Angers : nouvelle atteinte aux droit de manifester

Partager

Après l’interdiction faite la semaine dernière aux initiateurs d’un rassemblement de protestation contre la répression au Soudan de l’organiser place du Ralliement, le préfet persiste et signe un arrêté interdisant toute manifestation samedi dans le centre ville d’Angers. Cette nouvelle atteinte au droit de manifester dans une ville où toutes les manifestations de Gilets jaunes se sont déroulées pacifiquement est une provocation. Elle traduit la panique du pouvoir, mais vise aussi à faire peur, voire à justifier d’éventuelles violences policières. Une forte mobilisation samedi des Gilets jaunes sera la meilleure réponse à ce type de décision liberticide.

Le Courrier de l’Ouest du 18 janvier n’y va pas par quatre chemins, titrant en première page “Angers redoute une manifestation violente”. On ne saura pas en lisant l’article en page 2 qui est “Angers” : le préfet, le maire, la rédaction, ou les trois à la fois ? Quoi qu’il en soit, même se ce n’était pas l’intention du journal, il est difficile de ne pas voir dans ce titre une justification de la décision du préfet. Et il provoque dès maintenant une sorte de psychose, par exemple chez les commerçants. Les vitrines d’Angers n’ont pourtant pas grand chose à craindre : toutes les banques du centre-ville se sont bardées de très seyants panneaux de bois aggloméré ! Pire, un tel titre peut demain devenir une justification de violences policières, comme il s’en est produit dans beaucoup d’autres villes. L’intention préfectorale est évidemment de ce côté-là, la psychose soigneusement entretenue par le pouvoir visant en premier lieu à décourager les manifestant.e.s ou à les pousser à la faute. Car la politique de terreur que le ministre de l’intérieur a promue depuis le début du mouvement a de quoi faire peur : 94 blessés graves parmi les gilets jaunes et les journalistes, dont 69 par des tirs de lanceur de balle de défense ; au moins quatorze victimes ont perdu un œil. [1]. Mais elle n’a pas pour autant démobilisé les “Gilets jaunes”, et il est douteux que les cris d’orfraie du préfet du Maine-et-Loire soit suffisants à contenir leur détermination.

En effet, les causes de la colère sont toujours là : un pouvoir entièrement au service des grands capitalistes, habitué à leur céder le patrimoine commun et à privatiser les services publics à leur profit, déterminé à casser toutes les protections en matière sociale ou de droit du travail. Si on peut regretter que bien des “Gilets jaunes” se limitent à demander la démission d’E. Macron et ne se soucient pas (encore) des commanditaires de ce banal produit de la technocratie néolibérale, on ne peut que saluer leur ciblage des éléments clés de la politique gouvernementale : la suppression de l’ISF (à laquelle il faudrait ajouter la pérennisation du CICE et du CIR) et la remise en cause larvée de l’impôt progressif sur le revenu (et des services publics !) au profit de taxes inégalitaires (visant à renforcer l’État régalien) frappant d’abord les plus pauvres.

Le NPA soutient le mouvement des “Gilets jaunes”. Nous nous réjouissons que l’UL CGT d’Angers et ATTAC 49 appellent à les rejoindre dans leur lutte. C’est la convergence de toutes les forces vives du monde du travail (et aussi des militant.e.s écologistes !) qui peut faire reculer le gouvernement et contrer la terrifiante fuite en avant, destructrice des humains et de la nature, du capitalisme contemporain. Mobilisons-nous !

18 janvier 2019, par NPA 49