Vers l’embrigadement nationaliste de la jeunesse ?

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Beaucoup, de bonne foi, ont donné leur voix à E. Macron au 2e tour des présidentielles en croyant faire barrage au Front national et à ses idées. En ce qui concerne les idées, visiblement, c’était un peu court. De la chasse aux migrant.e.s à la hausse des droits d’inscription pour les étudiant.e.s étrangers extracommunautaires, de la répression policière et judiciaire aux lois sécuritaires et aux restrictions des libertés fondamentales, le gouvernement chasse ouvertement sur les terres du clan Le Pen. Et voilà que l’Assemblée nationale, dans une significative unanimité LREM-LR-RN, vient de voter la présence des drapeaux de l’État français et de l’Union européenne dans toutes les salles de classe, de l’école au lycée. À quand l’uniforme pour les bambins, la marche au pas et le lever des couleurs dans la cour de récréation ?

Le gouvernement Macron-Philippe est, on le sait, le gouvernement des ultra-riches. C’est aussi le gouvernement de la peur. D’une peur panique et dangereuse. Car pour répondre au mécontentement social, pour faire diversion tout en divisant ses adversaires, il n’hésite pas à jouer les apprentis-sorciers en ravivant les nationalismes. Ainsi satisfait-il les réactionnaires de tout poil en fermant la porte aux réfugiés d’Afrique et du Proche-orient et en criminalisant les militant.e.s solidaires, ou en discriminant les étudiants étrangers par l’augmentation astronomique de leurs droits d’inscription à l’université. Il a même un temps envisagé d’introduire les thèmes de “l’immigration” dans les sujets choisis par lui du soi-disant “grand débat”...

Mais l’Assemblée nationale qui est à sa botte n’est pas en reste. Dans la nuit du 11 au 12 février, les députés LREM, LR et RN ont voté la présence obligatoire dans les salles de classe du drapeau tricolore et du drapeau européen, ainsi que des paroles de l’hymne national, dans le cadre de l’examen du projet de loi sur "l’école de la confiance" du très rétrograde ministre Blanquer. Pour faire propre sur elle et pas trop facho, elle a cependant modifié l’amendement du député LR de droite extrême Eric Ciotti, qui ne demandait “que” le drapeau de L’État français, en y ajoutant le drapeau “européen”, c’est-à-dire celui de cette forteresse Europe néolibérale qui laisse se noyer en Méditerranée réfugié.e.s et migrant.e.s... Quel humanisme !

Le ministre Blanquer a aussitôt approuvé l’amendement. Au lieu de l’éveil à l’esprit critique qui devrait être l’objectif d’un système éducatif, il prône en effet le retour aux valeurs “traditionnelles”, à une pensée captive et étriquée. Quitte à transformer les écoles en casernes ? Le néolibéralisme macronien a décidément un parfum de totalitarisme très inquiétant. En tant qu’internationalistes, nous défendons les droits nationaux des peuples dès lors qu’ils sont opprimés. Pour autant, en tant que citoyens du monde, nous refusons le retour au XIXe siècle et aux pratiques “identitaires” et autoritaires qui ont permis aux États impérialistes de justifier leurs guerres coloniales, parfois jusqu’au génocide de populations entières, et qui ont conduit les peuples d’Europe aux terribles boucheries que furent les première et seconde guerres mondiales. À l’heure d’une crise sociale et écologique majeure et d’échelle mondiale, le seul sentiment “d’appartenance” recevable est celui d’appartenance à l’humanité et à la planète qui lui permet de vivre.

NON À LA LOI “ÉCOLE DE LA CONFIANCE” !

NON À L’AMENDEMENT CIOTTI-BLANQUER !

NON À L’ÉCOLE DES NATIONALISMES !

12 février 2019, par NPA 49