​Le vélo ne peut être un élément décoratif du “capitalisme vert”

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À Angers, le gouvernement vient d’annoncer un « plan vélo ». Reportée à plusieurs reprises, l’annonce ne pouvait plus être différée. Ce n’est en effet pas une petite affaire marginale à l’heure du réchauffement/dérèglement climatique : trois ans après la COP 21 qui avait la prétention de sonner le tocsin, les émissions de gaz à effet de serre augmentent toujours, tout comme le parc automobile (près de 40 millions de véhicules dont 32 millions de voitures particulières !). Mais l’annonce reste une annonce, sans véritables moyens et sans que les questions de fond ne soient abordées. Il ne suffira pas qu’E. Philippe et C. Béchu paradent plus ou moins adroitement sur une bicyclette !

Impossible de ne pas parler du vélo. Aujourd’hui, seulement 3 % des déplacements quotidiens sont réalisés à vélo ! Le plan qui en fixe l’objectif à 9% en 2024, année des JO de Paris, ne donne pourtant aucun moyen suffisant à sa modeste ambition.

Trop de mesures sont non-contraignantes, en particulier le « forfait mobilité » qui doit remplacer « l’indemnité kilométrique vélo ». Certes, le plafond de l’exonération passera de 200€ à 400€ mais rien ne permet d’entrevoir pour cette mesure un destin différent du fiasco de l’indemnité précédente car l’engagement des entreprises dans le processus reste facultatif.

De même, la création de parkings à vélos sécurisés est elle aussi laissée à la libre appréciation des collectivités locales. Alors qu’il faudrait voir infiniment plus grand et décider la construction de garages à vélos sûrs et accessibles en bas de chaque immeuble, y compris, dans les cités populaires.

En ce qui concerne le fonds pour le développement des pistes cyclables mis en place pour 7 ans, le compte n’y est pas non plus. Alors que les associations demandaient un engagement de 200 millions/an le plan vélo n’accordera que 50 millions (environ 500.000 €/département, ce qui n’est pas grand chose !) Et si les nouvelles pistes sont aussi étroites qu’elles le sont le plus à Angers, le progrès ne sera pas décisif !

Le premier ministre proclame son amour pour « la petite reine » et brasse beaucoup de vent autour du « développement de la culture du vélo », en particulier à l’école. Au fil des décennies, la ville a été façonnée pour et par la voiture, comme Angers en est un triste exemple avec sa rocade au pied du château. Le « plan vélo » est pris dans cette dynamique qui reste dominante et à laquelle il faudrait mettre un terme. Ainsi, on annonce la généralisation du double sens aux voies 50km/h au lieu de 30km/h : outre qu’elle ne coûte rien, cette mesure pourrait se révéler dangereuse, ainsi qu’on peut déjà, là aussi, le constater à Angers (reconnaissons tout de même qu’elle contribue au ralentissement des automobiles, ce qui est toujours ça...)

Un « plan vélo » à l’heure du réchauffement climatique doit proclamer d’abord qu’il vient en complémentarité d’une priorité absolue aux transports en commun boostée par le turbo de leur gratuité en ville et agglomération (ce à quoi C. Béchu se refuse absolument, préférant faire venir les voitures en centre-ville en leur offrant une heure de parking gratuit). Un « plan vélo » crédible doit s’inscrire dans un débat général sur les transports et l’urbanisme, un débat sur la reconversion générale du secteur automobile. Le vélo a été extrêmement populaire. Il doit et peut le redevenir.

19 septembre 2018, par NPA 49