Contre le technéolibéralisme macroniste, mobilisons-nous !

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Propulsé par la peur de Le Pen et soutenu par tous les grands médias, E. Macron a été élu président. Président, il a nommé premier ministre le politicien de droite et ancien cadre d’AREVA E. Philippe. Et le gouvernement est à l’image de cet assemblage : ramassis de politiciens de droite LR (B. Le Maire...), du centre MODEM (F. Bayrou...) ou PS (G. Collomb, J.-Y Le Drian...), et de technocrates néolibéraux (J.-M. Blanquer...) dévoués au grand capitalisme. Les ouvertures démocratiques que seraient les nominations de N. Hulot (à l’écologie) ou F. Nyssen (culture) ne sont que des cautions faciles, dont le poids face à la politique autoritaire et productiviste qui s’annonce sera voisin de zéro. Contre cette politique au service exclusif des plus riches, le mouvement social doit apprendre à reprendre le chemin de la rue : mobilisons-nous !

Macron est bien de droite…

...pour ceux qui en doutaient encore ! E. Macron a nommé un Premier ministre issu du parti de Fillon et Sarkozy. Opposé au mariage pour tous, favorable à la loi Macron, impliqué dans le pillage de l’uranium au Niger par AREVA, Edouard Philippe représente bien les intérêts du grand patronat.

Selon B. Geoffroy, dans le Courrier de l’Ouest du 18 mai, l’élection d’E. Macron aurait néanmoins été une “révolution” et la mise en place du gouvernement E. Philippe, tout en étant “de toutes les audaces” (sic) signerait un retour à l’“équilibre”, permettant d’“en finir avec la révolution pour mener les nécessaires réformes” “que les Français attendent” (re-sic). C’est une drôle de révolution que celle-là... Si Trotsky définissait la révolution comme “l’irruption des masses dans la vie politique”, on assiste plutôt ici à une irruption de la technocratie néolibérale. Comme si le grand capitalisme, au lieu de se cacher derrière des politiciens LR ou PS désormais déconsidérés avait décidé de prendre en charge plus ou moins ouvertement la gestion de l’État. Mais ses hommes de main n’ont rien “d’apolitique” ni de “modéré” (quoiqu’ils en disent !) Un haut-fonctionnaire de droite comme le nouveau ministre de l’éducation nationale peut bien se réclamer de la “science” pour justifier, à la manière des idéologues totalitaires, sa future politique, il n’est que le relais des cercles qui poussent à la marchandisation généralisée du secteur éducatif. Et les autres ministres auront des lettres de mission similaires dans leurs secteurs respectifs.

D’ailleurs, pendant sa campagne électorale, E. Macron n’a pas caché ses objectifs : amplifier la casse du Code du travail, plafonner les indemnités accordées par les conseils de prud’hommes en cas de licenciement abusif, remplacer le financement de l’assurance chômage par un impôt se substituant aux cotisations sociales, des suppressions de postes massives dans la Fonction publique (dont le ministère disparaît au profit d’un ministère des comptes publics !), modifier en profondeur du système des retraites pour diminuer encore plus les pensions des retraité-e-s.

Pour la casse du code du travail, c’est du lourd

E. Macron veut renvoyer au niveau de l’entreprise la quasi-totalité des droits définis actuellement par la loi ou les accords de branche. Ce serait le cas pour les salaires (hormis le salaire minimum) ou les règles en matière de santé et de sécurité. Les référendums (introduit par la loi Travail) seraient généralisés pour faire valider par les salariéEs soumis au chantage à l’emploi des accords refusés par une majorité d’organisation syndicales. Ils pourraient être déclenchés directement par l’employeur (aujourd’hui ils sont à l’initiative des seules organisations syndicales). Le regroupement des institutions représentatives du personnel supprimerait les délégués du personnel trop revendicatifs et les Comités d’hygiène, sécurité et conditions de travail trop intrusifs, trop gênant pour le patronat. Quant à la méthode, il n’hésite pas une seconde : avec l’utilisation des ordonnances c’est-à-dire un super 49-3, pendant l’été, Macron veut imposer immédiatement ses mesures de reculs sociaux et interdire toute possibilité de riposte.

Soutiens et attentismes

Dans cette situation, l’attentisme des directions confédérales est terriblement inquiétant. Pour la direction de la CFDT, comme celles des CFTC-CFE-CGC, UNSA, le programme de Macron est globalement positif. Seule la méthode serait critiquable. Solidaires de son côté peine à faire prendre en compte son opposition nette par les autres confédérations. Enfin du côté de la CGT, rien en vue de concret pour l’instant si ce n’est la volonté d’exiger un « vrai » « dialogue social ».

Pourtant colère et volonté de se mobiliser existent. Les manifestations du lendemain du deuxième tour de l’élection présidentielle ont recueilli une participation et un écho bien au-delà des organisations appelantes. La pétition contre la Loi travail actualisée est repartie. Les salarié-e-s de Whirlpool ou GM&S qui crient leur colère contre les licenciements ne doivent pas se battre seuls. En Anjou, ce sont les travailleurs de la protection de l’enfance qui se mobilisent contre les politiques néolibérales destructrices du président UDI du Conseil départemental. Il faut s’appuyer sur cette colère, soutenir celles et ceux qui luttent, amplifier la riposte. Car, se battre contre les attaques patronales et gouvernementales c’est aussi tout faire pour éviter le pire, le détournement de cette colère par notre pire ennemi, l’extrême droite en embuscade. La riposte, par la grève, par les manifestations, c’est maintenant.

La politique technéolibérale d’E. Macron et E. Philippe tentera de casser les solidarités, sèmera la misère… et préparera le terrain à l’extrême droite (dernier recours du grand capitalisme) si nous ne réagissons pas. Dans les prochaines semaines, dans les élections législatives, on assistera à droite (de celle du PS aux LR) à une course pour obtenir des postes de député et de ministre (comme par exemple celle du maire LR d’Angers, C. Béchu, pour l’instant inaboutie). La gauche de transformation sociale n’a que peu de chance de franchir le barrage érigé par des grands médias pilonnant toutes celles et tous ceux qui pensent autrement, n’hésitant pas à les amalgamer au FN (à la manière des staliniens des années 30 inventant le concept d’hitléro-trotskysme !) Même s’il faut évidemment y intervenir, ce ne sont donc pas les élections législatives qui pourront apporter un début de solution.

Pour le NPA, l’urgence est d’abord de préparer la riposte sociale.

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Liste des membres du gouvernement Macron-Philippe :

-  Gérard Collomb, 69 ans : ministre d’État, ministre de l’intérieur. PS. Maire de Lyon depuis 2001.
-  Nicolas Hulot, 62 ans : ministre d’État, ministre de la transition écologique.
-  François Bayrou, 65 ans : ministre d’Etat, garde des sceaux. MODEM
-  Sylvie Goulard, 52 ans : ministre des armées. MODEM. Eurodéputée.
-  Jean-Yves Le Drian, 69 ans : ministre de l’Europe et des affaires étrangères. PS. Ancien ministre du gouvernement Hollande.
-  Richard Ferrand, 54 ans : ministre de la cohésion des territoires. ex PS.
-  Agnès Buzyn, 54 ans : ministre des solidarités et de la santé. Technocrate. Présidente de la Haute Autorité de santé (HAS).
-  Françoise Nyssen, 65 ans : ministre de la culture. PDG d’Actes Sud.
-  Bruno Le Maire, 48 ans : ministre de l’économie. Député LR.
-  Muriel Penicaud, 62 ans : ministre du travail. Technocrate. Ancienne DRH de Danone. Directrice Générale de Business France.
-  Jean-Michel Blanquer, 52 ans : ministre de l’éducation nationale. Technocrate. Directeur de l’Essec, ancien recteur et ancien directeur général de l’enseignement scolaire du MEN.
-  Jacques Mézard, 69 ans : ministre de l’agriculture et de l’alimentation. Sénateur PRG.
-  Gérald Darmanin, 34 ans : ministre de l’action et des comptes publics. LR. Maire de Tourcoing
-  Frédérique Vidal, 53 ans : enseignement supérieur. Technocrate au départ scientifique. Présidente de l’université de Nice Sophia Antipolis.
-  Annick Girardin, 52 ans : ministre des outre mer. PS. Ancienne ministre du gouvernement Hollande.
-  Laura Flessel, 45 ans : ministre des sports. Ancienne sportive de compétition.
-  Élisabeth Borne, 56 ans : ministre de la transition écologique chargée des transports. Technocrate. PDG de la RATP.
-  Marielle de Sarnez, 66 ans : ministre chargée des affaires européennes. MODEM.

Quatre secrétaires D’État ont à ce jour été nommés :

-  Christophe Castaner, 51 ans : chargé des relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement. Député PS.
-  Marlène Schiappa, 34 ans : chargée de l’égalité des femmes et des hommes. Adjointe au maire PS du Mans. Diplômée de communication.
-  Sophie Cluzel, 56 ans : chargée des personnes handicapées. Fondatrice de plusieurs associations pour la scolarisation et l’insertion des handicapés.
-  Mounir Mahjoubi, 33 ans : chargé du numérique. ex-PS et CFDT.

18 mai 2017, par NPA 49