« Emploi=>précarité », ou la novlangue cynique des droites LR et LREM

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Dans le Courrier de l’Ouest du 6/9/2017, deux pages sont en regard (par hasard ?). Sur l’une est commentée le nouveau « plan de sauvegarde de l’emploi » (sic !) qui frappe les travailleurs de ThyssenKrupp de St-Barthélémy d’Anjou : après 258 licenciements et l’arrêt de la production d’ascenseurs en 2015, 63 suppressions de postes supplémentaires (+32 dans les agences commerciales) censées apporter plus de rentabilité, c’est-à-dire plus de profits aux actionnaires… Sur l’autre, J.-C. Taugourdeau accorde une interview. Le député LR du 49 y approuve la loi du travail XXL d’un gouvernement auquel il prétend s’opposer : « licencier plus facilement, c’est la seule façon de retrouver le plein-emploi (sic !), pour que les gens puissent changer plus facilement d’emploi » (re-sic !).

Décidément, rien ne distingue l’ancien parti sarkozyste LR et le nouveau parti présidentiel LREM (« En Marche ») [1] : même amour de l’enfumage et du paradoxe, d’une « novlangue » orwellienne qui, en faisant dire aux mots le contraire de ce qu’ils signifient, vise à empêcher les gens de penser et d’agir. « L’emploi » selon les politiciens de droite LR et LREM (auxquels il faut ajouter les PS “macron-compatibles”), c’est plus de précarité, des salariéEs isoléEs et sans ressources face à leurs patrons ; c’est le retour à l’esclavage pour le plus grand nombre, au profit des ultra-riches dont ces politiciens sont les fidèles serviteurs…

Mais le projet des droites ne se limite pas à piétiner les droits des salariéEs de ce pays. Dans le même interview du député Taugourdeau, à la question “Laurent Wauquiez (candidat à la présidence LR qu’il soutient) a un discours très à droite (...) notamment sur l’immigration. Ça ne vous gêne pas ?”, la réponse montre que non : “Il faut maîtriser tout ça (« tout ça »=les migrants et réfugiés !), contrôler (...) sans passer pour des extrémistes”. Bref, être “extrémiste” mais que cela ne se voie pas ! Pas extrémistes non plus, le président UDI du Conseil général et le maire “constructif” d’Angers qui, arguant de leur insalubrité, font la chasse aux squatts sans proposer de solution de relogement ! Pas extrémistes les gouvernements successifs LR, PS ou LREM qui vendent des armes aux fauteurs de guerre du Proche-Orient ou d’Afrique puis laissent mourir les réfugiés en méditerranée ! Pas extrémiste, ce préfet des Alpes-Maritimes condamné le 4 septembre pour atteinte au droit d’asile, pour la deuxième fois ! Tous ces politiciens ou hauts fonctionnaires ont la bonne conscience du travail accompli. L’important pour eux n’est-il pas de maintenir l’ordre (injuste) du monde ? Car, comme le dit J.-C. Taugourdeau, ce seraient “ceux qui engagent leur argent” qui “créent de la richesse”, et pas la classe ouvrière, pas ceux qui, comme à ThyssenKrupp se feront jeter à la rue dès mars 2018 (pour ces derniers, ce serait d’ailleurs une chance puisque, toujours selon le même député LR, cela leur permettra de “changer plus facilement d’emploi” !).

Il est plus que temps que ceux d’en bas, les “illettrées”, “ceux qui ne sont rien”, les “fainéants” comme les qualifie E. Macron, mais qui font tourner la machine économique capitaliste, fassent converger leurs luttes pour que ceux d’en haut cessent de les écraser de leur mépris, cessent de les exploiter, cessent de piller et polluer la planète jusqu’à la rendre invivable. Puissent les luttes contre les licenciements (le NPA49 affirme à cet égard toute sa solidarité avec les travailleurs de ThyssenKrupp !) et le mouvement contre les ordonnances de la loi travail XXL être une étape décisive de la révolution sociale, démocratique et écologiste à venir !

8 septembre 2017, par NPA 49

[1] À propos de la prestation d’E. Macron entre les deux tours, J.-C. Taugourdeau reconnaît d’ailleurs benoitement : “j’aurais aimé qu’un candidat de droite parle comme ça des entrepreneurs”. Et pour cause !