Solidarité avec le peuple grec ! Oui à une autre Europe !

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Dans son intervention télévisée du 27 octobre, Sarkozy a eu le front de prétendre avoir évité la “catastrophe” grâce à l’accord de Bruxelles de l’Union européenne (UE). Or celui-ci ne résout rien et annonce encore plus d’austérité, jusqu’à l’insupportable (ce qu’illustre à sa manière l’épisode du référendum grec sur l’accord, coup de poker désespéré du premier ministre Papandreou confronté à l’amplification de la crise politique et sociale). Face au risque de voir les peuples se dresser les uns contre les autres, sous prétexte que les uns paieraient pour les autres, il faut une autre Europe  !

Dans l’accord de Bruxelles, il y a d’abord l’effacement d’une partie de la dette grecque. Les gouvernants capitalistes ont fini par se rendre à l’évidence  : le pays est asphyxié et la résistance populaire est forte. Mais le problème est loin d’être résolu dans un État où les armateurs richissimes et l’Église orthodoxe échappent à l’impôt (deuxième propriétaire foncier du pays, l’Église vient d’être exemptée de la nouvelle taxe foncière de solidarité). L’injustice des sacrifices demandés et la mise sous tutelle du pays ont entraîné durant le week-end de la Toussaint des manifestations populaires qui ont conduit à l’annonce du référendum par un Premier ministre qui veut tenter de détourner le mécontentement vers les urnes. Ce coup de poker ne suspendait pas forcément l’application de l’accord mais l’ébranlait fortement. Les réactions des responsables de l’UE ne se sont pas fait attendre : l’idée même de consulter la population leur a été insupportable. Ordre a été donné à Papandréou de ranger son jeu de cartes... [1]

Toujours dans l’accord de Bruxelles, le Fonds européen de stabilité financière (FESF) voit ses ressources augmenter grâce à la mise en place d’une machine financière, nouvel instrument d’endettement et de spéculation. Le FMI y aura un rôle et la Chine est appelée à la rescousse. Son gouvernement peut être intéressé à aider ses client. Reste à voir les contreparties qui seront demandées  : commerce et droits de l’homme  ? Enfin, il n’est pas sûr, à supposer que cela fonctionne, que ce serait suffisant pour garantir la dette italienne, si cela devenait nécessaire. Les banques, dont les représentants ont participé à la négociation, ont obtenu 30 milliards de garantie pour se recapitaliser. Et il n’y a rien dans l’accord sur la régulation des marchés financiers  : où est la taxe sur les transactions financières annoncée par Sarkozy et Merkel  ?

Enfin, point essentiel, les gouvernements se sont accordés pour accroître la « discipline », le contrôle des budgets des États par la Commission européenne et l’inscription dans leur Constitution du carcan budgétaire de la « règle d’or » pour 2012. Des mesures adoptées sans aucun débat ni consultation populaire. C’est l’hyper-austérité qui s’annonce pour les peuples. Avec toutes ses conséquences sociales dramatiques… et alors que nous sommes dans une situation de fort ralentissement de la croissance. Début août dernier, la prévision de croissance de la production française pour 2012 était encore de 2, 25 %, elle a été ramenée à 1, 75 %, et Sarkozy a confirmé jeudi dernier qu’elle serait de 1 %  ! Confirmation que derrière la crise financière, c’est la crise globale du capitalisme qui continue.

Fondamentalement, cet «  accord  » est la démonstration qu’il n’y a pas de solution dans le cadre des règles de Maastricht et Lisbonne. L’ensemble de la construction européenne capitaliste est en panne. Les classes dominantes n’ont plus comme horizon que le maintien du libéralisme et l’austérité sans fin.

Quel chemin pour une autre Europe sociale et écologique  ?

Les traités actuels sont un cadre à la fois ébranlé par la crise et inapte à permettre une Europe sociale et écologique. Il faut construire une autre Europe sans les traités de Maastricht et Lisbonne. Cela passe notamment par les mesures suivantes  :
-  contrôle strict des mouvements de capitaux (si possible au niveau européen, à défaut au niveau des États qui en seront d’accord).
-  arrêt du recours des États aux marchés financiers. Réforme fiscale qui en finisse avec les avantages des riches et des grandes entreprises afin de dégager des ressources supplémentaires. Suppression des règles interdisant le financement des déficits par la Banque centrale.
-  mettre les banques au service d’une politique de transformation sociale et écologique. Nationalisation intégrale du système bancaire sans indemnité ni rachat et instauration d’un contrôle social et démocratique sur leur fonctionnement.
-  Moratoire immédiat du paiement de la dette (intérêt et principal) de l’État, prélude à une annulation de la dette illégitime.
-  Fixation d’un Smic dans tous les pays européens.
-  Services publics européens, d’abord dans les transports et l’énergie.

Plusieurs de ces mesures sont, à des degrés divers, soutenues bien au-delà du NPA. Nous sommes prêts à agir avec tous ceux et toutes celles qui sont prêtEs à pousser en ce sens. Mais une chose est claire  : pour les mettre en œuvre, nous ne pouvons faire confiance ni aux gouvernements en place ni à celui qui, en France, se prépare à la relève avec un François Hollande totalement solidaire de ses collègues “socialistes” espagnol et grec.

Pour construire une Europe des travailleurs et des peuples, il faudra des mouvements sociaux et démocratiques d’ampleur, une mise en mouvement prolongée et déterminée des gens « d’en bas », dont les « Indignés » ne sont qu’un prologue.

3 novembre 2011

[1] Tout a commencé le 31 octobre avec l’annonce par Georges Papandréou de l’organisation début 2012 d’un référendum sur le plan de de Bruxelles du 27 et sa demande d’un vote de confiance au Parlement grec le vendredi suivant. Ces deux propositions sont approuvées à l’unanimité par le gouvernement grec le lendemain, en même temps que tout l’état-major de l’armée est limogé. Alors que les bourses chutent lourdement, les commis des capitalismes français et allemand, N. Sarkozy et A. Merkel, se disent "déterminés" à faire appliquer l’accord coûte que coûte. Comme un vulgaire domestique, G. Papandréou est convoqué à Cannes le 2 novembre, à la veille du sommet du G20, pour recevoir les diktats des dirigeants allemand et français et du FMI. L’UE suspend son “aide” financière et somme Athènes de se prononcer sur son maintien dans la zone euro.