Le Maine-et-Loire dans le gouffre de l’austérité

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Le 20 novembre sur Angers-Télé, l’annonce, par le président du Conseil général (CG49) d’un plan de suppressions d’emplois (30 par an par non remplacement des départs en retraite) n’est que la dernière manifestation en date de la crise des collectivités locales, sous le double impact de l’austérité décidée par les gouvernements Sarkozy-Medef puis Hollande-Medef et de la gestion locale animée, comme partout ailleurs, d’une mégalomanie productiviste aux conséquences délétères (dont le parc Terra Botanica porté par l’ancien président du CG49 et actuel maire d’Angers est la manifestation actuellement la plus visible).

Alors que la très technocratique réforme territoriale de M. Valls progresse au parlement, le versant pratique de la réorganisation austéritaire des collectivités locales est illustré par la baisse drastique des dotations globales de fonctionnement. En Maine-et-Loire, ce sont 4 millions d’euros en moins sur un budget de 400 M€. Si l’on en croit le président du CG49, C. Gillet (UDI), c’est 12M€ supplémentaires qui seraient retirés l’an prochain. Dans le même temps le CG a voté le 20 octobre 1,7 million d’euros de subventions supplémentaires pour sauver de la faillite Terra Botanica, le parc du végétal jadis porté à bout de bras par le prédécesseur de C. Gillet, alias C. Béchu, l’actuel maire d’Angers. Il faudrait aussi évoquer les subventions au privé qui constituent une part légale et extra-légale importante des 42M€ consacrés en 2014 à l’éducation, à la culture et aux sports et surtout des 24M€ dévoués à la recherche et à l’enseignement supérieur (où n’existe aucune obligation légale de financer le secteur privé).

Les difficultés budgétaires du département, soulignées par un emprunt de 11M€ pour que le CG49 continue à fonctionner en novembre et décembre, renvoient donc à la fois aux scandaleux choix nationaux aiguillonnés par le MEDEF et aux choix locaux marqués par un soutien sans faille à l’enseignement privé sectaire (en allant au-delà des obligations légales dans le secondaire et en subventionnant l’Association Saint Yves ou les écoles privées dans le supérieur alors que celles-ci n’offrent en rien les garanties de service public qu’on trouve encore à l’Université d’Angers), une soumission permanente aux lobbys patronaux locaux (horticulteurs, CCI, etc.), et une propension à vouloir laisser une “marque” dans l’histoire grâce à des projets pharaoniques dont l’intérêt à court et à long terme laisse à désirer sur les plans social et écologique.

Le plan d’austérité décliné par C. Gillet ne réglera évidemment rien. Au lieu de remettre en cause les dépenses clientélistes du CG49, il s’attaque au service public et à son fonctionnement. Car les non remplacements de départs à la retraite mettront nécessairement à mal la qualité du service rendu. De plus, elles induiront une intensification du travail parmi les 2200 salariés du CG, avec toutes ses conséquences en termes de “risques psycho-sociaux” (souffrance au travail). Il est à cet égard des plus démagogique que C. Gillet invoque la nécessité (réelle) de verser le RSA aux 20500 familles qui le touchent pour justifier ce plan social déguisé. Quant aux autres mesures annoncées (numérisation des documents, mutualisation des achats d’énergie, véhicules de service achetés d’occasion, vente de locaux, suppression d’Anjou vélo vintage et ses 0,8M€...) elles sont à la faible mesure des réductions d’indemnités des élus (-5%=66k€). Que C. Gillet consente à baisser son indemnité de 300€ sur les 6000 perçus chaque mois peut faire sourire. [1] Cependant, à cette occasion, il faut plutôt réaffirmer la nécessité que les élus ne touchent pas davantage que le salaire médian (1.675 euros bruts mensuels) [2] et qu’ils ne puissent exercer plus de deux mandats consécutifs (ce qui exclut doublement C. Gillet !)

Un aspect paradoxal de la situation actuelle est que, face à l’austérité budgétaire, ce sont les élus locaux qui occupent l’espace public avec leurs lamentations, et parfois leur colère. En réalité ceux-là défendent surtout leur perchoir mis en cause par une réforme territoriale visant à la fois des économies d’échelle et un autoritarisme accru des puissances d’argent. Et ce sont d’abord les fonctionnaires territoriaux et ensuite les populations qui subissent les conséquences de ce jeu de rôle. Il est plus que temps que la population, salarié-e-s ou chômeurs du privé et du public, jeunes et retraité-e-s, organisent elle-même la résistance aux politiques capitalistes et impulse partout une autre politique, du local au mondial !

21 novembre 2014, par NPA 49

[1] Pour les élus de base du CG, l’indemnité tourne autour de 2000€ ; elle est double pour un Vice-président du CG.

[2] Le salaire médian sépare les 50% des Français qui gagnent moins que cette somme de l’autre moitié qui gagne plus.