Face à une droite radicale, il faut une gauche de rupture anticapitaliste

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François Fillon a remporté le deuxième tour de la primaire de droite, sur la base d’un programme radicalement à droite. L’ancien ministre de l’éducation, puis du travail, puis Premier ministre de Sarkozy va tenter de faire croire qu’il a des “solutions” pour le pays. Son plan est de détruire les acquis sociaux et les services publics, de combattre le monde du travail et de concurrencer l’extrême droite.

Sur tout le territoire dépendant de l’État français, le deuxième tour des primaires de la droite a mobilisé 4,02 millions de votants (9% du corps électoral qui en compte 44,6 millions), dont une forte proportion de personnes âgées (55% des votants étaient des retraité-e-s) et une fraction d’électeurs “de gauche” voulant privilégier le “moindre mal” qu’aurait représenté Alain Juppé (au programme voisin de celui de F. Fillon, mais à l’allure plus “modérée”). Le candidat de l’ultra-droite F. Fillon a recueilli 2/3 de ces voix, soit 6% du corps électoral. Le résultat est identique à Angers. Toutefois dans l’ensemble du Maine-et-Loire, il y a eu 55.382 votants, soit 10% du corps électoral et F. Fillon en recueille 74%, soit 7,4% du corps électoral. Ces résultats montrent que l’électorat résolument fidèle à la droite ne représente qu’une fraction très minoritaire de l’électorat, même en Anjou ! L’écho considérable que les primaires de la droite ont eu dans les médias ne signifie certainement pas que la population souscrit au programme extrémiste que la droite a osé présenter (sans peur d’être contredite) comme “solution” aux problèmes sociaux, économiques et écologiques auxquels cette population est confrontée.

La stratégie du choc

Le programme de Fillon ressemble en effet davantage à un cauchemar : fin de la durée légale du travail (vers les 48h hebdomadaires), retraite à 65 ans, fin des régimes spéciaux, dégressivité des allocations chômage, suppression de 500 000 postes de fonctionnaires, allègement d’impôts de 40 milliards pour les entreprises, suppression de l’ISF, dynamitage de la Sécurité sociale avec la fin des cotisations patronales, l’augmentation de la CSG et de la TVA (de deux points)…

Et Fillon promet de réaliser tout ça en quelques semaines à coup d’ordonnances et de 49.3 car « les organisations syndicales n’ont plus la force pour accomplir les blocages dont elles menacent ».

Racisme décomplexé, ordre moral et appuis aux dictateurs...

La suite de son programme donne la nausée. Pour Fillon, « Non, il n’y a pas un problème religieux en France. Oui, il y a un problème lié à l’islam ». Il veut fixer des quotas de migrants par origine. Il annonce aussi qu’il reviendra sur la loi Taubira, notamment sur l’adoption d’enfants par les couples homosexuels. Grand défenseur de la religion catholique, il prône le retour à l’ordre moral : uniforme à l’école, remise en cause de l’avortement à mots couverts. Enfin, il soutient ouvertement les dictateurs russe et syrien, Poutine et Assad.

Une politique largement commencée par la soi-disant “gauche”

Sur l’immigration, les retraites, les suppressions de postes, la loi travail, le gouvernement Hollande-Valls a mené une politique tellement à droite qu’il n’est pas étonnant que Fillon veuille aller encore plus loin. Quel qu’il soit, compte tenu de ce qu’est aujourd’hui devenu le PS, le candidat du PS portera des choix voisins. Hollande veut continuer la politique menée actuellement et tellement rejetée. Valls veut accélérer le mouvement en transformant le PS en un parti “démocrate” qui, ouvertement, ne défendrait que les intérêts des classes possédantes.

À gauche de cette “gauche” qui n’en est plus une, J.-L. Mélenchon (soutenu par le PG, Ensemble et -in extremis- le PCF) pourrait recueillir les voix des déçus du PS, des Verts et des électeurs du défunt Front de gauche. Cependant, son bonapartisme et son électoralisme (qui s’est traduit par sa relative absence politique pendant la lutte contre la loi travail) constituent des limites sévères. De plus, son programme reste centré sur un nationalisme économique irréaliste et dangereux.

Se préparer à combattre le programme de Fillon

L’élection présidentielle de 2017 risque fort d’amener au pouvoir une équipe encore plus violemment hostile aux classes populaires, aux immigrés, aux jeunes que les précédentes. L’enjeu de cette campagne est plutôt de préparer notre camp, celui des exploité-e-s, à défendre ses intérêts, à être prêt à se battre contre toutes les attaques, contre les suppressions d’emplois, pour imposer l’interdiction des licenciements, pour le partage du temps de travail, pour un revenu décent à toutes et tous, contre les politiques racistes, pour le désarmement de la police, contre les grands projets productivistes inutiles, etc. Plus largement à un niveau politique, c’est une rupture avec le système capitaliste qui est nécessaire et de plus en plus urgente, afin de construire une société débarrassée de l’exploitation des humains et de la nature et de toutes les oppressions.

Nous devons démontrer que nous saurons nous mobiliser et construire des grèves et des manifestations qui pourront empêcher les politiques antisociales d’être conduites et permettront de dégager de nouvelles perspectives sociales, écologiques et démocratiques.

C’est le sens de la candidature de Philippe Poutou. La réussite de sa campagne sera un élément important pour préparer la contre-offensive du monde du travail.

28 novembre 2016, par NPA 49