCF), Christian Mahieux (Solidaires), Monique Rabault (ATTAC) et l’économiste David Cayla s’est tenue mardi 22 juin à 20h à la Bourse du travail d’Angers, à l’appel du Collectif angevin de défense des retraites (la secrétaire de la FSU 49, luttant à Cholet aux côtés des familles en demande d’asile privées de toit, était excusée). Près de 200 personnes s’y sont pressées pour un débat nourri sur les réformes gouvernementales, les solutions solidaires du financement des retraites et les moyens de mobiliser pour le retrait du projet Woerth-Sarkozy.

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Tribune de la réunion publique
Christian Mahieux (Solidaires), Alain Krivine (NPA), Yves Dimicoli (PCF), David Cayla (économiste), Monique Rabault (ATTAC), Frédéric Béatse (PS), Vincent Dulong (Verts), Olivier Lorreyte (AL).
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Salle Pelloutier

Près de 10.000 tracts avaient été distribués, plusieurs centaines d’affiches collées. Toutefois l’information n’avaient été que peu diffusée par les médias locaux [1] Finalement, ce sont environ 200 personnes qui ont investi la salle Pelloutier de la Bourse du travail, à l’appel du collectif angevin de défense des retraites.

En prélude au débat avec la salle, chaque intervenant national ou départemental a pu intervenir 10 minutes. Après une introduction généraliste de Monique Rabault (ATTAC), l’économiste David Cayla a pu démontrer aisément que l’objectif réel de la réforme Woerth-Sarkozy était la baisse des pensions et l’augmentation du taux de chômage (qui permet en retour d’exercer une pression accrue sur les salaires).

Frédéric Béatse du PS 49 a souligné l’absurdité d’une réforme qui passe à côté de la question de l’emploi des seniors, confond notions de pénibilité et d’invalidité, et remet en cause la cohésion sociale. Puis il a présenté les grandes lignes du programme de son parti en la matière. Le responsable de la commission économique du PCF, Yves Dimicoli, a dénoncé la dramatisation du gouvernement sur la démographie et insisté sur le fait que l’objectif du MEDEF était avant tout de casser le lien à l’entreprise de la protection sociale. Il a condamné la politique d’exonérations sociales (294 milliard d’euros depuis 1991 dont 240 compensées par l’Etat !) avant de développer lui aussi sur les propositions de son parti (notamment, faire cotiser à hauteur de 8% les revenus financiers des entreprises et des banques). Vincent Dulong, des Verts 49, a mis en avant le partage du travail et des richesses et la nécessité d’un véritable projet de société, non productiviste.

Les deux derniers orateurs ont davantage centré leurs interventions sur la mobilisation à construire. Alain Krivine, du NPA, a d’emblée inséré la réforme Woerth-Sarkozy dans la politique d’une bourgeoisie européenne confrontée à une crise du capitalisme d’exceptionnelle ampleur. Puis il a abordé la question des résistances à cette politique régressive, tout en en soulignant les contradictions. Pour la masse des gens, et c’est nouveau si l’on se réfère à l’idéologie ambiante il y a 20 ans, le capitalisme est un système corrompu et mortifère. Il y a ceux d’en haut (eux) et ceux d’en bas (nous). Les derniers développements sur les “affaires” (cumuls de Mme Boutin, frégates de Karachi, fraudes fiscales de Mme Bettencourt et proximité de celle-ci avec le pouvoir politique), tout en restant des épiphénomènes, ne font que renforcer ce sentiment diffus de rejet. Pourtant, personne ne semble savoir comment lutter, ce qui génère abattement et résignation. Répétées à intervalles réguliers mais isolées dans le temps, les manifestations de masse comme les journées de grève générale paraissent avoir épuisé leur potentiel de mobilisation (comme on vient de le voir en Grèce). Même dans les couches les plus radicalisées, l’utilité de la lutte devient problématique. Chacun sent que, pour être efficace, il faut porter la barre plus haut, comme en 1995 (Juppé) ou en 2006 (CPE). Le 24 juin n’en doit pas moins être une journée de manifestations massives. Car ce peut être un point d’appui pour réellement construire une mobilisation prolongée pendant l’été et surtout à la rentrée. Et Alain Krivine de conclure : 1/ Il faut montrer qu’il existe des solutions solidaires, alternatives à la politique de destruction des acquis sociaux de Sarkozy et du MEDEF ; 2/ Il faut être et rester unis autour de revendications communes précises (emploi, nombre d’annuités...) ; 3/ Il faut un mouvement d’ensemble prolongé à la rentrée. Christian Mahieux a abondé dans le même sens. Au sein de l’intersyndicale, tout en respectant l’unité du mouvement, la fédération Solidaires défend la perspective d’une lutte prolongée et massive. Les enjeux sont en effet énormes. Laissera-t-on indéfiniment se dégrader la part des salaires dans les richesses que les salariés produisent ? Il faut à rebours des objectifs du gouvernement exiger que les gains de productivité soient utilisés à une RTT tout au long de la vie. Pour cela, il faut tirer les leçons des erreurs du passé. Comme celles des syndicats de la fonction publique qui, en 1993, ne se mobilisèrent pas massivement aux côtés du privé contre la réforme Balladur des retraites, comme celles de la gauche plurielle qui “oublia” d’abroger cette même réforme... Il faut reconstruire l’unité des travailleurs.

Pendant près d’une heure trente, le débat s’est poursuivi dans la salle. Au delà de l’accord général pour dénoncer la réforme Woerth-Sarkozy (“anti-civilisationnelle” comme le dira Yves Dimicoli), plusieurs points de débat sont apparus nettement, qu’il faudra approfondir. Faut-il attendre 2012 (l’élection présidentielle) ou l’alternative ne doit-elle pas avant tout se construire dans la rue ? Faut-il croire le PS quand il devient soudain l’adversaire de réformes que des partis frères mettent en place au même moment en Grèce, Espagne ou Portugal et qu’il ne revient pas clairement sur l’allongement des annuités depuis 1993 (toutefois, Frédéric Béatse souligna que le PS participera aux manifestations du 14 juin et d’après) ? Surtout, comment construire le rapport de forces pour faire reculer le MEDEF ? Un adhérent retraité de la CGT et du PCF49 contestera l’intervention d’Alain Krivine en soulignant qu’il faut informer la population avant de pouvoir la mobiliser, et qu’une grève générale ne se décrète pas. A cette intervention, un militant de SUD-Santé ou un autre de la Fondation Copernic répondront que, dialectiquement, information et mobilisation se nourrissent l’une l’autre et ne sont nullement des moments séparés. Que si une grève générale ne se déclenche évidemment pas en pressant sur un bouton, il appartient aux organisations syndicales vraiment opposées au projet gouvernemental de la mettre en perspective et de la construire dès lors qu’elles font l’analyse (qui est celle de la majorité de la population si l’on en croit certains sondages !) que c’est le seul moyen de faire plier l’adversaire.

La salle s’est en tous cas séparée sur (au moins) un large point d’accord : mobilisation massive le jeudi 24 juin !

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Communiqué de presse du Collectif angevin de défense des retraites du mercredi 16 juin 2010 appelant à la réunion du 22 juin

Le Collectif angevin de défense des retraites du Maine et Loire, constitué autour de l’appel « Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites » (site : http://exigences-citoyennes-retraites.net), rejette le projet gouvernemental de "réforme" des retraites.

Le gouvernement, comme ses prédécesseurs en 1993 et 2003, n’écoutant que le chant du Medef, organise la baisse du niveau des pensions en :
-  portant la durée de cotisation à 41,5 ans en 2020 ;
-  reculant l’âge du droit au départ à 62 ans et celui de la retraite à taux plein à 67 ans dès 2018. La décote instituée par la réforme Fillon va avoir dans ces conditions des effets particulièrement ravageurs.

Poursuivant sa tactique de division du salariat, le gouvernement montre les les fonctionnaires du doigt alors que, à qualification égale, le niveau de leur pension est équivalent à celle des salariés du privé. Sous prétexte d’équité, il s’apprête cyniquement à leur retirer une journée de salaire par mois.

Parallèlement, le gouvernement refuse de considérer la pénibilité du travail autrement qu’au cas par cas et en posant des conditions draconiennes aux salariés concernés.

Par petits bouts, à tour de rôle, toutes les catégories voient leurs conditions se dégrader, chaque recul de l’une servant à justifier le recul de la suivante, avec une double, voire triple peine pour les femmes, les travailleurs précaires et ceux qui sont restés longtemps au chômage.

Ce ne sont pas les effets d’annonces sur une maigrichonne contribution des plus hauts revenus qui peuvent tromper qui que ce soit : il s’agit d’abord pour le gouvernement de faire payer les citoyens de revenus modestes et moyens.

Le collectif angevin, composé de partis politiques, syndicats, associations et individus, s’est constitué pour informer les citoyens sur la question des retraites et en débattre avec les populations. La question des retraites est en effet un enjeu de société majeur.

À l’inverse des pseudo‐solutions individualistes (fonds de pension), le collectif angevin entend affirmer un choix politique de la justice et de la solidarité. Il met en avant quatre revendications fortes :

-  pour une politique d’emploi, des salaires et un autre partage des richesses permettant le financement des retraites.
-  maintien de l’âge légal à 60 ans.
-  maintien d’une pension au montant garanti et qui permette de vivre décemment.
-  refus de tout allongement de la durée de cotisation.

Le collectif organise une soirée publique de décryptage de la réforme gouvernementale, de mise en avant des solutions de financement des retraites (fondées sur une autre répartition des richesses) et de propositions de mobilisation mardi 22 juin à 20 heures avec, comme intervenants, Frédéric Béatse (Parti socialiste), David Cayla (économiste à l’Université d’Angers), Yves Dimicoli (économiste, membre du conseil national du PCF), Vincent Dulong (Les Verts) Alain Krivine (membre du NPA), Christian Mahieux (Solidaires).

Cette réunion publique se déroulera Salle Pelloutier (Bourse du travail d’Angers, place Imbach). Le collectif appelle les angevins à y participer massivement.

Le collectif angevin de défense des retraites (Attac ‐ Fondation Copernic ‐ FSU ‐ Solidaires ‐ Alternatifs ‐ Alternative Libertaire ‐ FASE ‐ Gauche Unitaire ‐ MJCF ‐ NPA ‐ PCF ‐ PG ‐ PS ‐ Jeunes Verts ‐ Les Verts et individus.)


22 juin 2010, par NPA 49

[1] C’est surtout le cas de la rédaction de Ouest-France qui n’est jamais venue aux conférences de presse du collectif (sans jamais prévenir qu’elle ne venait pas), y compris pour l’ultime conférence du 22 juin avec les intervenants nationaux (pourtant venus dès l’après-midi spécialement pour cela) ; elle a néanmoins laissé paraître l’annonce de la réunion, le jour-même, dans un coin perdu de page intérieure, en caractères microscopiques !