Les profs d’école en formation contre la masterisation

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A nouveau, à l’appel du collectif IUFM, les profs d’école en formation, leurs formateurs et des syndicalistes enseignants ont manifesté samedi 6 mars contre la réforme dite de "masterisation" qui remet gravement en cause la formation professionnelle des enseignants de premier et second degré et, à terme, le statut de la fonction publique. A Angers, le cortège a rassemblé une centaine de personnes. Des initiatives similaires ont eu lieu pour chaque site IUFM de l’académie, à Nantes, La Roche-sur-Yon, Laval et Le Mans.

Le cortège avait un tour largement festif et visait à informer les passants du centre-ville sur la casse de la formation des enseignants qui est l’objectif de cette réforme (sous couvert mensonger d’une élévation du niveau de qualification) : chants, saynètes représentant un étudiant “masterisé” débarquant sans aucune formation dans une petite section (représentée par les étudiants en gilets jaunes) et qu’une “super-prof” masquée remettait en selle. Aucun doute sur la morale à en tirer : enseigner est un métier qui s’apprend !

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Les militants de la liste « Tous Ensemble, la Gauche Vraiment » étaient également là pour apporter leur soutien aux étudiants et enseignants et distribuer un tract d’analyse de la réforme de mastérisation et ses potentiels effets dévastateurs.


Position de la Liste « Tous Ensemble, la Gauche Vraiment » sur la soi-disant Mastérisation et les attaques contre la formation des enseignants au niveau national et dans la région des Pays de la Loire.

La réforme dite de « mastérisation » porte officiellement les concours d’enseignement au niveau du master II alors qu’ils sont actuellement au niveau bac+4 (une licence et une année de préparation au concours). Si cette réforme réussit à s’appliquer, :

-  1/ De nombreux étudiant-e-s n’auront plus accès à ces concours parce qu’ils-elles n’auront pas les moyens de se payer cinq ans d’études (aujourd’hui seul 4% des étudiant-e-s ont accès à un master II). Le dispositif Chatel-Pécresse entraîne de fait la disparition du statut d’enseignant-stagiaire : un an de formation rémunérée pour les étudiants admis au concours (un an de salaire perdu et une annuité en moins pour la retraite !).
-  2/ De plus, les étudiants devront passer la même année le concours et leur master II (les dates d’admissibilité et d’admission pas encore clairement définies étant différentes pour les professeurs d’école et ceux du second degré !). La charge de travail sera intenable si le master est bien un vrai master. On peut s’attendre à ce que cela se traduise par une dégradation de la formation (notamment professionnelle), les stages n’étant pas obligatoires et le bachotage favorisé. Cette réforme va à contre-courant des recherches actuelles sur la qualité de la formation, qui montrent l’importance de l’alternance et de l’accompagnement sur le terrain.
-  3/ Du point de vue des contenus, l’approche est essentiellement disciplinaire, renonçant aux dimensions pédagogique, psychologique et sociologique, pourtant indispensables (pour ne pas dire intrinsèques) au métier d’enseignant.
-  4/ Dans la logique de suppressions de postes massives dans l’éducation, on peut supputer avec vraisemblance que le gouvernement veut continuer de diminuer les postes ouverts aux concours. Si ce processus désastreux n’est pas rapidement contrecarré, l’Éducation nationale devra embaucher, pour pallier le manque de professeurs, des étudiants qui n’auront pas été reçus au concours, en particulier parmi ceux qui auront passé un master II "enseignement" (ou "parcours" enseignement). Toutefois, ils ne seront pas recrutés comme fonctionnaires mais sous contrat précaire. Une mise en place effective de cette réforme permettrait donc à terme de se débarrasser du statut de la fonction publique, d’accroître la précarité et de donner un poids considérable aux responsables d’établissement (chargés du recrutement des précaires), au détriment de l’indépendance académique des enseignants.

C’est pourquoi la liste « Tous Ensemble, la Gauche Vraiment », qui souhaite par ailleurs une amélioration des actuels IUFM, est vigoureusement opposée à la réforme dite de mastérisation, à la loi LRU et à toutes les réformes qui visent à remettre en cause les statuts, les libertés académiques et l’esprit critique.

Au niveau régional, nous sommes bien sûr fermement opposés à la fermeture de sites IUFM, héritiers des anciennes écoles normales d’instituteurs. Nous sommes attachés à un enseignement de proximité et de qualité, en particulier dans nos régions marquées par la faiblesse entretenue de l’enseignement public et un niveau moyen de qualification peu élevé. En effet, la proximité des centres de formation est un outil efficace pour la poursuite d’études des jeunes étudiants socialement défavorisés. Le rattachement de l’IUFM à la seule Université de Nantes a déjà montré quelles sont les intentions de concentration du pouvoir. Il est à craindre aujourd’hui que l’IUFM lui-même disparaisse et que la formation professionnelle - au delà de la nécessité de l’améliorer - en vienne à disparaître au profit d’un "compagnonnage" ouvrant la voie à l’arbitraire, au clientélisme et à une régression sans précédent des sciences de l’éducation. La récente « note de cadrage » sur l’organisation de l’année de fonctionnaire stagiaire qui intègre ce compagnonnage au 1/3 temps de formation est à cet égard particulièrement éclairante.

La liste « Tous Ensemble, la Gauche Vraiment » soutient les universitaires, enseignants du premier et second degré et étudiants engagés dans la lutte contre la soi-disant "mastérisation" et la casse du service public d’éducation. Elle soutient en particulier toutes les initiatives qui permettront d’empêcher la mise en place de cette réforme et encourageront le développement de la mobilisation.


6 mars 2010, par NPA 49