Riposte sociale et politique  : il y a urgence !

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Aux élections européennes du 25 mai 2014, avec 25,6 % des voix en moyenne sur l’ensemble du pays, 31,2 et 29 % dans les vieilles régions industrielles du Nord-Ouest et de l’Est, l’extrême droite réalise son score historiquement le plus élevé. Elle arrive largement en tête de toutes les formations politiques et confirme une implantation nationale. L’abstention massive relativise un peu ce résultat mais n’autorise personne à se rassurer. Rien ne dit en effet que celles et ceux qui ne sont pas allés voter auraient fait un choix sensiblement différent...

Manifestation anti-FN spontanée de lycéens angevins, le 27 mai 2014

Ni rire ni pleurer, comprendre

Le FN profite de la division de la droite classique, des affaires, et de la corruption qui éclatent au grand jour, de la crise de l’UMP qui l’empêche d’engranger le désaveu du PS. [1] Quant au Parti socialiste, il a bien mérité de tomber à moins de 14 %. Il n’a pas volé sa défaite, payant ainsi la politique dévouée au patronat menée depuis plus de deux ans. C’est donc tout le système institutionnel fondé sur l’alternance entre l’UMP et le PS qui est ébranlé.

Dans la plupart des pays d’Europe, une sanction similaire touche les gouvernements qui ont mis en œuvre les diktats de la Commission européenne, de la BCE et du FMI contre les travailleurEs et les peuples. Elle sanctionne aussi une Europe capitaliste antidémocratique et éloignée des préoccupations de la majorité des populations.

Résister

Le FN a réussi à usurper la représentation du rejet du gouvernement et d’un système qui, décidément, ne représentent en rien les « 99 % » de la population. Le poids politique accru de ce parti d’extrême droite, mesurable jusque dans la mouvance syndicale, [2] augmentera la visibilité et la légitimité de ses “réponses” autoritaires et nationalistes. Relayant les vieilles peurs irrationnelles et préjugés réactionnaires ancrés dans la population, il ne peut que libérer l’expression décomplexée du racisme et du sexisme, de la haine de l’autre, et constitue un danger que nous ne devons pas sous-estimer.

Cela appelle un combat unitaire, une riposte antiraciste, féministe, pour l’égalité des droits, la solidarité internationale. Un an après l’assassinat de Clément Méric, les manifestations du samedi 7 juin (à Angers, à 15h place Imbach) sont une première échéance qui doit permettre de rassembler le plus largement celles et ceux qui ne veulent pas laisser la voie libre à l’extrême droite et à ses idées nauséabondes.

Reconstruire

Dimanche les urnes ont montré la désespérance sociale de celles et ceux qui souffrent des politiques d’austérité mises en œuvre par les gouvernements successifs. C’est – aussi et surtout– la conséquence de l’effondrement du mouvement ouvrier, qu’il soit politique ou syndical, incapable de constituer un rempart face aux coups répétés d’un système capitaliste en crise mais qui fait payer durement celle-ci aux populations.

Car là est bien le cœur du problème. Le Parti socialiste est directement et irrémédiablement responsable et coupable des politiques de baisse du «  coût du travail  », des privatisations, de la mise à mort des services publics et de la protection sociale qui détruisent nos emplois et nos vies au nom de la compétitivité et de la croissance. Dès lundi, Manuel Valls s’est empresser d’affirmer  : «  Je ne changerai pas de feuille de route  », et Hollande a confirmé. Sans surprise, il n’y a rien à attendre du côté du gouvernement. Mais à sa gauche aucune force, ni politique, ni syndicale, ni sociale, ne parvient à apparaître comme utile et efficace pour résister. Le PS entraîne dans sa chute une gauche de gauche qui s’est révélée incapable de s’opposer au PS et d’apparaître porteuse d’une alternative crédible à la dictature capitaliste. Tous les outils sont à reconstruire.

Mobiliser

Les résultats électoraux, la montée du FN et l’effondrement de la gauche radicale, doivent opérer un choc salutaire. Ils doivent résonner comme un appel pressant à donner des suites à la marche contre l’austérité du 12 avril. Cette première initiative a permis d’unir dans la rue non seulement les forces politiques qui s’opposent au gouvernement mais aussi des secteurs mobilisés et des forces syndicales qui refusent l’inaction des directions confédérales.

Ce premier pas doit être suivi de beaucoup d’autres. Nous avons collectivement besoin de reconstruire des solidarités et des résistances concrètes qui fassent la preuve de leur efficacité contre les expulsions, contre les licenciements... Nous avons besoin de mobilisations unitaires et massives contre le budget d’austérité, contre le Tafta, ce traité transatlantique qui laisserait aux multinationales la liberté totale d’exploiter, d’empoisonner et de polluer...

Nous avons besoin d’une victoire. C’est peut-être possible à Notre-Dame-des-Landes, et nous devons y mettre toutes nos forces. Mais il en faut plein d’autres sur les terrains social, environnemental et démocratique.

Aussi, nous avons aussi besoin d’élaborer une alternative globale à ce monde en crise capable d’engendrer les pires catastrophes, politiques, sociales et écologiques.

Il n’est pas d’autre choix que de nous atteler à toutes ces tâches, sans attendre  : il y a urgence  !

28 mai 2014, par NPA 49

[1] Et encore l’explosion de l’affaire Bygmalion-UMP a-t-elle “opportunément” été retardée par la justice au lendemain des élections européennes !

[2] Selon un sondage Ifop pour L’Humanité publié le 28 mai, une partie non négligeable du vote des sympathisants ou adhérents des organisations syndicales se serait portée en direction du FN : 33% pour FO, 29% pour l’ensemble UNSA-CFTC-CGC, 27% pour Solidaires (!), 22% pour la CGT et 17% pour la CFDT. Ce sondage a été réalisé en ligne le 25 mai auprès d’un échantillon de 3.373 personnes inscrites sur les listes électorales, extrait d’un échantillon de 3.546 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Compte tenu du taux d’abstentions et du faible taux de syndicalisation, la base de calcul est beaucoup plus réduite et ces pourcentages sont donc très incertains, notamment pour les petits syndicats tels que Solidaires. Ils traduisent tout de même le profond malaise dans lequel l’inaction des directions syndicales a plongé le monde salarié depuis la défaite de 2010 sur les retraites et surtout l’élection de F. Hollande en 2012.