C’est au début du mois de mars, à la fin des « négociations » avec les syndicats, que le groupe Michelin a dévoilé ce qu’il voulait bien concéder aux salariéEs des usines de Cholet et Vannes : en brut, 40.000€ d’indemnité de licenciement, 1250€ par année d’ancienneté et deux à six mois de salaire selon l’âge. C’est très loin des revendications syndicales, et voisin, compte tenu de l’inflation, de ce qu’il avait accordé en 2020 lors de la fermeture de l’usine de La Roche-sur-Yon. Et ce, alors que le groupe a engrangé deux milliards de bénéfices nets en 2024…
Clairement, celui-ci ne veut pas trop donner en prévision des plans antisociaux à venir dans ses autres usines (150 suppressions de postes déjà sur les rails à Troyes !) Du côté des salariéEs, si un huitième pourrait être muté ailleurs, un autre huitième « accompagné » vers la retraite, les trois quarts (900 personnes) vont être jetés dehors d’ici quelques mois, dans deux villes de taille moyenne où le « marché » du travail est des plus limité.
Résistance locale, défection syndicale
La résistance ouvrière n’a pourtant pas démérité, notamment à Cholet. Le campement autogéré devant l’usine, les trois grandes manifestations de novembre, décembre et janvier, les cars affrétés pour aller à Clermont-Ferrand, les grèves, débrayages et blocages partiels ont permis d’agréger des centaines de salariéEs autour du comité de lutte et de la CGT. Mais leur isolement a lourdement pesé : localement à cause des poids morts qu’ont constitué la CFDT et la CGC ; au niveau des autres usines du groupe par l’insuffisance de la mobilisation qui aurait été nécessaire pour faire reculer la direction. Au lieu du refus initial de la fermeture des usines, beaucoup de salariéEs se sont alors raccrochés à l’espoir de primes plus importantes. Aujourd’hui, la lutte continue mais elle est revenue sur le terrain. Elle se joue dans les ateliers où la direction met la pression pour produire, alors que les travailleurs savent toutes et tous à quelle sauce iels vont être mangés et que la fin se rapproche.
Droit de retrait, droits arrachés
Avant même la fin des négociations, quand il est apparu que les primes espérées ne seraient pas au rendez-vous, tous les syndicats, la CGT en tête, ont lancé une procédure de Danger grave et imminent au travail (DGI). Pendant 2 semaines, presque tout le monde a usé de son droit de retrait pour ne pas faire tourner l’usine. Fin février et début mars, il y eut des AG deux fois par jour suivies à chaque fois par une centaine de personnes. Ces AG interpellaient la direction, exigeant des réponses sur les revendications : primes, conditions de travail, avenir de l’atelier Z (dont la fermeture ne devrait advenir qu’en 2026 si elle n’est pas avancée), aménagement des horaires de travail. DGI et mobilisation ont permis d’arracher un troisième jour d’absence indemnisé, la fin de l’embauche à 5h du matin (passée à 7h) et « l’arrêt des pressions » sur la production. Dans les ateliers, les salariéEs ont obtenu des horaires de travail plus souple. Les ouvriers travaillent désormais 6h par jour payées 8h (sans de perte de salaire). De nouvelles mobilisations de la frange la plus combative, voire au-delà, ne sont pas à exclure.
La gauche immobile
Du côté politique, le bilan devra être tiré. Après l’annonce des fermetures de Cholet et Vannes en novembre, on avait eu droit à de grandes envolées outragées des politiciens bourgeois et même du gouvernement contre le méchant Michelin. Un silence complice s’est ensuite rapidement imposé. Dès le mois de décembre, ils avaient déserté (jusqu’au PS...) Quant à la gauche proprement dite, elle n’a pas su – ou pas pu – développer les arguments et le programme qui auraient pu contrecarrer le discours patronal, par exemple autour d’objectifs de reconversion de la production avec maintien de l’emploi. Surtout, elle n’a pas encore su – ou pas encore pu – construire le mouvement de solidarité nécessaire. Or, face à la vague de licenciements qui menace dans tout le territoire, il y a urgence à se coordonner. L’expérience de la lutte des Michelin – qui dure ! – peut à cet égard beaucoup nous apporter.
- jeudi 1er mai : manifestations de lutte à 10h30 à Angers (pl. Imbach), Saumur (pl. Bilange), Segré (pl. du port) et à 10h à Cholet (pl. Travot). Lire l’appel intersyndical.
- samedi 3 mai de 15h à 16h30 : Rassemblement de solidarité avec le peuple palestinien et point d’information. Place du Ralliement à Angers.
- mardi 13 mai : journée d’action, grèves et manifestations de la Fonction publique à l’appel de CGT, UNSA, FSU, Solidaires, CFE-CGC
- vendredi 16 mai de 18h à 20h : présentation par Clémentine Autain de son livre : « L’Avenir, c’est l’esprit public », à l’invitation de la CGT-Inspection du travail. Bourse du travail d’Angers.
- samedi 17 mai à 11h/14h... : Village et marche des fiertés à Angers : « Face aux réacs et à l’extrême droite, Nous sommes luttes et résistances ». Programme complet sur quazar.fr/pride-angers.
- samedi 17 mai de 12h à 24h : Fête de l’Huma-49 à Trélazé, salle Aragon.
- Voir aussi Alter49.org, l’agenda alternatif 49, et Le Cercle 49.
Samedi 26 avril se tenait la fête départementale annuelle de Lutte ouvrière (LO), à Trélazé, dans une salle bien remplie. Plusieurs camarades de LO sont intervenus, notamment pour raconter l’histoire de leur intervention politique au CHU d’Angers depuis plus de 50 ans ou encore pour évoquer la montée du nazisme en Allemagne. La porte-parole de LO, Nathalie Arthaud, a développé ensuite son analyse de la situation mondiale, avec le risque accru de guerres provoquées par les rivalités inter-impérialistes. Un débat intéressant a suivi, dans lequel ont été évoquées les limites du syndicalisme et la nécessité de l’action politique.
Samedi 26 avril, ce sont plus de 200 manifestant·e·s – dont beaucoup de Chemillois·e·s – qui se sont rassemblé·e·s devant le théâtre Foirail de Chemillé-en-Anjou où Éric Zemmour tenait un meeting. Le rassemblement antifasciste avait été interdit par le préfet, soucieux de ménager le multicondamné pour provocation à la haine raciale et injures racistes qu’est le président de « Reconquête ». Et les CRS n’ont pas pu s’empêcher de charger ce rassemblement pourtant des plus pacifique. Mais cela n’a pas suffi à décourager celles et ceux qui entendent se dresser contre le racisme et le fascisme qui gangrènent la société à travers les discours de haine des Zemmour, Bardella et Le Pen, complaisamment relayés par les grands médias de milliardaires comme Bolloré ou Stérin. Le rassemblement a donc continué jusqu’en milieu d’après-midi. No Pasaran !
Le 18e Congrès Mondial de la 4e Internationale qui s’est tenu en ce début d’année 2025 a adopté une version actualisée de son manifeste écosocialiste. Il est en ligne sur le site de la 4e Internationale, intitulé Manifeste pour une révolution écosocialiste – Rompre avec la croissance capitaliste. La 4e Internationale veut ainsi contribuer à la formulation d’une perspective révolutionnaire capable d’affronter les défis du 21e siècle, alors que les crises multiples du capitalisme mettent l’humanité toute entière en danger. Cette perspective écosocialiste s’inspire des luttes sociales et écologiques, et des réflexions critiques authentiquement anticapitalistes qui se développent dans le monde.
Samedi 3 mai à 15h un nouveau rassemblement de solidarité avec le peuple palestinien s’est tenu Place du Ralliement à Angers, avec environ 130 personnes. Désormais, ces rassemblements ne seront plus hebdomadaires mais mensuels, le premier samedi de chaque mois. Bien sûr, si l’horreur vécue chaque jour par les Gazaoui·e·s prenait une dimension nouvelle, des rassemblements ou manifestations intermédiaires seraient immédiatement convoquées. Car l’horreur est là, le génocide est en marche, sans que les bourgeoisies occidentales - prétendument garantes des droits humains - n’agissent le moins du monde. Au contraire, comme le souligne un communiqué de l’AFPS qui a été lu pendant le rassemblement, les responsables du génocide sont accueillis en alliés. Netanyahou peut fouler le sol hongrois avant de s’envoler pour les USA sans que le mandat d’arrêt de la CPI ne puisse l’atteindre. Et le gouvernement de droite et de droite extrême français se permet d’accueillir le ministre des affaires étrangères de l’État d’Israël sans envisager la moindre sanction contre cet État criminel. Face à cette complicité de génocide, face aux entraves à la solidarité que l’État français ne cesse de mettre en place, continuons à soutenir le peuple palestinien !
Dans une Lettre ouverte/pétition au Directeur Général de Savoirs Plus, les clients de la librairie Contact et de la SADEL s’insurgent contre la décision dudit DG du groupe “Savoirs Plus” de supprimer 53 emplois sur 150 et de fermer les deux coopératives angevines (d’autres fermetures à Nantes, Orveau, etc. sont prévues). Il s’agit d’une attaque en règle contre le système des SCOP. Le DG a organisé la division des salarié·e·s via des primes et augmentations ciblé·e·s, ou en ne transmettant pas d’informations sur les comptes avant les AG en visio : tout l’arsenal usuel des liquidateurs d’entreprise... Mercredi 2 avril, une réunion de soutien aux salarié·e·s s’est tenue à la Bourse du travail, qui a réuni 300 personnes et appelé à être encore plus nombreux à participer aux réunions de mobilisation, à faire bouger les services de la culture angevins et à payer un avocat afin de contrer ce DG qui n’a pas agi légalement. Des flyers d’inscription (5 € minimum) sont dispos à la librairie Contact. Ne laissons pas fermer Contact et la SADEL !