À Angers comme à Madrid, IVG libre et gratuit !

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Le droit à l’IVG, droit fondamental pour les femmes à disposer librement de leurs corps, est remis en question par les réactionnaires de plusieurs pays, notamment catholiques, notamment dans l’État Espagnol. En solidarité avec les femmes espagnoles, mais aussi pour défendre ce droit en France, plus de 500 personnes se sont rassemblées samedi 1er février, place du Ralliement à Angers, à l’appel du Planning Familial 49 et du Collectif d’Égal à Égales.

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En France, l’Assemblée nationale a voté ce 21 janvier la suppression de la notion de «  situation de détresse  » pour une femme voulant demander une IVG. Elle est remplacée par les termes  : « qui ne veut pas poursuivre une grossesse ». Cela conforte le droit à l’IVG pour les femmes, en annulant la demande de « justification » pour avoir recours à l’avortement. La proposition de loi par l’UMP visant au déremboursement de l’IVG a été ­massivement rejetée.

Hélas, ainsi que l’a dit Simone de Beauvoir  : « N’oubli[ons] jamais qu’il suffi[t] d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. » [1]

Les réacs de tout poil ont profité des attaques à l’œuvre dans l’État espagnol et du débat parlementaire en France pour relancer leur combat anti-IVG. Ce débat lui-même a été houleux, ce qui démontre que le droit à l’avortement, même 40 après la loi Veil, est encore un droit précaire et controversé. L’UMP (dont la majorité des députés sont membres de l’Entente parlementaire pour la famille) considère en effet que la suppression de la notion de « détresse » conduira à une « banalisation de l’avortement ». L’extrême droite a invoqué la « morale » par des élucubrations de Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnish dignes du code civil de 1810  : « Il faut convaincre les femmes de notre peuple de l’absolue nécessité d’assumer leur fonction de reproduction. »

Des droits à défendre et à étendre

Malgré l’avancée de ce vote, l’accès à l’avortement reste difficile en France faute de moyens financiers, de structures et de médecins le pratiquant. En effet, la clause de conscience qui permet aux médecins de refuser de pratiquer l’IVG est maintenue  ; l’IVG reste donc un acte médical « d’exception » reposant principalement sur des médecins militantEs. Le délai de 7 jours de « réflexion » après la première consultation est toujours obligatoire (pouvant être réduit à 2 jours en cas d’urgence). Et surtout, la poursuite par le gouvernement actuel du plan d’austérité HPST entraîne un accès de plus en plus réduit à l’avortement. Ainsi, entre 2004 et 2012, c’est près de 130 centres IVG qui ont été fermés en France  !

Si la légalité du droit à l’avortement est aujourd’hui difficilement discutable pour les anti-IVG, ils s’attaquent à sa légitimité, en tentant de le restreindre toujours plus. Parler d’« acte banal » en parlant d’avortement sous-entend une ignorance totale sur celui-ci.

« La Marche pour la vie », groupe anti-IVG, a manifesté à Paris dimanche 19 janvier pour inciter le gouvernement français à prendre exemple sur l’État espagnol. Ce groupe, qui s’était rallié en 2013 à la Manif pour tous, a rassemblé dans ses rangs plusieurs milliers de personnes derrière des slogans conservateurs et anti-IVG. Cette manifestation a été soutenue par l’Église catholique, dont le pape a rappelé « l’horreur » que suscite en lui l’avortement et incité les gouvernements à « défendre les familles ».

Face à ces attaques et en solidarité avec les femmes espagnoles, une mobilisation a heureusement été organisée le 1er février à Paris et dans plusieurs villes, dont Angers, pour dénoncer les attaques contre le droit à l’IVG en Espagne et dans le monde et affirmer le droit des femmes à disposer de leur corps. [2] Une manifestation a également eu lieu à Madrid. Appelée partout par des organisations féministes, syndicales et politiques, la mobilisation a été, à Angers, initiée par le Planning familial et le Collectif d’Égal à Égales (dont fait partie le NPA49).

Depuis deux ans, surfant sur l’impopularité du gouvernement néolibéral PS-EELV et la démoralisation du monde du travail, les cathos intégristes/papistes et les fascistes paraissaient avoir acquis le monopole de la rue. Ils pouvaient aussi diffuser leurs délires et bobards sur Internet sans craindre d’être contredits... Il y avait urgence à remobiliser les forces progressistes. Ce samedi 1er février à Angers, ce sont plus de 500 personnes qui ont manifesté place du Ralliement et dans les rues piétonnes du centre-ville en défense du droit à l’IVG. Ce succès traduit un réveil des plus encourageant. La lutte pour le droit des femmes à disposer de leur propre corps, qui passe à la fois par le combat idéologique contre l’obscurantisme et par le combat contre une austérité qui réduit toujours plus le droit réel à l’IVG, continue plus que jamais !

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1er février 2014, par NPA 49

[1] Cité par Claudine Monteil in Simone de Beauvoir, Modernité et engagement, L’Harmattan, septembre 2009 (ISBN 978-2-296-10025-1), page 242.

[2] Selon le Planning Familial, 40.000 personnes ont manifesté en France, dont 30.000 à Paris.