Retraites : cette semaine sera décisive !

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Comme celles du jeudi 9 janvier 2020, les manifestations contre la réforme “à points” des retraites du samedi 11 ont été massives. Ainsi samedi à Angers, ce sont pas moins de 2000 personnes qui ont manifesté (plusieurs centaines à Saumur et Cholet). Cela montre que le mouvement ne faiblit pas, malgré sa durée, les vacances, les différentes configurations (jour de de grève ou de fin de semaine) et les manœuvres du gouvernement. L’enjeu de la semaine qui commence le lundi 13 janvier, alors que les transports ont dépassé les cinq semaines de grève, est que la mobilisation s’élargisse réellement à d’autres secteurs.

Une grève qui se maintient

Avec des disparités selon les villes, les manifestations du jeudi ont regroupé à peu près autant que celles de décembre. Celles de samedi, c’était attendu, ont été moins fortes, mais néanmoins impressionnantes (les photos de cet article ont été prises à la manifestation d’Angers).

Ce qui marque, c’est surtout la ténacité des grévistes des transports, et le grand nombre de cortèges intersyndicaux, qui montrent que la mobilisation dépasse largement les syndiqués. Des centaines de milliers de personnes sont déterminées à se battre jusqu’au bout. Dans plusieurs entreprises, la mobilisation a dépassé le cap des salariés protégés, sans être pour autant encore massive.

Les salarié.e.s des raffineries ont démarré la grève et interrompent les livraisons de carburant.

Le petit jeu entre le gouvernement et la CFDT, relayé avec complaisance par les médias aux ordres, sur l’âge pivot et son « retrait provisoire », n’a pratiquement pas d’effet. La CFDT n’est jamais réellement entrée dans la mobilisation, et même l’UNSA-RATP appelle à poursuivre la grève « pour le retrait pur et simple du projet de réforme des retraites » tandis que l’UNSA-SNCF appelle à poursuivre la mobilisation. La mobilisation va donc se poursuivre. La complaisance de la CFDT vis-à-vis du gouvernement n’aura comme effet que d’affaiblir cette confédération dans le monde du travail. Ainsi n’est-il pas sûr que la centaine de militant.e.s CFDT qui, samedi, a manifesté en queue de cortège à Angers, accepte si facilement d’avaler de telles couleuvres...

Un cap reste à franchir

Mais les difficultés sont importantes : la durée du conflit à la SNCF et à la RATP commence à se sentir, les grévistes attendent avec impatience un relai qui est très long à venir. La grève dans les écoles s’est affaiblie avec les vacances, et une grosse partie du travail de conviction sur la nocivité de la réforme et possibilité de gagner sont à refaire. Heureusement, le second degré – les collèges et les lycées – connaissent un regain de mobilisation, tandis que la fonction publique territoriale frémit et que les professeurs des écoles se remettent dans l’action.

Globalement, la mobilisation a du mal à franchir un nouveau cap, qui est pourtant nécessaire pour gagner. En effet, il est clair que si le gouvernement donne des signes de faiblesse, il ne reculera pas avec le rapport de forces actuel, nous devons réussir à aussi celui-ci d’un niveau. Il y a donc un enjeu à ce que la grève se répande au reste de la fonction publique et au privé, malgré les effets du recul du mouvement syndical et le développement de la précarité, en particulier dans le secteur privé et la production. Rappelons, à titre d’exemple, qu’à Renault Cléon, les chaînes de montage tournent avec souvent 90% d’intérimaires.

Il faut donc encore du temps pour mobiliser ce secteur qui peut être décisif dans le rapport de forces : pour une société comme STMicroelectronics Crolles, une journée de production représente en moyenne 1,5 millions d’euros de chiffre d’affaire.

Les enjeux de la semaine

Le temps, c’est ce que les grévistes des transports commencent à trouver long. Il faut donc leur en fournir. Pour cela, il faut encore et toujours alimenter les caisses de grève. Ce sont plusieurs dizaines de millions qui sont nécessaires. Il faut donc que chaque salarié.e, chaque retraité.e qui le peut donne 100, 200, 300 euros de sa poche, voire davantage, pour alimenter les caisses, locales ou nationales. La plupart des grévistes perdent entre 60 et 100 euros par jour.

Pour que les grèves de cette semaine franchissent un cap, continuons, encore et toujours, à discuter avec tous les collègues de nos secteurs : chaque discussion permet d’informer sur la réforme, qui est encore très peu connues par bon nombre de salarié.e.s, et de faire basculer de la neutralité au soutien, du soutien à la grève.

Si mardi et jeudi des franges importantes dans le public et le privé se mettent dans l’action, manifestent, font grève, cela donnera courage pour continuer, cela montrera que le mouvement avance.

Dans ce mouvement se joue déjà plus que le retrait de la réforme

Le petit jeu du gouvernement sur l’âge pivot touche à sa fin : il ne pourra pas faire plusieurs fois ce coup de la fausse négociation. Après cela, il ne lui restera qu’à tenter de passer en force, comme les violences policières de ces derniers jours le montrent. Nous entrons donc maintenant dans la phase décisive, dans laquelle le mouvement doit nécessairement se renforcer pour ne pas se réduire, et pour gagner.

Nous sommes dans un mouvement historique, un enjeu très important sur les plans économique et politique pour le gouvernement, qui peut marquer une première victoire significative depuis 1995 ou le CPE, qui mette un coup d’arrêt à la politique des gouvernements libéraux. L’enjeu dépasse la question des retraites : obtenir le retrait de cette réforme, cela montrera que le monde du travail ne se laissera plus faire, que les collectifs militants se reconstruisent et peuvent arrêter le patronat et son gouvernement sur tous les terrains, conquérir de nouvelles position, contester le pouvoir de la bourgeoisie.

12 janvier 2020, par NPA 49