Primaires de la droite officielle : l’ultra-droite Fillon en tête

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Au premier tour des primaires de la droite de marque déposée, l’ultralibéral et ultraconservateur F. Fillon a récolté 44 % des voix des 4M de votants (51,81% à Angers), devançant largement A. Juppé (28,5 % et 38,61 % à Angers)... et renvoyant N. Sarkozy à ses « passions privées » comme celui-ci l’a lui-même déclaré. Ce sera donc probablement le héraut de la droite la plus réactionnaire à la prochaine présidentielle.

Ses électeurs les plus « politisés » ont reconnu en l’ancien militant de l’UNI, pilier de la droite dure au parlement de 1981 à 2007 et depuis 2012 et ancien premier ministre de N. Sarkozy un « politique » conséquent : le plus à même de mettre en œuvre une politique doublement régressive, ultralibérale en économie et ultraconservatrice en ce qui concerne le projet sociétal (ce qui lui a valu le ralliement des réseaux catholiques intégristes, notamment à Angers et dans l’Ouest). [1]

L’ultra libéralisme au pouvoir

Si les réalisations étaient à la hauteur des promesses, ces électeurs de droite extrême ne seraient pas déçus :

a) pour la classe ouvrière, casse des acquis sociaux :
-  la retraite à 65 ans pour toutes et tous, fonctionnaires et salariéEs du privé, et baisse des retraites du public grâce à un calcul de celles-ci sur les 25 dernières années (alors que les agents du public n’ont pas ou peu de retraite complémentaire) ;
-  agents du public travaillant 39 heures par semaine (mais il reste un flou sur la question du nombre d’heures qui leur seront payées : 35 ou 37 heures par semaine ?!) ;
-  remise en cause de la durée légale du temps de travail (la règle serait la “négociation” entreprise par entreprise, dans la limite des 48 heures hebdomadaires correspondant à la “norme” européenne).

b) Pour les patrons, Noël tous les jours :
-  baisse de leurs cotisations de 60 milliards d’euros,
-  suppression de l’ISF et flax tax de 30 % sur les revenus du capital.

L’impôt baisserait pour les riches puisque le peu de progressivité de celui-ci serait revu à la baisse. Il faut dire qu’avec la braderie monstrueuse des services publics, le gouvernement aurait moins besoin de l’impôt : 600 000 postes seraient supprimés pendant le quinquennat...

Enfin, au programme, des privatisations... avec pour modèle celles qu’il a lui-même réalisé, et qu’il juge très modestement « une vraie réussite : la privatisation de France Télécom »...

Un projet de société très conservateur

Fidèle à ses engagements passés (n’avait-il pas voté en 1982 contre la dépénalisation totale de l’homosexualité avant de voter contre le PACS et le mariage pour tous ?), F. Fillon promet aujourd’hui de réécrire la loi Taubira sur le mariage, de « remettre la famille au cœur des politiques publiques, [de créer] un réel statut de la mère au foyer et une ouverture plus grande du nombre d’écoles catholiques ». Il assure également qu’« en France, il y a un problème lié à l’islam ». Il se réjouit que les crèches aient droit de cité partout dans les lieux publics car « c’est une victoire française ».

Parmi ses réseaux de soutien les plus engagés et dont l’efficacité n’est plus à démontrer, on trouve l’association « Sens commun » proche de la Manif pour tous, association composée essentiellement de catholiques intégristes. Ils ont réalisé un gros travail de terrain, dont 200 meetings, pour faire gagner leur favori. À Angers et en Maine-et-Loire, où il a été soutenu par les politiciens les plus réactionnaires, du président du CD49, C. Gillet, à la sénatrice C. Deroche (sans oublier le soutien au niveau régional du président de région et “ancien” villiériste B. Retailleau), [2] il a fait carton plein aux sorties de messes des paroisses les plus conservatrices. [3] Et Fillon de se réclamer d’une « laïcité raisonnable » qui satisfait pleinement ces cathos traditionalistes.

Enfin, il annonce une baisse drastique dans l’accueil déjà faible des migrantEs

Haine de classe

Devant un forum d’associations très libérales début septembre, il va « parler avec franchise » : son modèle, c’est Thatcher car « c’est elle qui a remis debout l’économie britannique »... Sa méthode pour faire passer un programme aussi réactionnaire ? Utiliser toutes les possibilités autoritaires contenues dans la constitution de 58, notamment les ordonnances qui seraient prises dès l’été 2017 s’il est élu. Réduire la « démocratie » parlementaire par la diminution du nombre de parlementaires et de leurs sessions. Et mater (à la Thatcher ?) toute résistance ouvrière et populaire. Il juge que celles-ci ont été surestimées par un pouvoir socialiste faible, et que lui les musellera sans difficulté, en envoyant la gendarmerie.

S’il est élu, son arrogance de classe et la brutalité de ses propositions vont rendre plus nécessaire encore l’audace et la cohérence du combat des salariéEs, jeunes et retraitéEs pour une société plus juste et respectueuse de notre environnement. « C’est la lutte finale » ?

21 novembre 2016, par NPA 49

[1] F. Fillon figure par ailleurs aux côtés des personnalités de droite extrême et de Marion Maréchal-Le Pen interpellées par la pétition du collectif Vos Couleurs. Cette pétition lancée début octobre prône la « fusion des droites »...

[2] Notons néanmoins que le maire d’Angers, C. Béchu avait fait le choix d’A. Juppé, sans compter le fin politique qu’est le député-maire de Beaufort, JC Taugourdeau qui avait soutenu JF Coppé et ses 0,2% des voix !

[3] Globalement, F. Fillon recueille 29000 voix, soit 5,2% des électeurs du département.