Ras-le-bol de la Sarkozie : préparons l’alternative anticapitaliste

Partager

Face à la mobilisation la réponse du pouvoir n’est que répression, réquisition et mépris. Il nous parle de démocratie, mais il est complètement illégitime. Contre ce président des riches, toujours là pour ses amis et sa famille, il devient nécessaire et urgent de construire une alternative à ce système.

Prise à la gorge par un mouvement puissant et solide contre sa réforme des retraites, la droite a usé de la violence dans son plan de sortie de crise. La clique de Sarkozy a commencé par fustiger «  ceux qui bloquent  » et «  ceux qui cassent  » pour tenter de discréditer le mouvement, de légitimer une intervention plus musclée des forces de police. Coups de matraque et comparutions immédiates pleuvent, l’arbitraire est une seconde nature pour une droite qui prétend agir au nom des libertés fondamentales. La brutalité et l’intimidation ne feront pas refluer les mécontentements. Bien au contraire, c’est l’illégitimité de ce gouvernement qui s’en trouve mise à nue.

Si le pouvoir s’acharne face à la fronde sans précédent qu’il a provoquée, c’est qu’il poursuit plusieurs objectifs qui se complètent.

-  Il s’agit d’abord d’imposer des mesures pour faire payer la crise à la majorité de la population. La réforme des retraites est aussi l’acte I d’un super plan d’austérité à l’image de ce que font la plupart des gouvernements européens, illustré en Grande-Bretagne par la suppression de 500 000 emplois publics.

-  Il s’agit aussi de détruire le système de Sécurité sociale basé sur la solidarité, pour libérer les fonds qui «  dorment  » d’un point de vue capitaliste. De quoi ravir tous les profiteurs et en premier lieu le frère de sa majesté, et PDG du groupe Malakoff Médéric, Guillaume Sarkozy. En somme, les deux frères bossent ensemble. Le cadet détruit le système de retraite par répartition pendant que l’aîné en profite par le développement des fonds de pension du groupe qu’il dirige.

-  Il s’agit enfin d’infliger une défaite au mouvement ouvrier qui l’affaiblisse durablement. Même les plus «  mous  », comme les dirigeants de la CFDT, ont été traités jusqu’ici par le mépris le plus total. C’est d’ailleurs un des facteurs qui a permis jusqu’à ces derniers jours, l’unité syndicale et la multiplication des appels à la mobilisation, même si, pour notre part, nous avons milité pour des appels plus fermes et unitaires à la grève générale reconductible,

Destruction des droits sociaux, mensonge, violence, atteinte au droit de grève, déni de démocratie, collusion d’intérêts, il y en a vraiment ras-le-bol de la Sarkozie  !

Vouloir se projeter au lendemain de la «  longue nuit du Fouquet’s  » le plus vite possible invite évidemment à débattre en termes de programme et de pouvoir. C’est un débat qui n’est pas confiné aux mouvements politiques existants mais qui intéresse massivement celles et ceux qui sont engagés dans le mouvement. On voit bien venir les socialistes, présents aux manifs – et c’est tant mieux –, mais pris dans une contradiction insoluble. De l’aveu même de Benoît Hamon, la position du PS ne se différencie pas vraiment de celle du pouvoir sur la question des retraites. Du coup, le chef des socialistes marseillais, Guerini, en a tiré toutes les conséquences et, dans la « capitale de la grève », a appelé conjointement avec le chef de l’UMP Gaudin à... cesser la lutte. Et le PS n’a même pas pris la peine de répondre à notre proposition d’appel à défendre dans l’unité le droit de grève. Entièrement situé dans le cadre de l’économie de marché, le programme des socialistes est une autre façon de faire payer la crise à la majorité de la population.

L’attitude de la Sarkozie met également en lumière le caractère nocif d’institutions républicaines rodées à la défense des intérêts de la bourgeoisie. La véritable rupture suppose ainsi à la fois la mise en œuvre d’un programme anti­capitaliste basé sur l’appropriation sociale des grands moyens de production, sur la répartition des richesses, la protection des ressources et la rupture avec les institutions. Sinon, la radicalité du mouvement ne trouvera comme débouché que l’alternance en 2012 sous la forme d’une coalition gouvernementale avec le PS. Le programme d’une gauche digne de ce nom ne peut pas être «  partagé  » avec celui du PS. C’est pourquoi le NPA en appelle au regroupement pour construire et imposer l’alternative anticapitaliste. Nous proposons que toutes les forces, équipes de militantEs radicaux du mouvement social, formations engagées dans la lutte, trouvent les moyens d’en débattre ensemble.

Une fois adopté par son très proche congrès national, le NPA soumettra pour sa part à la discussion son document intitulé «  Réponses à la crise  ». Refusant la séparation classiquement entretenue par les partis institutionnels et les directions des principales confédérations syndicales entre le «  politique  » et le «  social  », nous pensons que le contenu d’une politique alternative, les formes de sa mise en œuvre, doivent être au contraire étroitement liées. Le seul gouvernement utile serait ainsi à nos yeux un gouvernement par et pour la majorité de la population. Quel moment plus propice pour poser cette question que celui où les victimes des capitalistes font massivement irruption sur la scène politique  ?

27 octobre 2010, par NPA 49