Non à l’expulsion d’Aïna !!!

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Après la stupéfaction, la colère. Plusieurs jours ont passé depuis l’expulsion brutale vers la Pologne de la jeune collégienne daghestanaise Aïna. Mais la mobilisation ne cesse de prendre de l’ampleur. Plus de 200 personnes, parents et professeurs du Collège Jean Monnet d’Angers, militant-e-s d’associations de solidarité ou d’organisations syndicales et politiques ont protesté devant la préfecture lundi 15 février en début d’après-midi. Une délégation (RESF, LDH, parents d’élèves, professeurs, élus) a été reçue en Préfecture.

Une première manifestation de soutien à Aïna avait eu lieu jeudi 11 février à 16h devant son collège du lac de Maine à Angers, au lendemain de son expulsion vers la Pologne, avec sa mère et sa fratrie (un frère et une sœur). La collégienne de 14 ans était scolarisée depuis la rentrée à Jean Monnet. Elle s’y était particulièrement bien insérée (locutrice d’une langue turque écrite en cyrillique, elle avait rapidement maîtrisé l’alphabet latin et les principaux éléments de la langue française). Son arrestation brutale choqua et révolta immédiatement ses camarades de classe, les parents et les enseignants. [1] Ceux-ci distribuèrent ce soir-là des centaines de tracts aux carrefours avoisinants tandis que des militant-e-s du RESF (Réseau Éducation Sans Frontières), de la LDH (Ligue des droits de l’homme), du NPA, d’AL, du PCF, des Verts et du PS participaient au rassemblement.

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Camarades de classe d’Aïna

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Le père d’Aïna, ancien fonctionnaire des forces de sécurité daghestanaises, avait été arrêté et torturé après avoir refusé de réprimer la population d’un village de son pays. Cherchant asile en France avec sa fille, il y avait déposé une demande pour obtenir le statut de réfugié politique. La mère et la fratrie d’Aïna étaient venues les rejoindre en décembre, via la Pologne. Visiblement, en agissant à la veille des vacances scolaires, la préfecture a voulu faire une expulsion de groupe dont elle pensait qu’elle lui permettrait de satisfaire aux objectifs chiffrés du ministère sans faire trop de vagues dans le milieu éducatif. Mais les bureaucrates de l’État sarkozyste sont loin d’avoir réussi leur opération de basse police. D’une part, le père est toujours en France, d’autre part la mobilisation autour d’Aïna est sans précédent. L’écho qu’en a donné la presse en est le signe irréfutable. La pétition pour Aïna qu’a immédiatement lancée RESF rencontre un succès considérable.

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Cette mobilisation doit continuer. Pour Aïna. Mais aussi, plus largement, pour barrer la route à Sarkozy et ses sbires, qui ne cessent de mettre en œuvre une politique contre les droits humains les plus élémentaires. Ainsi, alors que six lois sur la question se sont succédé en moins de cinq ans, un avant-projet de loi du ministre de l’immigration cherche encore à restreindre les droits des étrangers sans titre de séjour. [2] Le droit d’asile et les procédures permettant d’y faire appel sont visées en particulier. C’est une véritable loi d’exception que Besson et Sarkozy veulent faire avaliser par un Parlement à leur botte. Leur texte limite l’accès au droit en réduisant fortement les possibilités de faire appel à la justice : 48h au lieu d’un mois pour un appel contre une Obligation à Quitter le Territoire Français (OQTF), affaiblissement du rôle du juge des libertés (rallongement du temps avant passage devant la justice, 5 jours au lieu de 48h, et le prolongement de la durée de rétention). Une réaction la plus large et la plus unitaire possible s’impose contre ce projet scélérat. Le NPA 49 sera présent dans cette lutte.

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Communiqué de la délégation à la préfecture du 15/02/2010 :

Jeudi 11 février, devant le collège Jean Monnet, des élèves avec leurs parents, des sympathisants (dont de nombreux élus), manifestaient leur soutien à leur camarade Aïna, jeune Daghestanaise solarisée dans l’établissement.

Pour rappel, elle venait d’être envoyée en Pologne avec sa mère, sa sœur et son frère, alors que sa famille cherchait à obtenir le droit d’asile en France.

Lundi 15 février, devant les grilles de la préfecture d’Angers, nombreuses encore étaient les personnes rassemblées. Pas loin de 200 sympathisants rassemblés autour de la banderole brandie par des élèves, étaient venus apporter leur soutien à la délégation de parents d’élèves FCPE, d’enseignants, de membres de RESF et de la LDH, ainsi qu’une représentante de la municipalité angevine. Celle-ci a fait valoir le grave préjudice causé à la jeune fille, autour de laquelle une équipe de professeurs volontaires s’était constituée dans un projet pédagogique lourd d’intégration, à l’instigation de l’Inspection Académique et sous la responsabilité de l’Education nationale. D’autre part, les élèves ont été profondément choqués par ce départ ressenti comme injuste et brutal.

Par ailleurs, cette "expulsion" (terme que réfute la préfecture !) entre en contradiction avec les droits fondamentaux inscrits dans les textes internationaux (Déclaration universelle des droits de l’homme, Convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales, Convention internationale des droits de l’enfant), à savoir : droit à la scolarisation de l’enfant, non séparation des familles…

M. le secrétaire général de la préfecture nous a assuré, en compagnie du directeur du service de l’immigration et de l’identité nationale, que la procédure avait été "normalement" respectée dans le cadre des accords de Dublin, et qu’il n’existait aucun recours possible pour envisager le retour d’ Aïna.

Nonobstant, la délégation s’interroge : pourquoi les enfants ne pouvaient-ils pas rester avec leur père (dont le dossier de demande d’asile est en cours en France) ? Pourquoi Aïna a-t-elle été enregistrée comme demandeuse d’asile en Pologne en décembre, alors qu’elle était au même moment en classe à Angers ? Pourquoi sa scolarisation ne s’est-elle pas poursuivie jusqu’au mois de juin (comme la directive du ministre de l’intérieur Sarkozy de juin 2006 l’y encourageait…) ?

Les représentants de l’État ont préféré nous répondre sous couvert de la loi, plutôt que sous celui de l’humanité. Reconnaissant d’ailleurs à mots couverts, les risques encourus par la famille en cas de retour au Daghestan. Le père a été torturé dans les geôles de cet état, sa fille a été victime d’une tentative d’enlèvement !!!

Si l’État décide d’abandonner Aïna à son triste sort, telle n’est pas notre intention.

Et n’oubliez pas de signer la pétition de soutien en ligne.


15 février 2010

[1] Rappelons que dans une circulaire du 13 juin 2006, Sarkozy lui-même reconnaissait qu’il ne fallait pas expulser les élèves étrangers pendant leur année scolaire !

[2] C’est ce qu’a révélé Le Monde dans son édition datée du 13 février.