Demandeurs d’asile : solidarité !

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Depuis plusieurs années, des réfugiés de plus en plus nombreux affluent en Europe en provenance des zones de guerre ou de famine d’Afrique et d’Asie. En France comme dans le reste de l’Union européenne, un consensus s’est progressivement établi de l’extrême-droite à la gauche sociale-libérale pour considérer que « nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde » (dixit Michel Rocard) et donc fermer de plus en plus les frontières aux demandeurs d’asile. Nous considérons au contraire que la France, où est née la Déclaration des Droits de l’Homme, et qui est de surcroît l’un des pays les plus riches du monde, notamment grâce au pillage des ressources des pays du sud, a les moyens de leur donner asile.

A Angers, depuis fin 2008, les demandeurs d’asile affluent de plus en plus nombreux, en particulier en provenance du Soudan (notamment du Darfour), d’Erythrée ou de Somalie. Or les moyens mis en place par l’Etat sont notoirement insuffisants pour les accueillir, si bien que de nombreux réfugiés se sont trouvés purement et simplement à la rue. Il a fallu une première réquisition militante de logements vides (l’ex-gendarmerie des Ponts-de-Cé il y a exactement un an) pour que l’État (après avoir fait évacuer de ce local par une armada de CRS les réfugiés et leurs soutiens, dans des conditions particulièrement humiliantes) et des collectivités proches d’Angers se mobilisent pour les loger.

Par la suite, au printemps, une nouvelle vague de réquisitions militantes a eu lieu à Angers, d’abord début avril rue Lionnaise, dans un ancien orphelinat du quartier historique de la Doutre appartenant à la municipalité d’Angers et inoccupé depuis des années. La mairie « socialiste » n’a rien trouvé de mieux que de déclencher à son tour une procédure d’expulsion par la police et les gardes mobiles.

Le fond du problème, c’est-à-dire le logement des réfugiés n’étant bien entendu pas résolu par cette phase répressive (une manifestation près du château d’Angers a même été violemment réprimée par la police), trois autres réquisitions ont eu lieu, d’abord dans une école du quartier populaire de la Roseraie où d’anciens logements de fonction étaient vacants (ils ont dû être évacués depuis suite à un procès fait par… un organisme HLM, désormais propriétaire des lieux), puis dans le quartier des Capucins et enfin en plein centre-ville, dans un local devant servir au futur tramway d’Angers. Pour libérer ce dernier squat, la mairie d’Angers a fini il y a quelques jours par mettre tacitement à la disposition des réfugiés les logements de fonction d’une autre école désaffectée dans les quartiers sud d’Angers, mais même en s’entassant à plusieurs par pièce, il manque encore des logements.

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Devant l’hôtel de ville

C’est pourquoi depuis le début de ce mois de novembre, malgré le froid, plusieurs dizaines de demandeurs d’asile campent devant la mairie d’Angers jour et nuit, sous la banderole « Hôtel des demandeurs d’asile ». Ils sont soutenus depuis le début par un réseau de militants solidaires qui ont obtenu à plusieurs reprises des jugements du tribunal administratif de Nantes obligeant l’État à loger et entretenir les réfugiés ayant déposé ces recours (malheureusement, le Conseil d’État vient d’annuler pour des raisons politiques évidentes une partie de ces jugements).

La rengaine de la mairie PS-centristes-Verts consiste la plupart du temps à renvoyer la balle [1] au conseil général ou à la préfecture, qui de son côté affirme manquer de moyens (ce qui est logique, car la politique de Sarkozy est de reprendre celle de Le Pen et de dénoncer « l’invasion de l’immigration » [2] ; il fait donc tout pour réduire les capacités d’accueil de demandeurs d’asile. CQFD). En fait, il y a suffisamment de logements vides à Angers et dans le département pour accueillir décemment quelques dizaines de réfugiés.

Pour toutes ces raisons, le NPA 49 soutient l’action des demandeurs d’asile et exige avec eux que les différentes institutions du département de Maine-et-Loire (préfecture, conseil général, mairie d’Angers entre autres) fassent tout, chacune à leur niveau de compétence, pour éviter que ces réfugiés se retrouvent à dormir dans la rue au seuil de l’hiver, comme nous le demandons d’ailleurs pour tout être humain.

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Réquisition de logements vides !
7 novembre 2009

[1] J.-C. Antonini l’a une nouvelle fois démontré le 7 novembre en interpellant F. Fillon de virée électoraliste à Angers : « La solidarité angevine est durement éprouvée : elle ne peut plus être sollicitée. L’État doit agir, et agir rapidement » (Ouest-France). Hélas, le Maire n’exprime pas clairement ce qu’il attend : des moyens financiers pour l’hébergement et l’accueil des demandeurs d’asile ? ou des interventions policières pour les expulser ailleurs ? Dans le Courrier de l’Ouest, il prétend même que la question du logement n’est pas le vrai problème. Ah bon ?

[2] Relevons que, malheureusement, l’amalgame entre “droit d’asile” et “immigration économique” n’est pas que le fait de la droite et de l’extrême-droite. Ainsi dans le Courrier de l’Ouest du 5 novembre Mme Véron, adjointe (Verts) au Maire demande-t-elle au gouvernement une “vraie politique de l’immigration” en conclusion d’un interview traitant des demandeurs d’asile à Angers...