Thomson : Communiqué de presse du NPA 49

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La liquidation judiciaire de Thomson Angers vient d’être prononcée, ce matin, jeudi 11 octobre 2012. En réaction, les salarié(e)s de Thomson Angers ont bloqué le Bd Gaston Birgé et allumé un grand feu de palettes et de cartons. Le NPA s’associe à la "technicolère" des Thomson et les soutiendra inconditionnellement dans toutes leurs actions et revendications. Il exige la réquisition de l’entreprise sous contrôle des salarié(e)s.

Car le verdict, même prévisible, reste inacceptable. Les belles paroles se sont envolées. Une fois de plus, le gouvernement n’a pas réellement affronté un groupe capitaliste. La ministre des PME, Fleur Pellerin, a même avoué aux salarié(e)s, vendredi dernier, qu’elle n’avait pas réussi à prendre langue avec les dirigeants rapaces de Technicolor. Les profits des rentiers sont demeurés prioritaires sur la vie des salarié(e)s, alors même que ceux-ci sont les seuls et véritables producteurs de richesse.

Les nombreuses luttes actuelles chez Thomson, Arcelor, PSA, Doux, Fralib, Sanofi et toutes les autres ne doivent plus rester éclatées. Il faut un grand mouvement unitaire qui engage avec l’ensemble de la population un bras de fer contre la violence et le cynisme capitalistes. Il faut interdire les licenciements. Les secteurs clés de l’économie doivent passer sous contrôle des travailleurs et de la population.

Angers, le 11 octobre 2012

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Chronologie sommaire de Thomson à Angers :

-  1957

Successeur de facto de la défunte entreprise Bessonneau, Thomson ouvre un site à Angers en 1957. Il produit les téléviseurs Thomson, d’abord en noir et blanc puis en couleurs à partir de 1964. Dans les années 1970, jusqu’à 3.000 salarié(e)s travaillent dans l’usine.

-  1982

Thomson-Brandt et Thomson-CSF sont nationalisées par le gouvernement Mauroy. L’année suivante, les deux entreprises fusionnent dans une “Thomson SA” qui s’organise autour de deux pôles : a) le pôle “électronique grand public”, qui devient Thomson Consumer Electronic Company (TCE) en 1987 puis Thomson Multimedia en 1995 avant d’être dissocié du groupe en 1999 et rebaptisé simplement Thomson en 2002 ; b) Thomson_CSF, spécialisé dans l’électronique professionnelle à vocation essentiellement militaire. En 2000, Thomson-CSF devient Thales.

-  1996

Le gouvernement Juppé tente sans succès de brader Thomson Multimedia au sud-coréen Daewoo, avec sa trentaine de sites dans le monde, dont celui d’Angers (et ce, pour un franc symbolique !).

-  1999

L’ouverture du capital de Thomson Multimedia par le gouvernement Jospin débute le processus de reprivatisation. En 2003, Le gouvernement Raffarin liquide les dernières actions de l’État.

-  2004

Cinq ans après le lancement des écrans plats, Thomson abandonne les téléviseurs et vend l’activité au chinois TCL. Les salarié(e)s de l’usine d’Angers réussissent à imposer le maintien du site. Mais celui-ci est désormais une “filiale” du groupe.

-  2007

Le site est progressivement reconverti dans la fabrication de décodeurs. L’usine n’aura plus aucune autonomie pour diversifier sa production et dépendra entièrement de la maison mère pour ses débouchés. Les prix des décodeurs seront fixés par Technicolor au dessous du coût de production.

-  2009

Le groupe dirigé par Frédéric Rose se prétend endetté à hauteur à de 2,3 milliards d’euros. Il fait jouer "la procédure de sauvegarde" afin de financer cette "dette".

-  2010

Une AG des actionnaires entérine le plan de refinancement négocié avec les créanciers et change le nom de Thomson en “Technicolor”. Cependant, sur les feuilles de paye de l’usine “filiale” d’Angers, l’intitulé reste "Thomson-Angers". Frédéric Rose voit quant à lui son salaire annuel tripler et dépasser le million d’euros (passant de 416.667 à 1.200.000 euros). En 2010, ce “salaire” atteindra 2.274.020 € avant de redescendre à la modique somme de 1.456.408 euros en 2011...

-  2011

Selon la direction de Technicolor, Orange a décidé de changer de fournisseur et l’usine d’Angers se retrouve sans commande. En fait, selon l’intersyndicale et plusieurs élus locaux, la défection d’Orange a été organisée par la direction de Technicolor. Fin 2011, Technicolor affiche sa volonté de se débarrasser de l’entreprise.

-  Printemps 2012

600 personnes manifestent le 13 mars, dont les 350 salarié(e)s de Thomson. Le 15 avril, Technicolor annonce qu’elle met l’entreprise en cessation de paiement. En mai, l’usine et ses salarié(e)s sont mis en vente dans une petite annonce du journal “Les Échos”.

-  Juin 2012

Le 1er juin, le tribunal place Thomson Angers en redressement judiciaire (période d’observation de six mois, consignation de 2 millions d’euros et nouvelle audience le 28 juin). Un administrateur est nommé pour trouver des repreneurs. Deux offres de repreneurs seront plus tard évoquées : celle de la société tourangelle Eolane qui aurait concerné seulement 80 salariés (sur 351) pour une activité photovoltaïque et celle la société Minerva pour une centaine de salariés dans un atelier partagé de cartes électroniques. À la fin du mois, le tribunal prolonge la date de clôture des offres de reprise au 24 juillet et prononce la poursuite d’activité de l’usine jusqu’à une nouvelle audience le 6 septembre.

-  août et septembre 2012

Le 30 août, plus de 400 personnes dont les 351 salarié(e) de Thomson défilent à Angers. Le 6 septembre, 250 salarié(e)s manifestent devant le siège de Technicolor à Issy. Face à cette mobilisation massive, confronté par ailleurs aux prises de position des élus locaux (région, agglo et ville), les juges du tribunal de commerce de Nanterre sont contraints de ne pas prononcer la liquidation. Ils prolongent la période d’observation de Thomson-Angers jusqu’au 11 octobre. Cependant les repreneurs éventuels (et partiels) vont se désister car la charge de l’entreprise reste insuffisante. L’État se contente de prétendre qu’il essaie de susciter des commandes de décodeurs, notamment auprès de France Télécom qu’il contrôle partiellement.

-  11 octobre 2012

Jeudi 11 octobre, le tribunal de commerce de Nanterre prononce la liquidation de Thomson Angers. Trois cent cinquante personnes vont recevoir leurs lettres de licenciement, qui n’ont que quinze jours pour en négocier les conditions... Une action judiciaire pourrait être engagée pour que l’entreprise finance un plan social. L’intersyndicale réclame 15.000 euros par année d’ancienneté pour chaque salarié(e) licencié(e). Une permanence se tiendra demain de 9h à 16h devant le site. Une grande manifestation est annoncée pour le mercredi 17 octobre à l’appel de l’intersyndicale.


Articles consacrés à la lutte des Thomson sur le site du NPA 49 :
-  Le « Tribunal des grandes ignominies » condamne Technicolor ! (05/10/2012)
-  Technicolor au banc des accusés le 5 octobre ! (01/10/2012)
-  Thomson-Angers : nouveau délai, amplifier la la lutte ! (07/09/2012)
-  Technicolor, les salariés doivent attendre encore jusqu’au 11 octobre ! (06/09/2011-site national du NPA)
-  Rassemblement des salariés de Technicolor le 6 septembre 2012 au siège d’Issy-Les-Moulineaux à 11h30 (05/09/2011-site national du NPA)
-  Thomson : 400 à Angers contre la liquidation ! (30/08/2012)
-  Thomson-Angers : non à la liquidation ! (23/08/2012)
-  Thomson : leur lutte est celle de tous les salariéEs ! (28/06/2012)
-  Thomson-Angers : Non au redressement judiciaire ! Réquisition ! (01/06/2012)
-  Non à la fermeture de Thomson-Technicolor à Angers ! (31/05/2012)
-  Grande manifestation des Thomson-Technicolor en lutte (13/03/2012)


11 octobre 2012, par NPA 49