Étrennes de Hollande : le MEDEF Anjou est content...

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Habituellement, le Medef brocarde les gouvernements de gauche, crie rituellement son ras-le-bol des « charges excessives » (comprenez la partie du salaire socialisé constituée par les cotisations patronales aux différentes branches de la Sécu) et de la fiscalité qui plombe les entreprises… On pourrait dire qu’ainsi il est dans son rôle classique de défense du patronat. Or dans l’édition du jeudi 9 janvier du quotidien Ouest-France, le ton général de l’interview du président du Medef Anjou est nettement différent : certes, il se plaint de la « pression fiscale » et de la « baisse des marges » des entreprises qu’il fédère, mais pour le reste, on dirait qu’il fait la même analyse du gouvernement Hollande que le NPA !

Citations : « [en 2013] le lobbying de Laurence Parisot et de Pierre Gattaz a très bien marché », les vœux du président « étaient vraiment encourageants pour nous », « c’est beaucoup plus facile de réformer sous un gouvernement de gauche que sous un gouvernement de droite  »…

Notons au passage que dans la novlangue du patronat (et aussi des sociaux-libéraux du PS), « réformer » ne renvoie pas à des réformes sociales favorables aux travailleurs, mais à des contre-réformes qui annulent peu à peu toutes les conquêtes que les salariés ont obtenues depuis plus d’un siècle, la dernière en date concernant le travail du dimanche dans les magasins de bricolage.

Cela dit, le chef du patronat angevin a raison : il est clair qu’à chaque fois que le PS et ses alliés du moment arrivent au gouvernement, ils neutralisent habituellement au moins une partie des syndicats de salariés. C’est ce qui s’est passé après l’élection de Mitterrand en 1981 : le Parti socialiste et le Parti communiste étant alors aux commandes, les directions syndicales qu’ils influençaient, respectivement la CFDT et la CGT, ont plutôt mis le pied sur le frein que sur l’accélérateur des mouvements sociaux. L’état de grâce, comme on dit, a été moins long après la victoire de Jospin en 1997, mais c’était deux ans après les grèves de 1995 dans les services publics, et la combativité restait forte, en particulier avec l’émergence des SUD et de la FSU. Et aujourd’hui, on voit bien que la direction confédérale de la CFDT soutient à fond toutes les mesures pro-patronales du gouvernement, au nom de la sacro-sainte compétitivité. Quant à celle de la CGT, on a aussi l’impression qu’elle peine à trouver sa marque, à l’image d’un PCF qui oscille pour les élections municipales entre l’Union de la Gauche traditionnelle (donc avec le PS, comme à Paris.. et à Angers) et la tactique du Front de Gauche (sans le PS, comme à Marseille).

En tous les cas, entre la complicité, l’impuissance ou encore la division des syndicats de salariés d’un côté, et de l’autre la politique pro-capitaliste d’un gouvernement de gauche qui se coupe de sa base électorale et prépare ainsi le retour de la droite et une nouvelle poussée du Front national, le Medef Anjou peut effectivement se frotter les mains.

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9 janvier 2014, par NPA 49