Racisme, violences policières : Ne nous laissons pas étouffer !

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De Minneapolis à Paris, la crise sanitaire a accéléré la restriction des libertés, aggravé la stigmatisation des pauvres et libéré les énergies nauséabondes de la xénophobie et du racisme. L’assassinat de Georges Floyd et la violente répression des mobilisations contre ce crime d’État montre les enjeux de cette séquence. C’est ce qu’ont compris les dizaines de milliers de personnes qui ont répondu ce mardi soir à l’appel à manifester devant le parvis du tribunal de Paris pour exiger que justice soit rendue pour tous les George Floyd et Adama Traoré qui ont été victimes de policiers.

Un racisme systémique

Brahim Bouharam, Zined, Bouna, Adama Traoré, Georges Floyd... Les crimes racistes se ressemblent cruellement. Ils montrent que des policiers et des fascistes peuvent tuer tout en bénéficiant d’une totale impunité. Tout simplement parce que les États capitalistes ont besoin d’hommes de main sur qui ils peuvent compter. Loin d’être isolés, ces actes font système.

Le scénario est partout le même, avec la complicité des appareils judiciaires et de soi-disant « experts médicaux » dans des simulacres de procès. À Minneapolis, seul un des policiers a été inculpé pour homicide « involontaire ». Un chef d’accusation totalement décalé pour une mise à mort qui a duré près de 9 minutes… C’est une même logique qui a présidé à l’enquête sur la mort d’Adama Traoré, puisque la dernière en date des « expertises médicales » demandées par la justice est venue exonérer les gendarmes de leur responsabilité dans l’asphyxie qui a entraîné sa mort en 2016. Une contre expertise demandée par la partie civile vient aujourd’hui de réaffirmer que c’est bien un plaquage ventral qui a causé le décès d’Adama. [1]

Ces crimes trouvent leur légitimité et leur permissivité dans les discours des suprématismes blancs, la promotion des murs anti-migrant.e.s, les discours protectionnistes, dans la nécessité des capitalistes de diviser la classe ouvrière en désignant des boucs émissaires.

Des violences policières sous caution sanitaire

Partout, la crise sanitaire a mis en exergue les inégalités et a particulièrement fait exploser les mesures coercitives, répressives. Contrôles ciblés, insultes, passages à tabac, verbalisations discrétionnaires…Dans certains quartiers populaires, on craint plus d’avoir faim et les violences policières que le coronavirus.

La politique de déconfinement participe de la même logique. Les travailleurs et travailleuses sont contraints de retourner faire fonctionner la machine à profit, dans des conditions sanitaires minimales, alors que les libertés fondamentales comme le droit de manifester sont bafouées et durement réprimées. Ainsi à Angers, le préfet a-t-il encore une fois interdit le rassemblement des Gilets jaunes au jardin du Mail samedi 30 mai en début d’après-midi au prétexte de la crise sanitaire. Les quelques dizaines de GJ et de militant.e.s venus les soutenir ont dû à nouveau subir des contrôles d’identité visant à les intimider. Dans le même temps, les passant.e.s se pressent dans les commerces et le Courrier de l’Ouest du 2 juin a pu faire sa une avec la photo d’une table de bistrot où s’agglutinait une groupe de buveurs fêtant la fin du confinement !

Les capitalistes en ont rêvé, le coronavirus l’a fait. Cette séquence est en réalité un accélérateur de ce qui se profilait déjà en matière de répression d’État et de contrôle social. Et il y a fort à parier que pour faire avaler l’ensemble des régressions qui s’annoncent pour les salarié.e.s, la pérennisation de certains dispositifs répressifs aillent de pair avec les reculs sociaux et pourraient bien jouer un rôle essentiel dans la mise au pas de celles et ceux qui se révoltent.

La peur doit changer de camp !

La séquence que nous vivons montre combien il est nécessaire de s’attaquer à l’impunité intolérable des policiers, ou des milices fascistes qui les relaient comme à Minneapolis. L’enjeu est essentiel car partout les gouvernements ont instrumentalisé la crise sanitaire pour renforcer l’État policier. Les licenciements de masse vont jeter dans la misère une frange croissante de la population, d’où la nécessité impérieuse de réprimer le plus possible pour dissuader toute résistance.

Nous devons montrer notre solidarité aux familles des victimes de crimes racistes, de violences policières mais également notre détermination à ce que la vérité éclate. Nous devons également soutenir toutes celles et tous ceux qui bravent les interdictions de manifester, pour la liberté de circuler, de s’installer, contre le racisme, contre la violence policière et sociale. Les succès des « marches des solidarités » samedi dernier -notamment à Paris ; un autre appel est lancé pour le samedi 20 juin- et du rassemblement parisien de ce mardi soir -sur la seule base d’un appel sur les réseaux sociaux- montrent qu’il est possible que la peur change de camp, qu’il est possible de rassembler pour que cet état d’urgence sanitaire ne devienne pas un état d’urgence sécuritaire et raciste permanent.

2 juin 2020, par NPA 49