Aux élections régionales en Pays-de-la-Loire, trois listes de droite (le post-villiériste Retailleau), de droite souverainiste (Bayle de Jessé) et d’extrême droite (le FN Gannat) sont en lice. Toutes défendent un programme autoritaire [1] et réactionnaire, visant à diviser les salarié.e.s pour mieux les livrer à l’exploitation capitaliste. La palme de l’obscurantisme revient bien sûr au FN qui mélange savamment dans le même ragoût chômage, “fiscalisme”, immigration, “crise de l’agriculture”, “concurrence déloyale du Tiers-Monde” [2], “lois anti-famille” (la “Manif pour tous” et la remise en cause des droits des femmes ne sont pas loin !) et “islamisation rampante”. N’en jetez plus !

Le PS C. Clergeau conduit une liste censée représenter “La gauche et les écologistes” mais soutenant un gouvernement qui n’est ni à gauche, ni écologiste. Sa liste se situe dans la continuité directe de la majorité sortante PS-EELV-PCF de J. Auxiette, celui-là même qui promeut activement le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. C. Clergeau prétend vouloir “créer des emplois” par des “formations” et des “fonds d’investissement” (traduire : des subventions publiques au secteur privé). De façon significative, la rubrique éducative de sa profession de foi est intitulée “Pour vos enfants, pour votre emploi” car, en bon productiviste, il réduit l’enfant à un futur rouage du système productif. C’est pourquoi il entend imposer aux élèves un “stage pour tous” (pas “pour toutes” ? les filles sont-elles concernées ?) : il ne perçoit l’éducation que comme un apprentissage à un métier. Et s’il fait la vague promesse de cinq nouveaux lycées (sans doute à l’image du lycée au rabais des Mauges), c’est accompagné de celle qu’aucune “hausse d’impôts” n’interviendra pendant son mandat. Dans le contexte d’austérité budgétaire imposé par le gouvernement aux collectivités territoriales, cela laisse rêveur...

Quant à la vice-présidente sortante du Conseil régional, S. Bringuy, elle se retrouve tête de liste EELV. Nul doute qu’elle entend continuer à collaborer avec le PS et, par conséquent, à cautionner sa politique économique (libérale) et (anti) sociale. La lecture de la profession de foi de la liste EELV ressemble d’ailleurs plus à un catalogue de “capitalisme vert” et de “greenwashing” qu’à un programme écologiste. Le refus, heureusement confirmé, de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes y est comme un cheveu dans une soupe à peine bio. Pour s’opposer au grand projet inutile (et nuisible) qu’est cet aéroport, EELV ne propose rien d’autre qu’une étude indépendante et un débat citoyen ! [3]

Cette volonté de collaborer avec le PS est également affirmée par le PCF A. Pagano, tête d’une liste PCF-MRC sans les organisations du Front de gauche que sont le PG et Ensemble. [4]. Mais la perspective de fusion de cette liste “L’Humain d’abord” avec la liste PS entre les deux tours - qui suppose d’ailleurs qu’elle dépasse les 5% et que le PS soit d’accord avec la fusion - ne garantit en rien que les timides ou contestables propositions de sa profession de foi [5] puissent être un jour appliquées par le PS. Le bilan de la participation des élus PCF sortants à la majorité PS est suffisamment parlant à cet égard...

Or, pour que la vraie gauche relève la tête, il faut cesser de jouer double jeu. Se contenter de critiquer (un peu) le PS en semaine pour s’allier avec lui le dimanche, au soir des élections, déconsidère tout projet politique qui prétend s’inscrire dans une rupture avec la société capitaliste productiviste. Privilégier la survie des appareils au développement d’un mouvement social et écologiste réellement porteur d’espoir, c’est laisser le champ libre aux obscurantistes de tout poil. Alors que le gouvernement du PS mène un politique antisociale des plus dure (depuis les cadeaux aux entreprises financés par les cotisations sociales à la remise en cause du code du travail, depuis les attaques contres les services publics jusqu’à celles contre les salarié.e.s en lutte comme à Air France), à l’heure ou ce gouvernement instrumentalise les victimes du 13 novembre, reprend et légitime le discours sécuritaire du FN, [6] utilise l’état d’urgence pour s’attaquer aux libertés démocratiques comme celle de manifester, il est vital de construire un mouvement social et écologique porteur d’espoir et de changement.

La liste de Lutte Ouvrière défend-elle cet objectif ? Certes, il lui manque une réflexion sur l’écologie. Alors que le réchauffement climatique directement provoqué par la course aveugle au profit du système capitaliste menace la survie de tout ou partie de l’humanité, les premiers pas de Lutte Ouvrière dans cette direction restent trop timides. [7] Il est symptomatique à cet égard que la profession de foi d’Eddy Le Beller, tête de liste pour LO en Pays-de-la-Loire, n’aborde pas ce point, non plus que la question emblématique de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Cependant, cette profession de foi affiche une pleine indépendance vis-à-vis du PS et se situe résolument dans le camps des salarié.e.s, de même que LO est résolument dans les luttes ouvrières au quotidien, contre l’austérité capitaliste et en défense des droits des salarié.e.s. Le camp de LO est le nôtre, sans aucun doute possible. Le vote LO est aussi le seul moyen d’affirmer par un bulletin de vote notre refus de l’état d’urgence et de l’embrigadement de la population dans une “unité nationale” qui ne vise qu’à préserver l’ordre injuste du monde. [8]

C’est pourquoi le NPA 49, en concordance avec les choix du Conseil politique national du NPA, appelle à voter Lutte Ouvrière aux élections régionales des Pays-de-Loire du 6 décembre 2015.

LE 6 DÉCEMBRE EN PAYS-DE-LA-LOIRE, VOTONS LUTTE OUVRIÈRE

-  Extrait de la résolution électorale adoptée par le Conseil Politique National du NPA le 22 novembre :

[...] “Pour affirmer que « nos vies valent plus que leurs chemises » et que la seule « alternative à l’austérité », c’est la répartition du travail entre toutes et tous, une forte revalorisation des salaires et des pensions comme des minima sociaux, la défense des services publics, l’annulation de la dette et imposer le contrôle des travailleurs et de la population sur l’économie, les banques, la marche de la société.

Les seules listes qui, au niveau national, se situent sur ce terrain sont les listes présentées par Lutte Ouvrière.

Aussi, quels que soient les désaccords que nous avons avec ces camarades, le NPA appelle à voter pour ces listes, clairement dans le camp du monde du travail et en totale indépendance vis à vis des partis au pouvoir nationalement ou localement.

De façon plus générale, combattre la montée des idées réactionnaires, de la droite et du FN implique de rassembler les forces du monde du travail et de la jeunesse pour mettre en échec la politique du patronat et du gouvernement.” [...]

-  Communiqué national du NPA : Élections régionales : le NPA appelle à voter Lutte ouvrière (02/12/2015)