Manifestation pour la démocratie en Érythrée

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L’Association franco-érythréenne pour la démocratie et la liberté appelait à un rassemblement place du Ralliement à Angers, samedi 6 juin en fin d’après-midi. Elle y a dénoncé la dictature du clan d’Issayas Afewerki, au pouvoir depuis 1991. Elle y a aussi aussi dénoncé le projet de l’Union Européenne de payer le dictateur pour qu’il tarisse avec ses méthodes sanguinaires le flux grandissant des candidats à l’exil (un million d’Érythréens ont fui le pays entre 2004 et 2012).

Après la seconde guerre mondiale, l’ancienne colonie italienne que fut l’Érythrée fut rattachée à l’Éthiopie, d’abord sous un vernis fédéral, puis avec négation des droits nationaux des peuples érythréens. La guerre de libération menée par le FPLE contre l’État éthiopien s’est achevée en 1991 et l’Érythrée a accédé à l’indépendance le 24 mai 1993. Depuis, le nouvel État est présidé par Issayas Afewerki, secrétaire général du parti unique, le Front pour la justice et la démocratie (FJD), héritier bureaucratique du FPLE. Si une constitution a été adoptée en 1997, elle n’est pas appliquée (aucune élection ne s’est tenue) et c’est une véritable dictature avec embrigadement dans l’armée des hommes (de 18 à 65 ans) et des femmes (de 18 à 47 ans) qui s’est installée au pouvoir. La censure de toute presse privée a été instituée en 2001. L’année suivante, tous les groupes religieux hormis les quatre principaux (églises orthodoxe d’Érythrée, église luthérienne d’Érythrée, église catholique, Islam ; Christianisme et Islam représentent chacun 50% de la population) ont été interdits. Dans un rapport du 8 mai 2013, Amnesty International décomptait plus de 10.000 prisonniers politiques, arrêtés et détenus sans jugement dans des conditions qualifiées « d’une cruauté inimaginable ».

Or, l’Union européenne s’apprête à aider financièrement la dictature. Reporters sans frontière (RSF) a révélé mardi 28 avril que le 11e Fonds européen pour le développement (FED, 2014-2020) lui a accordé une enveloppe de 312 millions d’euros (trois fois plus qu’en 2009), pour endiguer la fuite de ses habitants (d’origine à la fois économique et politique). Non seulement, l’UE ferme les yeux devant les migrants qui se noient en Méditerranée et refuse de déployer les moyens nécessaires pour accueillir les réfugiés (alors même que la politique des grandes puissances et la mondialisation libérales sont largement responsables des déséquilibres économiques, politiques et écologiques actuels), mais elle renforce de fait les dictateurs qui enferment leurs peuples dans des territoires-prisons de plus en plus invivables.

Face à ce scandale, la mobilisation de l’Association franco-érythréenne pour la démocratie et la liberté a permis de rompre un peu le mur du silence qui entoure cet autre mur, insupportable, qui se construit dans l’UE et en France contre ce droit humain élémentaire qu’est le droit d’asile. Une mobilisation à soutenir et à développer.

6 juin 2015, par NPA 49