Un hommage et une solidarité à construire contre les amalgames

Partager

À Angers, un millier de personnes ont rendu hommage à Samuel Paty, l’enseignant décapité par un djihadiste fanatique, vendredi 16 octobre dans les Yvelines. Les participant.e.s ont pu entendre les prises de parole des syndicats enseignants qui en étaient à l’initiative : la FSU, la CGT, FO, SUD et UNSA. La parole a également été laissée à des représentants associatifs (Association des musulmans d’Angers et LICRA)...

... et même, en fin de course, au maire C. Béchu, dont la photo en compagnie du député Mathieu Orphelin a servi au Courrier de l’Ouest pour résumer (ou récupérer ?) ce rassemblement d’un millier de personnes appelé principalement par des organisations syndicales ! [1]

Toutes les interventions des syndicats ont rendu hommage à Samuel Paty et assuré de leur solidarité sa famille et ses ami.e.s., et toutes ont évoqué la situation de plus en plus intenable des enseignant.e.s, largement abandonné.e.s et maltraité.e.s. L’intervention de la CGT, en particulier, dénonça avec virulence la politique gouvernementale et les tentatives de récupération par Castex et Blanquer. Si, comme le met exagérément en exergue le Courrier de l’Ouest, cette virulence suscita des flottements dans la foule - une partie des participant.e.s pensant que "ce n’était pas le moment" - il est notable qu’elle suscita aussi des applaudissements nourris d’une autre partie de cette foule, ce que le journal “oublie” de rapporter.

Ce que le Courrier de l’Ouest n’a pas non plus relevé, c’est l’absence signifiante de la droite non-macroniste locale... Cette droite a suivi la ligne définie par B. Retailleau (chef des sénateurs LR), moquant celles et ceux qui font des "discours" et allument des "bougies", prônant la "guerre" contre "l’islamisme radical" et diffusant insidieusement l’amalgame terroristes=musulmans qui fleurit depuis des semaines sur certaines (et trop nombreuses) chaînes de radio et TV [2]

À cet égard, l’intervention du représentant de l’Association des musulmans d’Angers et de la représentante de la LICRA furent bienvenues, qui mettaient en garde contre les amalgames. Ces mêmes amalgames auxquels l’extrême droite ne cesse de recourir, puissamment aidée en cela par un gouvernement mettant en avant son projet de loi sur le “séparatisme” (dénoncé par la représentante de FO dans son intervention, en tant que projet remettant en cause la laïcité) pour faire oublier son impéritie dans la crise sanitaire et sa totale soumission aux intérêts capitalistes...

18 octobre 2020, par NPA 49

[1] Ajoutons que le journal ne rend aucun compte dans son édition papier (datée du 19/10) de la présence visible des militant.e.s syndicaux, et n’a même pas réussi à en trouver un pour ses quatre “radio-trottoirs” en bas de page, dont un fait par C. Béchu lui-même !

[2] Les propos guerriers de B. Retailleau sont rapportés en particulier par le Courrier de l’Ouest daté du 18/10, en page 2. En bon catholique, cet ancien villiériste qui ne voit de terrorisme qu’islamiste a évidemment “oublié” l’attentat du 22 octobre 1988 contre le cinéma “Espace St Michel” à Paris, lequel diffusait “La dernière tentation du Christ” de Martin Scorcese. Rappelons qu’il fut perpétré par un commando catholique intégriste qui jugeait ce film “blasphématoire”, et que 14 personnes furent brûlées au cours de l’incendie qui suivit l’explosion de leur bombe, dont quatre de façon sévère... À l’époque, tout en condamnant formellement l’attentat, l’archevêque J.-M. Lustiger avait déclaré “Nous nous sommes déjà élevés contre l’idée de ce film qui est une agression contre ce qui est sacré aux yeux des hommes. (...) Quand une société se permet de telles agressions, elle déclenche des mécanismes aveugles.” (Le Monde du 25 octobre 1988) À Angers, aux 400 coups, une attaque aux gaz lacrymogènes avait également eu lieu lors d’une projection de ce film “blasphématoire”. Elle n’avait heureusement provoqué qu’une interruption de séance. Là encore, les intégristes catholiques étaient à la manœuvre...