Plus de 2000 à Angers contre le racisme d’État !

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Entre 2000 et 2400 personnes (selon la police et selon les organisateurs) ont manifesté le 4 septembre au matin à Angers, entre la Place Leclerc (Palais de Justice) et la place Michel Debré (Préfecture), contre l’accentuation de la dérive raciste et ultra-sécuritaire du gouvernement annoncée par le discours de Grenoble du 30 juillet de N. Sarkozy. Plus largement dans l’Ouest, il y a eu 10 000 manifestants à Nantes, 3 000 à Rennes, 2 000 à Caen, 1 500 à Quimper, 1200 à Saint-Nazaire, 1000 à Saint-Brieuc et 800 à Brest et Lorient. On a aussi défilé à Vannes, Pontivy, Morlaix, Fougères, Lannion, Alençon, Saint-Lô et La Roche-sur-Yon... De premières démonstrations d’un mois de septembre qui en comptera bien d’autres !

Cet été a été marqué par une série de déclarations et d’exactions racistes et sécuritaires des membres du gouvernement. Si la panique a sûrement guidé les premières annonces du gouvernement pour tenter une diversion dans le contexte des révélations successives de l’affaire Woerth-Bettencourt, c’est bien à une campagne orchestrée que nous assistons dorénavant.

Ainsi, les ministres, députés et membres de l’UMP se sont succédé pour participer à un grand concours de déclarations racistes ou sécuritaires. Assimilation de l’immigration à la délinquance, proposition de déchoir les délinquants d’origine étrangère de la nationalité française, peines de prison ferme pour les parents d’enfants «  délinquants  », etc. Les Roms et les gens du voyage ont aussi été violemment attaqués [1]. À grand renfort de caméras, on a démantelé des camps et expulsé, principalement vers la Roumanie, une partie de leurs occupants [2].

Christian Estrosi, improbable ministre de l’Industrie, est allé jusqu’à déclarer qu’entre «  Français ou voyou, il faut choisir  ». Mais sa mesure s’appliquerait-elle à Éric Woerth, ministre du Travail, ami de la famille Bettencourt ? à Christian Blanc, l’ancien ministre amateur de cigares ? au président de la République ? Cette déclaration provocatrice comme les autres n’a pour but que de désigner des boucs émissaires, ici les jeunes «  issus de l’immigration  » des quartiers populaires. La campagne de Sarkozy pour 2012 est donc lancée et le ton est donné  : à droite toute !

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Du Palais de Justice...

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Évidemment, il est aujourd’hui nécessaire de répondre à cette série d’attaques. L’appel à manifester le samedi 4 septembre dans plus de 120 villes en France a été la première étape d’une véritable contre-offensive antiraciste. À Angers, ce sont plus de 2000 personnes, des associations aussi diverses que la Ligue des Droits de l’Homme (LDH49), l’AFPS49, DAL49 ou Emmaüs49, des syndicats (FSU, CFDT, CGT, Solidaires...) des partis politiques de gauche (NPA, LO, AL, PG, PCF...) ou de centre-gauche (PS, Europe écologie...), de simples citoyens, des gens du voyage et des Rroms (en situation de logement difficile, les élus locaux ne se mobilisant guère que pour les faire expulser, ainsi qu’ils ont tenu à le rappeler par une prise de parole devant la préfecture) [3] qui ont manifesté tous ensemble [4]. Une délégation a été reçue par le préfet.

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...à la Préfecture

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Mais cette journée a aussi été la première étape d’une rentrée sociale qui doit s’opposer sur tous les fronts à la politique antisociale et sécuritaire de ce gouvernement. La réussite de cette journée ne peut que renforcer la manifestation contre la réforme des retraites du mardi 7 septembre, qui à Angers est également convoquée à 10h30 place Leclerc (place Travot à Cholet et devant la mairie à Saumur ; à 17h place du port à Segré)

Pour septembre, il faut d’ores et déjà prévoir de bonnes chaussures : on risque de beaucoup marcher... Et puis il y a peut-être des coups de pieds qui se perdent...

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Mots d’ordre du cortège du NPA 49 à la manifestation du 4 septembre :

-  Citoyens de seconde zone ? C’est sous Vichy, pas en démocratie !
-  Non-non-non aux boucs émissaires ! Non-non-non aux discriminations !
-  Arrêt, arrêt, arrêt des expulsions ! Non-non aux discriminations !
-  Besson-Hortefeux-Sarkozy : racisme, expulsions, ça suffit !
-  Une seule expulsion : expulsons Besson !
-  Besson, démission, Sarkozy aussi !
-  Hortefeux c’est Vichy, pas la démocratie
-  Président ou voyou, il faut choisir : Sarkozy-Hortefeux, on n’en veut plus !
-  1e, 2e, 3e générations : nous sommes tous des enfants d’immigrés !
-  Travailleurs français-immigrés, mêmes patrons, mêmes combats !


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4 septembre 2010, par NPA 49

[1] Ce qui n’est malheureusement pas nouveau de la part des bourgeois. Qu’on se souvienne de la lettre de Flaubert à George Sand du 12 juin 1867 (Correspondance, éd. de la Pléiade, tome 5, p. 653-654) : « Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s’étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j’en vois. Et toujours avec un nouveau plaisir. L’admirable, c’est qu’ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons. Je me suis fait très mal voir de la foule, en leur donnant quelques sols. Et j’ai entendu de jolis mots à la Prudhomme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre. C’est la haine qu’on porte au Bédouin, à l’Hérétique, au Philosophe, au Solitaire, au Poète. Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère. Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton. »

[2] Au mois d’août, ce sont un millier de Rroms roumains et bulgares qui ont été expulsés et plus d’une centaine de camps qui ont été démantelés

[3] À Angers, des familles entières de Rroms vivent sans ressources, privées de l’aide sociale à l’enfance par le conseil général. Une trentaine de Roumains sont expulsés de squat en squat depuis deux ans (par exemple le 12 juillet dernier à La Roseraie), sans qu’aucune solution pérenne ne soit proposée par les responsables politiques locaux. Quant aux réfugiés Rroms issus de pays extérieurs à l’UE, ils sont privés de l’allocation temporaire d’attente pour les demandeurs d’asile. Pire, au niveau de la Préfecture, une famille originaire du Kosovo et de Serbie a été expulsée vers la Hongrie le 20 juillet et risque maintenant d’être transférée dans la Serbie qu’elle avait fui pour des raisons politiques... (cf. tract du Collectif de Soutien aux sans papiers 49 distribué à la manifestation)

[4] À cet égard, on peut regretter que les organisateurs de la manifestation n’aient pas eu l’intelligence, devant la Préfecture, de laisser la parole aux militants du collectif de soutien aux sans papiers et aux Rroms présents. Ceux-ci n’avaient certes pas signé l’appel unitaire en raison de désaccords sur la référence faite dans le texte à une république mythifiée dont l’histoire ne fut pas toujours exemplaire. Mais cela a donné devant les médias une regrettable image de division. Rappelons à cette occasion que le NPA a signé le texte unitaire parce que l’essentiel est aujourd’hui de rassembler, mais qu’il n’en partage pas tous les considérants. Bien plus que la référence au 4 septembre 1870 - qui fut après tout le jour salvateur où les ouvriers révolutionnaires parisiens décrétèrent la fin du second Empire - celle au « nécessaire respect de l’ordre public » charrie bien trop d’ambiguïtés. Elle peut même donner à penser que les signataires partagent avec Sarkozy une préoccupation commune ! Un appel moins langue de bois “3e république” et plus dirigé vers les classes populaires aurait sans doute permis de rassembler davantage de monde encore... Mais le combat continue !