« Le Préfet campe sur ses positions, nous campons sur notre opposition ! »

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Dans cet article, nous revenons sur l’historique et les enjeux d’une lutte exemplaire contre l’arbitraire et l’inhumanité de la politique de l’État français, sous Sarkozy et sous le gouvernement Hollande-Valls-Gattaz.

Les personnels du collège de la Venaiserie en lutte pour défendre une élève et sa mère menacées d’expulsion

En avril, c’est avec stupeur et émoi que les personnels du collège de la Venaiserie, à Saint Barthélémy d’Anjou apprenaient qu’une de leur élève, sans papier, et sa mère, étaient menacées d’expulsion.

C’est en 2012 que L. et sa mère Mme X. ont fui l’Angola, suite à des agressions subies pour des prises de positions politiques, et à la disparition de deux fils politiquement engagés. Elles sont venues trouver refuge en France.

L. suit sa scolarité au collège depuis deux ans maintenant. Pour la majorité des personnels, sa place est de rester parmi ses camarades, afin de continuer à grandir avec eux et de mener à bien sa scolarité. Pas question donc d’envisager un seul instant que L. et sa mère ne retournent en Angola. La solidarité s’est de suite organisée : les personnels ont apporté un soutien financier à la famille, ainsi qu’un soutien administratif à Mme X. dans ses démarches pour obtenir une régularisation à titre humanitaire.

En juin, la nouvelle tombait : L. et sa mère faisaient l’objet d’une Obligation de Quitter le Territoire Français applicable dès la mi-juillet. Le personnel du collège, rejoint par les parents d’élèves, en accord avec la famille, a donc décidé d’accentuer la mobilisation en organisant l’occupation du collège. Ils ont planté leurs tentes dans l’établissement et ont commencé à y passer leurs nuits. Les banderoles ont fleuri : « Oui à la solidarité ! Non à l’expulsion ! », « Pas de chaise vide à la rentrée ! ». L’action a commencé à être médiatisée et relayée par le collectif RESF 49 et la LDH 49.

La détermination des personnels, le soutien des parents d’élèves, la solidarité qui commençait à s’exprimer, ont obligé les autorités à sortir du silence. Très vite, le cabinet du Préfet acceptait de recevoir une délégation des personnels.

Le Directeur de Cabinet de la Préfecture du Maine et Loire a d’emblée annoncé qu’il ne pouvait pas donner de suite favorable à la demande d’admission exceptionnelle au séjour à titre humanitaire, pour L. et sa mère. Les arguments avancés était purement juridiques : le dossier ne pouvait être accepté puisque ces personnes n’ont pas suivi la procédure, elles sont notamment entrées en France sans visa. Ainsi, cette jeune fille et sa mère, qui ont du fuir les persécutions d’un des gouvernement les moins démocratique de la planète, ne peuvent prétendre à un séjour à titre humanitaire, car elles n’ont pas respecté la procédure ! Le Directeur de Cabinet a cependant signalé qu’il existait une solution : une fois de retour en Angola, L. pourrait faire la demande de visa en tant que mineure scolarisée ! L’argument prêterait à rire s’il n’était question de deux femmes que l’on renvoie vers une situation à risque. Pour compléter l’audience il a menacé les personnels du collège d’une visite de leur inspecteur afin de leur rappeler leur devoir de neutralité. La Préfecture a ainsi livré une démonstration exemplaire de la méthode utilisée par un haut fonctionnaire de l’État pour défendre l’indéfendable. Face à un problème humain, rester sur le terrain juridique. Donner force de loi aux arguments administratifs contre les principes de liberté et de solidarité. Et pour compléter de le tout, agiter la menace contre ceux qui ont choisi de défendre ces principes.

Ce haut fonctionnaire ne faisait qu’appliquer... la politique ministérielle. Que ce soit sous Sarkozy, Ayrault ou Valls, elle reste la même : criminaliser ceux qui viennent trouver refuge là où c’est encore possible sur cette planète, les renvoyer en fermant les yeux, au lieu de traiter un des problèmes humains majeurs de l’époque de la mondialisation.

Les personnels du collège et parents d’élèves ont décidé de rester plus déterminés que jamais. Ils ont donc poursuivi leurs actions : interpellation du député de la circonscription, socialiste, et journée de grève durant laquelle les grévistes sont allés promener leurs tentes dans la ville d’Angers sous le slogan « Le Préfet campe sur ses positions, nous campons sur notre opposition ! ». Ils ont monté une chorale pour faire des haltes aux endroits stratégiques de la ville afin d’interpeller la population. La journée s’est terminée par un rassemblement devant la préfecture qui a réuni environ 200 personnes, avec une présence des syndicats et d’organisations politiques à la gauche du PS.

Le lendemain, la chorale s’est déplacée devant l’Inspection Académique. Une délégation a été immédiatement reçue. L’Inspection souhaitait faire de l’entretien un sermon sur le devoir de neutralité des fonctionnaires, décidément ! Les représentants des personnels ne se sont pas laissés entraînés sur ce terrain. Par contre, au passage, ils ont fait une découverte : pour ce qui est du droit de neutralité, les Assistants d’éducation sont considérés par l’Inspection comme des fonctionnaires. Puissent-ils en avoir aussi le statut et le salaire, et pas seulement les menaces !

Bien que les autorités soient restées fermes sur leurs positions, elles ont été contraintes par le mouvement à sortir du silence. Les personnels savent que leur lutte fait avancer les choses. C’est pourquoi ils restent déterminés à poursuivre leur mouvement. D’autres actions sont prévues d’ici les vacances. D’ores et déjà, ils sont prêts à reprendre le mouvement dès la rentrée.

Le NPA réaffirme son soutien à la lutte des personnels du collège de Saint Barthélémy, et apporte toute sa solidarité à L. et sa mère.

Le NPA 49

Pour suivre les mobilisations des personnels du collège de Saint Barthélémy vous pouvez vous rendre sur leur blog :
-  http://mobilisationcollegesaintbarthelemy.over-blog.com

25 juin 2014, par NPA 49