17 octobre 1961 : un crime d’État

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Dimanche 17 octobre, des commémorations du massacre de centaines d’Algérien.ne.s par la police parisienne le 17 octobre 1961 ont eu lieu sur tout le territoire. À Angers, à l’appel des Mouvement de la paix, Libre Pensée, 4acg (Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre), Cercle 49, etc., un rassemblement devant la Rose des vents, pl. Mitterrand, suivi d’un lancer de roses dans la Maine depuis le pont Confluences a rassemblé une centaine de personnes.

Ce n’était pas le premier rassemblement commémorant le 17 octobre 1961 à Angers, mais celui-ci était le premier dans un contexte où les médias nationaux et régionaux ont commencé à évoquer l’ampleur réelle du massacre commis par la police parisienne sous les ordres du préfet Papon, lui-même sous les ordres du gouvernement (Frey à l’intérieur, Michel Debré premier ministre, de Gaulle président...). La très timide reconnaissance du caractère « inexcusable » de ce crime par E. Macron (incriminant le seul Papon [1] par le biais d’un communiqué - où le mot “police” ne figure pas - et ne faisant pas de prise de parole publique) n’a pas été celle attendue par les familles des victimes : la reconnaissance d’un crime d’État.

En interviewant les quelques passant.e.s qui se trouvaient sur le parcours menant de la Rose des vents au pont Confluences, les manifestant.e.s ne pouvaient que vérifier l’ignorance de la plupart des citoyens sur ce pogrom immonde réalisé au cœur de Paris (des centaines de mort.e.s, et encore plus de blessé.e.s). L’absence de jeunes au rassemblement angevin confirmait cette ignorance populaire de l’histoire de la guerre d’Algérie. Et pour cause : le pogrom raciste de 1961 a été passé sous silence par les grands médias bourgeois pendant des décennies.

Il a fallu le travail de militant.e.s anticolonialistes et surtout celui des historien.ne.s pour que cesse enfin l’omerta. Et encore le combat contre les négationnistes des crimes du colonialisme (d’Haïti à l’Algérie en passant par l’Afrique ou par les confettis de l’empire) n’est-il pas terminé, tant ceux-là essaient aujourd’hui de relever la tête, [2] aidés en cela par le double-jeu de Macron, par des ministres tels que Blanquer (ou Vidal en guerre contre les universitaires travaillant sur le colonialisme) et par la droite en général. La bête immonde est encore féconde, qui par le racisme cherche à diviser les classes populaires pour mieux assurer la domination du capital. Cela rend d’autant plus nécessaire des initiatives comme celles de ce 17 octobre 2021 pour la combattre et la mettre hors d’état de nuire...

Pour en savoir plus sur le 17 octobre 1961, lire le dossier de l’Anticapitaliste 17 octobre 1961 : crime raciste, crime d’État

Bibliographie sommaire
-  Porteurs de valises d’Hervé Hamon et Patrick Rotman, Albin Michel (1979)
-  Meurtres pour mémoire, polar de Didier Daeninckx autour du 17 octobre 1961 (1984) [actuellement en Folio policier poche]
-  Les ratonnades d’octobre, un meurtre collectif à Paris en 1961, de Michel Lévine, éditions Ramsay (1985).
-  La bataille de Paris, par Jean-Luc Einaudi, éditions du Seuil (1991).
-  17 octobre 1961, de la connaissance à la reconnaissance, sous la direction de Samia Messaoudi, éditions Au Nom de la Mémoire (2021).

17 octobre 2021, par NPA 49

[1] Papon est le coupable “idéal” puisque, malgré une carrière ministérielle, il fut finalement reconnu comme “complice de crimes contre l’humanité” sous l’occupation. Comme beaucoup de hauts fonctionnaires de L’État français, il servait à la fois Vichy et les nazis (en l’occurrence, en signant la déportation des juifs) et occasionnellement la résistance pour protéger ses arrières. C’était aussi quelqu’un qui était “tenu” par L’État à cause de ce passé trouble, et donc un choix idéal pour accomplir les basses œuvres, ce qu’il fit sans états d’âme...

[2] E. Zemmour en est le prototype, qui le 16 octobre à Béziers a encore nié effrontément l’existence du massacre et des autres crimes coloniaux.