Primes : le pognon (“de dingue”) des amis de Macron

Partager

Empêtré dans la mise en œuvre de la pseudo hausse du SMIC (en fait, de la prime d’activité), le gouvernement compte bien sur ses amis les patrons du CAC 40 pour donner quelques primes (mais surtout pas d’augmentation de salaire !) et désamorcer ainsi tout risque d’extension de la colère sociale révélée par le mouvement des gilets jaunes. En dépit de la passivité des organisations syndicales, il n’est pas certain qu’il réussisse !

Dans la panoplie des mesurettes annoncées par Macron, rien ne met les entreprises à contribution. Le gouvernement mise sur l’éventualité que, d’une part, les revendications des Gilets jaunes restent polarisées par les taxes et impôts et que, d’autre part, la grande masse des salariéEs ne rejoigne pas la lutte autour des questions de salaires. Il peut compter sur l’attitude de l’essentiel des directions des organisations syndicales pour cultiver la passivité du plus grand nombre.

Pour assurer le coup, Édouard Philippe a sollicité les entreprises pour qu’elles versent des primes qui seront défiscalisées quand elles concernent les salariéEs qui gagnent moins de 3 600 euros. Un versement qui pourra se faire jusqu’au 31 mars prochain. Outre cette prime, les salariéEs bénéficieront d’exonérations de cotisations sociales sur les heures supplémentaires. Des mesures qui laissent à l’écart les salariéEs du public, les retraitéEs et les privéEs d’emploi. Du coup, les patrons-amis de Macron se précipitent pour soulager leur digne représentant. Une liste qui s’allonge chaque jour.

Une longue liste

À la SNCF, Pépy annonce que l’entreprise « va jouer le jeu de cette mobilisation nationale pour le pouvoir d’achat  » avec une prime de 400 euros pour touTEs les salariéEs qui touchent jusqu’à 1,5 fois le SMIC, et de 200 euros entre 1,5 et 2 SMIC. Au total, ces primes bénéficieraient à près de 100 000 salariéEs. La RATP annonce elle aussi le versement d’une prime de 400 euros pour un salaire annuel inférieur à 1,5 SMIC et de 200 euros entre 1,5 et 2 SMIC. Total annonce une augmentation de 3,1 % des salaires, et une prime de 1 500 euros à touTEs ses employéEs. Cela ne représente que 47 millions d’euros, soit 0,47 % de ses 10 milliards de bénéfice en 2017…

Publicis va attribuer une prime de 1 000 euros aux 31 % des salariéEs dont la rémunération est inférieure à 2 500 euros brut. Altice France (SFR, BFM, RMC, Libération...) et Iliad (maison mère de Free) ont promis une prime exceptionnelle de 1 000 euros. Chez Orange, dont l’État détient 23 % du capital, le PDG a annoncé qu’il « répondra présent à l’effort de solidarité nationale » car « il est temps [...] de rassembler toutes les bonnes volontés pour repartir de l’avant, en n’oubliant pas le message des “Gilets jaunes”  ». Il prévoit une prime de 1 000 euros pour un salaire annuel brut inférieur à 25 000 euros, et de 500 euros pour celles et ceux qui touchent de 25 000 à 30 000 euros. Soit 20 000 salariéEs sur 92 000. Michelin va verser une prime de 250 à 750 euros aux salariéEs gagnant moins de 34 000 euros annuels. Essilor annonce une prime aux salariéEs dont le salaire brut mensuel est inférieur à 3 500 euros par mois  : 800 euros pour moins de 2 000 euros et de 600 euros entre 2 000 et 3 500. Chez Engie ce sera une prime de 600 euros pour les salariéEs dont le salaire mensuel brut est inférieur à 2 500 euros.

Contradictions

L’empressement de toutes ces entreprises à répondre à l’appel de Macron est révélateur de deux contradictions, dont il faudra se souvenir. La première d’entre elles est que, bien souvent, dans ces groupes, lors des dernières négociations annuelles obligatoires, aucune augmentation générale des salaires n’avait été accordée. Le versement soudain de ces primes valide donc l’idée que « de l’argent, il y en a, dans les caisses du patronat ». La seconde contradiction est que ces primes vont aller, pour l’essentiel, à des salariéEs qui ont été fort peu présentEs dans les mobilisations de ces dernières semaines, plutôt marquées par la présence de salariéEs de petites entreprises. Une volonté de donner le signal qu’il vaut mieux jouer le jeu de dialogue social, sans conflit, plutôt que l’affrontement. Un signal qui pourrait être entendu par les directions syndicales tout en plaçant les équipes d’entreprises devant ce dilemme : réclamer une prime ou se mobiliser pour les salaires, et rejoindre la lutte des Gilets jaunes.

23 décembre 2018, par NPA 49