E. Macron élu grâce aux voix antifascistes, pas sur son programme !

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Au second tour si l’on ne compte que les exprimés, le néolibéral l’emporte par 66%, loin devant les 34% de la fasciste (même si celle-ci progresse de près de 3M de voix -celles de Dupont-Aignan, Asselineau et de la manif pour tous, pour l’essentiel- relativement au premier tour). E. Macron a bénéficié du vote antifasciste, notamment à gauche, mais celui-ci n’est en aucun cas un vote d’adhésion à son programme. Le volume élevé des abstentions (25%) et du vote blanc et nul (12%), soit 1/3 des inscrits, réduit de surcroît son score à un peu moins de 44% des inscrits alors même qu’il était opposé à une candidate dont une très grande majorité ne veut à aucun prix (Le Pen récupère néanmoins 22,5% des inscrits). Enfin, si l’on prend en compte le sondage selon lequel la principale motivation de ses électeurs était pour 43% d’entre eux de faire barrage au FN et pour 16% l’adhésion à son programme, ce sont 7% des inscrits qui supportent les politiques régressives qu’E. Macron entend aggraver... Il s’agit maintenant de lutter contre celles-ci, et d’autant plus que si le mouvement social et écologiste n’organise pas cette lutte, ce seront les fascistes qui, à nouveau, tireront les marrons du feu...

Déclaration de Philippe Poutou

Marine Le Pen, la candidate du Front National ne sera pas élue, et nous nous en réjouissons. Pour nous, le FN ne sera jamais un parti comme les autres. Derrière quelques revendications sociales reprises de façon démagogique, son programme reste la destruction des droits démocratiques, la remise en cause de tous les droits du mouvement syndical et du mouvement social. Il développe un programme de division des exploitéEs, visant à renforcer les discriminations contre les personnes d’origine immigrée, un programme de haine raciste qui vise à épargner les vrais responsables de la misère et du chômage. Aujourd’hui, la candidate du FN a été dégagée et c’est tant mieux.

Héritier du Hollandisme, Macron le banquier s’inscrit pleinement dans la politique de son prédécesseur. Ministre, il a inspiré des lois de régression sociale comme celle qui porte son nom ou la loi travail à laquelle la rue s’est massivement opposée il y a un an. Au-delà, Macron entend amplifier la contre-révolution libérale et va donc poursuivre sans discontinuité une politique d’austérité pour les catégories populaires, au nom de la liberté d’entreprendre, de la rigueur et de l’équilibre budgétaire... Son programme ? En finir avec les 35h, casser la Sécurité sociale, diminuer le nombre de fonctionnaires, aller encore plus loin dans la casse du code du travail… Cette politique, c’est justement celle qui fait le lit du Front national en accentuant toujours plus la destruction de nos acquis sociaux.

Il faut donc nous préparer à mener de nouvelles batailles, nous unir pour préparer la résistance face au rouleau compresseur d’un Macron qui déclare vouloir gouverner par ordonnances pour imposer son programme antisocial. Une période de combat est devant nous, et nous devons organiser le « tous ensemble », les mobilisations tous azimuts, pour inverser le rapport de forces, construire un front pour défendre dans l’unité nos droits sociaux et démocratiques.

D’ores et déjà, des militants syndicaux et associatifs ont commencé à préparer la riposte. Pour nous, « prendre nos affaires en main » passe par la construction des luttes, manifestations, et grèves. La manifestation de demain à 14h à République et dans un certain nombre de villes en fait partie, parce que toutes les conquêtes sociales n’ont jamais été l’œuvre d’un gouvernement mais arrachées par les travailleurs et la jeunesse en mouvement.

Pour préparer cet affrontement, nous avons besoin d’une force politique pour nous représenter nous-mêmes, organiser notre camp social face aux patrons et aux possédants. Un parti de combat, ancré dans les luttes quotidiennes, qui n’a pas peur de s’en prendre à la propriété capitaliste, qui défende la rupture avec les institutions nationales et européennes. Un parti féministe, écologiste, internationaliste, pour la transformation révolutionnaire de la société. Il y a urgence.

Montreuil, Le 7 mai 2017

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Quelques chiffres

La victoire est claire et nette, mais n’a rien d’un triomphe. Le score d’Emmanuel Macron (66,1%) face à Marine Le Pen, au second tour de l’élection présidentielle, dimanche 7 mai, cache plusieurs faiblesses, auxquelles le nouveau président risque d’être confronté très rapidement.

Un président choisi par seulement 44% des inscrits

Avec 25,44% d’inscrits qui ne sont pas allés voter, selon les chiffres définitifs du ministère de l’intérieur, cette élection présidentielle enregistre le taux d’abstention le plus élevé pour un second tour depuis 1969. A l’époque, le duel droite-centre droit entre Georges Pompidou et Alain Poher avait été boudé par la gauche.

L’abstention est particulièrement élevée parmi les électeurs qui avaient voté Jean-Luc Mélenchon au premier tour : 24% d’entre-eux ne se sont pas déplacés ce 7 mai. Les 18-24 ans (34%) et les chômeurs (35%) sont les catégories qui se sont le plus abstenues.

Par ailleurs, plus de 4 millions d’électeurs (soit 8,6% des électeurs inscrits et 11,5% des votants) ont glissé un bulletin blanc ou nul dans l’urne lors de ce second tour. Il s’agit d’un record absolu sous la Ve République.

En définitive, Emmanuel Macron a donc été élu par seulement 43,6% des électeurs inscrits, alors que le total de l’abstention et des votes blancs et nuls atteint 34%.

Un choix par défaut pour 43% de ses électeurs

Parmi les électeurs d’Emmanuel Macron au second tour, 43% disent avoir voté pour lui en premier lieu pour faire barrage à Marine Le Pen. Toujours selon le sondage Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, 33% de ses électeurs disent avoir voté pour lui pour le renouvellement qu’il représente, seulement 16% pour son programme et 8% pour sa personnalité.

7 mai 2017, par NPA 49