GRIPPE H1N1 : LE GOUVERNEMENT FACE À SES CONTRADICTIONS

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Chaque journal télévisé apporte à la rubrique « grippe H1N1 » son lot d’images. D’un coté, des reportages dramatisant les cas graves, bien réels, mais peu nombreux, de personnes ayant développé des complications nécessitant des soins lourds et prolongés. De l’autre les files d’attentes interminables de familles, avec des enfants parfois très jeunes contraints d’attendre des heures, dans des conditions précaires pour accéder à la vaccination. Ces deux images résument assez bien les contradictions dans lesquelles le gouvernement se débat du fait de ses choix politiques.

« Politique de la peur »

R. Bachelot et le gouvernement n’ont guère de scrupules sur les moyens. Faute de convaincre, la peur devient leur principal argument.

Reportages sur des enfants ayant « miraculeusement » survécu, personnes ayant une atteinte grave et peut être définitive de leur système respiratoire, dramatisation sur 2 cas de virus muté…. Le « choc des images » est là pour court-circuiter la réflexion, et la méthode Coué remplace les arguments.

La palme de cette communication par la peur revient sans doute à Roselyne Bachelot se proposant d’emmener des collégiens peu convaincus voir, dans un service hospitalier, des enfants de leur âge aux poumons détruits.

Cet appel à l’irrationnel ne peut qu’amplifier en miroir, la version du « grand complot » des laboratoires ayant sciemment répandu la maladie pour vendre les vaccins et autres arguments délirants largement véhiculés sur internet.

Là où une politique de santé publique devrait chercher à expliquer et à convaincre pour permettre à chacun de comprendre l’intérêt et le risque de choix thérapeutiques, la propagande gouvernementale et son appel à l’irrationnel laissent des millions de familles dans la perplexité et l’angoisse face aux décisions à prendre.

Improvisation et saturation du dispositif de vaccination

Parallélement, le gouvernement s’avère incapable de faire face à l’afflux très modéré de personnes vers les centres de vaccination : files d’attentes et délais deviennent insupportables.

Les conditions dans lesquelles s’effectue la vaccination sont problématiques.

Les réquisitions rendant obligatoire la participation de professionnels censés au départ être volontaires provoquent la colère des intéressés.

C’est ainsi que les étudiants infirmiers ont manifesté devant le ministère, refusant les réquisitions et la suppression de leurs cours qui mettent en péril leurs études.

On mesure devant ces difficultés ce que serait la situation face à une brusque accélération de l’épidémie, ou à une mutation du virus, rendant celui ci plus virulent !

Le pouvoir paye ainsi ses choix politiques : celui d’une vaccination systématique dont le but était prioritairement le maintien au travail à tout prix des salariés (et non le souci de leur santé) dans un contexte d’affaiblissement depuis des années du service public de santé, seul apte à structurer et à coordonner la réponse à une situation exceptionnelle avec l’ensemble des professionnels.

Improvisation également dans les indications du nombre de doses à faire et du type de vaccins à utiliser.

D’autres choix étaient possibles, s’appuyant sur une politique d’information honnête et claire de la population, une vraie politique de prévention, une vaccination ciblée sur des personnes vulnérables, la fermeture temporaire si nécessaire d’entreprises ou d’établissements, avec maintien intégral du salaire.

Mais de tels choix relèvent d’une autre politique.

J.C. Delavigne

8 décembre 2009