Urgence anticapitaliste et internationaliste face à l’extrême droite

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La victoire promise à Jair Bolsonaro au second tour de l’élection présidentielle au Brésil est un événement de portée internationale. Elle exprime une tendance à l’œuvre dans l’ensemble des pays capitalistes « développés » : une montée en puissance des courants autoritaires, de droite extrême et d’extrême droite.

Le 21 octobre, Bolsonaro déclarait, à propos de la gauche brésilienne : « Si cette bande veut rester ici, ils vont devoir se soumettre à la loi comme tout le monde. Ou ils s’en vont ou ils vont en prison. Ces marginaux rouges seront interdits [de séjour] dans notre patrie. » Une violence verbale coutumière chez celui qui a toutes les chances de devenir le prochain président brésilien, un nostalgique assumé de la dictature dont les outrances autoritaires, militaristes, sexistes, homophobes, racistes et anti-pauvres seraient trop longues à lister.

Digues rompues

Des outrances que nombre de titres de la presse françaises ont présentées comme des « propos polémiques », comme si l’apologie de la torture, du viol ou des assassinats politiques méritait d’être qualifiée de la sorte. Un euphémisme qui en dit long sur la banalisation d’idées et de courants politiques qui auraient été, il y a une vingtaine d’années encore, considérés comme des résurgences aberrantes d’un passé révolu.

Italie, Hongrie, Autriche, Pologne… La liste est longue des pays européens dans lesquels l’extrême droite est désormais au pouvoir. Et la liste serait encore plus longue des États dans lesquels elle peut jouer, dans les années à venir, un rôle de premier plan. Face à ce phénomène, les digues ont été rompues du côté des partis qui ont administré en alternance, pendant plusieurs décennies, les affaires des bourgeoisies européennes. Ainsi, c’est au déficit budgétaire de l’Italie que les institutions européennes s’intéressent le plus, à l’heure où Salvini se vante de renvoyer les migrantEs à la mer et où il prône un couvre-feu pour les « commerces ethniques ». Les monstruosités proférées et mises en œuvre en Hongrie par Orban lui ont valu des remontrances du Parlement européen, mais son parti est toujours membre à part entière du Parti populaire européen (PPE), avec le soutien de la CDU de Merkel et des LR de Wauquiez…

Redonner confiance et espoir

Même si les formations d’extrême droite présentent des caractéristiques singulières, entre autres une vision ultra-autoritaires des rapports sociaux articulée à des projets de « régénération nationale » qui en font les ennemis mortels des jeunes, des salariéEs, des femmes, des LGBTI et des immigréEs, il ne faut pas être dupes de la mise en scène du prétendu affrontement à venir, lors des européennes, entre « progressistes » et « illibéraux ». Car les seconds se nourrissent des politiques menées par les premiers et de leur incapacité à juguler les effets économiques et sociaux d’une crise du capitalisme qui dure depuis 10 ans et qui accroît chaque jour un peu plus les inégalités, la misère et le désespoir.

Il est de la responsabilité des courants anticapitalistes et, au-delà, de toutes les forces progressistes, de ne pas céder un pouce, sur le terrain des idées et sur le terrain tout court, à l’extrême droite. L’internationalisme et la solidarité internationale font partie des urgences de l’heure, et les récentes mobilisations de masse, du Brésil à l’Allemagne, doivent nous inspirer. Il est enfin plus que jamais nécessaire de faire vivre la perspective d’un autre monde, débarrassé des oppressions et de l’exploitation, et de la rendre crédible, afin de redonner confiance et espoir, seuls antidotes face au pire qui, s’il n’est jamais certain, a désormais largement dépassé le statut de simple hypothèse.

Mercredi 24 octobre 2018

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24 octobre 2018, par NPA 49