Macron : tout pour les ultra-riches !

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L’intervention de Macron dimanche soir a été qualifiée d’opération de communication ou résumée par l’idée que Macron serait le président des riches. Ces deux dimensions sont indéniables, mais elles risquent de masquer ce qui fait le cœur de son discours, la négation de la lutte des classes et la poursuite de l’offensive contre les classes populaires. C’est contre l’ensemble de cette politique qu’il faut se mobiliser.

Une phrase symptomatique est sans doute « Les entreprises sont des lieux où des hommes et des femmes sont engagés, certains mettent du capital et d’autres du travail. » Il nous dit aussi que le dialogue social serait le fait que les entreprises construisent « l’intelligence collective avec leurs salariés ». Il nous bassine régulièrement avec l’idée qu’il ne faudrait pas opposer les riches, qu’il appelle avec insistance « ceux qui réussissent » et les pauvres. Il prétend que l’inégalité dans la société, ce sont les inégalités de qualifications, pas les classes sociales, ni les oppressions ou la répartition des richesses… Il prétend également « que ceux qui réussiront pourront entraîner les autres », avec l’image du « premier de cordée », un remake de la théorie néolibérale du “ruissellement” où l’on prétend que donner aux plus riches permettrait aux pauvres de s’élever alors qu’en réalité, l’argent donné aux riches… vient des poches des pauvres !

Ce discours de négation des conflits de classe a pour fonction de faire croire à un intérêt commun entre les riches et les pauvres, entre travailleurs et actionnaires, et de dénigrer ceux qui résistent à sa politique, les « activistes violents qui bloquent tout pour avoir des indemnités supra légales ». Toute fiscalité introduisant un tant soit peu de justice devient dans sa bouche « jalousie française » et « passion triste de la France ».

Il défend, à l’inverse, la concurrence entre les salariés : « armer » pour faire face aux changements de la société, affirmer que « le seul avenir est de travailler chaque jour un peu davantage », donner de la « souplesse aux entreprises ».

D’ailleurs, il ne parvient pas à masquer son mépris pour les classes populaires : quand il nie avoir parlé de « ceux qui ne sont rien », il affirme ne pas vouloir mépriser « le moindre de nos concitoyens » !

De nouvelles attaques en chantier

Le deuxième élément à retenir, c’est l’annonce des prochaines offensives contre les classes populaires. Sur l’éducation tout d’abord, il s’appuie sur le fiasco (volontaire) des tirages au sort à l’entrée des universités pour développer la sélection à l’école et à l’entrée des facs par l’évaluation et la pression pour que les jeunes « choisissent la bonne filière », celle que leur mitonne le MEDEF.

Il veut renforcer la vieille recette de l’apprentissage, niant au passage que ce sont toujours les diplômes généraux qui donnent un accès moins difficile à un emploi pour les jeunes, et veut que les branches professionnelles influent sur les contenus des enseignements, c’est-à-dire, comme l’expérience l’a prouvé, construisent des diplômes, liés à un emploi ou à une entreprise et peu utiles en dehors du secteur concerné. À terme, c’est une marchandisation totale de l’enseignement supérieur qui est préparée, avec hausse vertigineuse des frais d’inscription et endettement à vie de la grande masse des étudiants. [1]

Sur le chômage, il va continuer à fliquer les chômeurs et réduire les indemnités en affirmant qu’on doit « toucher le chômage si on a un projet ». Il compare les chômeurs à des criminels, des « multirécidivistes du refus » et veut durcir les critères selon lesquels on ne pourrait pas refuser un emploi.

À cela s’ajoute la défense de sa politique pour les riches sur les impôts (réduction de l’ISF), et contre les pauvres sur le logement social (baisse des APL et attaque contre les bailleurs HLM).

Sur le harcèlement et les violences sexistes, il réussit le tour de force de partir de l’affaire Weinstein pour expliquer que ce sont dans les quartiers populaires qu’il faudrait envoyer des policiers. C’est sans doute à mettre en miroir avec la déclaration du ministre B. Le Maire, qui déclare qu’il ne dénoncerait pas un homme politique harceleur…

Sur la PMA, il reporte le débat à 2018, affirmant au passage que sa préoccupation est que tout mesure rentre bien dans le cadre d’une famille, nous rappelons que, pour la classe dominante, les LGBTI ne sont acceptés qu’à condition qu’ils rentrent dans le cadre traditionnel…

Enfin, sur la question de l’immigration, répondant à l’intervention stigmatisante d’un journaliste « Il y a des dizaines de milliers de clandestins en France. Ça n’a rien à voir avec le terrorisme mais… », Macron explique vouloir expulser systématiquement des étrangers sur la base de délits ! Concrètement, s’il met en place ce qu’il a annoncé, on pourrait donc être expulsé… pour avoir fraudé dans le métro…et annonce un nouveau durcissement du droit au séjour.

Le président des ultra-riches

Macron fait semblant de ne pas représenter les classes privilégiées, en expliquant que nous serions tous dans le même bain. Mais en réalité, sa politique tente de convaincre de ne pas lutter collectivement, c’était le sens de sa phrase contre ceux qui « foutent le bordel » et d’entrer dans la débrouille individuelle. Dans le même temps, il répète que c’est le président qui décide, montrant bien que son pouvoir est particulièrement autoritaire et antidémocratique.

Le passage de Macron sur TF1, devant un aréopage de journalistes de révérence, doit nous convaincre d’une chose… La lutte des classes et la mobilisation contre ce gouvernement sont plus que jamais d’actualité ! Mais cette mobilisation doit dépasser le caractère sectoriel qu’elle a eu jusqu’à présent, sans succès suffisant. Contre une attaque capitaliste globale, il faut une riposte globale et de masse du mouvement social !

16 octobre 2017, par NPA 49

[1] On lira à ce propos l’analyse publiée en 2015 par le Collectif Acides aux éditions Raisons d’Agir : “Arrêtons les frais ! Pour un enseignement supérieur gratuit et émancipateur”.