2e congrès du NPA  : Rebondir !

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Le NPA a tenu son deuxième congrès le weekend dernier à St Denis, en Seine Saint Denis. Après une succession de séquences électorales difficiles, un découragement d’une partie des militants (qui, certes, se retrouve aussi dans toutes les organisations politiques et syndicales en ces temps de “crise”), et une scission douloureuse avec nos camarades de la Gauche Anticapitaliste, le congrès se voulait refondateur de notre organisation. Les débats ont pu se dérouler fraternellement, par delà les divergences, et une majorité s’est dégagée pour construire une opposition de gauche au gouvernement en dégageant la perspective d’une alternative politique en rupture avec le capitalisme, d’un gouvernement anti-austérité. À l’heure où, avec le MEDEF, le gouvernement Hollande-Ayrault lance une offensive ouverte contre les salaires, le droit du travail, le secteur public (par exemple à l’université) et même les militants syndicaux [2], c’est en effet plus que nécessaire...

«  Congrès du NPA en pleine crise de décroissance  » titre le premier article de l’Humanité sur notre congrès. Une ironie qui se voudrait mordante mais qui ne reflète pas la tonalité de ce IIe congrès ni son contenu réel et sa signification. Nous ne nions nullement les difficultés que connaît notre parti, notamment à la suite de la scission des camarades de la Gauche anticapitaliste qui ont rejoint le Front de gauche. Mais ce congrès représente une nouvelle étape décisive dans le travail de refondation, de reconstruction de notre parti, un travail qui prend appui sur notre campagne présidentielle. Ce travail prend aussi appui sur le besoin qui s’exprime quotidiennement dans ce pays, à travers les luttes et les résistances, d’un parti ancré dans le monde du travail, dans les quartiers populaires, la jeunesse pour défendre leurs exigences sans compromis avec ce gouvernement et sa majorité. C’est bien ce besoin qui légitime et nourrit notre projet.

Retour sur le bilan

Le premier débat a porté sur le bilan du Nouveau Parti anticapitaliste depuis sa fondation en 2009. La crise profonde que nous avons connue renvoie à une dégradation des rapports de forces suite à l’échec du mouvement contre la réforme des retraites et à l’offensive sociale et politique des classes dominantes menées hier par la droite et aujourd’hui par le gouvernement de la gauche libérale. Elle renvoie aussi à la difficulté du mouvement anticapitaliste à développer une politique de parti défendant ses propres perspectives, son propre programme, tout en œuvrant à l’unité nécessaire au développement des luttes pour changer le rapport de forces. Entre les quatre plateformes qui se sont constituées pour la préparation de ce congrès et d’un débat démocratique et vivant, les appréciations des causes de notre crise sont différentes, mais une très large majorité des 231 déléguéEs se sont rassemblés, par delà les désaccords, pour défendre l’actualité de notre projet.

Quelle orientation  ?

La suite du débat a porté sur les questions d’orientation. Les éléments d’analyse de la crise dans laquelle la politique des classes dominantes et de leurs États a plongé la société et de la situation française depuis l’arrivée de la gauche libérale au pouvoir, sont largement partagés par une majorité de déléguéEs. La discussion s’est focalisée sur le lien entre notre politique visant à construire les mobilisations pour préparer une contre-offensive et la façon dont nous posons la question de l’alternative politique en lien avec la perspective de la transformation révolutionnaire. Cela s’est notamment cristallisé sur les moyens de construire une opposition politique à la gauche gouvernementale. La discussion sur notre combat féministe a abouti à un large accord ainsi que les discussions sur les questions de fonctionnement qui ont souligné une large aspiration à une vie démocratique du parti associant le droit de tendances à une démocratie ouverte, vivante, dynamique qui vise à l’efficacité de notre combat collectif, une démocratie par en bas qui place les comités au centre. La motion sur notre travail dans les quartiers populaires a elle aussi rencontré un large accord.

Les votes sur les plateformes ont confirmé les votes des assemblées préparatoires. S’il n’a pas été possible d’aboutir à une déclaration permettant de dépasser les clivages entre les plateformes, une motion sur «  les perspectives de construction  » a recueilli une large majorité. Un Conseil politique national élargi aura à décider avant l’été de notre politique par rapport aux échéances des élections municipales et européennes de 2014. Une réunion nationale des comités se tiendra dans l’année pour faire le point sur le travail de refondation, de reconstruction dont ce congrès a jeté les bases. En conclusion, un riche et vivant débat démocratique qui n’a certes pas permis de surmonter toutes les divergences mais a ouvert un vaste chantier pour œuvrer au rassemblement des anticapitalistes à travers l’activité militante, pratique et la poursuite de la discussion tant en interne qu’avec l’ensemble du mouvement social.

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Meeting : sous le signe de l’internationalisme

L’aiguisement de la crise, en particulier en Europe, les processus révolutionnaires toujours en cours dans la région arabe, les tentatives mais aussi les difficultés d’alternatives anticapitalistes partout dans le monde… C’est une profonde conviction qui nous pousse à maintenir la dynamique internationaliste de nos congrès. Nous avions donc invité largement les organisations hors de France avec lesquelles nous avons établi des liens dans notre activité pour mener des combats communs. Sont venus assister au congrès les organisations suivantes  : Socialist Alliance d’Australie, PCI d’Iran, PCOI irakien, le CGR syrien, le PST d’Algérie, Voie Démocratique du Maroc, le PST-U du Brésil, Igualdad du Chili, ISO et Socialist Action des États-Unis, Bloc de Gauche du Portugal, Izquierda Anticapitalista et POR de l’État espagnol, Gauche Abertzale /Bildu d’Euskadi, GA et MPS de Suisse, Sinistra Critica d’Italie, Syriza-France, DEA / Syriza et NAR/Antarsya de Grèce, et le SP de Suède. Michel Warschawski, infatigable combattant anticolonialiste en Israël est également passé. Des organisations des Philippines, d’Indonésie, du Bangla-Desh, de Sri Lanka, du Maroc, de Martinique, du Pérou et du Chili ont également envoyé des messages.

Luttes anti-impérialistes, résistances anticapitalistes

Vendredi soir, le congrès s’est transformé en meeting, pour entendre et applaudir des interventions représentatives de notre préoccupation internationaliste et des luttes de travailleurs. Ainsi, Régis Louail du NPA de Renault-Cléon a présenté les enjeux des luttes actuelles dans l’automobile, avant que notre porte-parole Christine Poupin ne revienne sur les raisons très concrètes de notre opposition à l’intervention menée par la France au Mali, conséquence d’une politique néocoloniale menée depuis soixante ans et non d’une préoccupation humanitaire.

Nous avons ensuite donné la parole à Ghayath Naisse du Courant de la Gauche Révolutionnaire syrien qui s’implique en et hors de la Syrie pour la chute de Bachar Al-Assad, par l’auto-organisation héroïque des masses révoltées et pour une issue socialiste à cette lutte. Enfin, Ricardo Santos Martin d’Izquierda Anticapitalista a illustré par l’exemple de l’État espagnol la brutalité terrible de l’offensive des capitalistes, des institutions européennes et des gouvernements. Après avoir mis en lumière le délitement de l’État par la corruption mais aussi une complexe affirmation de logiques nationales en Catalogne et Euskadi, il a conclu sur les résistances qui se développent dans son pays  : depuis le puissant mouvement des «  Indignados  » et la recherche d’une contre-offensive efficace pour battre les plans de destruction des acquis sociaux et ­démocratiques de la population.

De nombreux invités
-  Outre des organisations venues d’autres pays, ont assisté à notre congrès des représentantEs de nombreuses organisations françaises. Nous remercions donc pour leur présence :Alternative libertaire, les Alternatifs, Convergence et alternative, la FASE, la Gauche anticapitaliste, la Gauche unitaire, Lutte ouvrière, le Parti de gauche, le collectif Saint-Just des sans-papiers de Paris 17e, l’inter-collectif de solidarité avec les luttes des peuples du monde arabe... Le MOC a envoyé un message.

8 février 2013, par NPA 49

[1] On lira à ce propos le communiqué du syndicat national des journalistes SNJ-CGT :
-  Haro médiatique sur les « salariés voyous »
-  Les médias (à quelques exceptions près) ont trouvé les responsables de la crise… Il y aurait pire que les patrons voyous, aujourd’hui les casseurs d’emplois seraient les grévistes et les syndicalistes qui refusent la violence des licenciements.
-  A lire et à écouter la plupart des médias, les grévistes feraient régner la terreur dans les ateliers de Psa à Aulnay-sous-Bois. Chez Goodyear à Amiens, les salariés qui ont refusé « par dogmatisme » des conditions de travail et des salaires indignes auraient alimenté leur propre malheur. Du Figaro à Libération en passant par les ondes publiques et privées sont pointés du doigt tous ceux qui résistent à l’inhumaine loi du capital.
-  Dans un récent « Mots croisés » ayant pour thème le chômage, un des invités, Benjamin Coriat, co-président des Économistes atterrés, a pu à juste titre s’indigner de l’absence sur le plateau d’un représentant de la CGT alors que ce syndicat était mis au banc des accusés. Les citoyens ont besoin d’une information de qualité, qui donne à comprendre les mécanismes de la crise, qui donne à entendre les arguments et les propositions des syndicalistes.
-  Comme ils ont besoin de comprendre pourquoi la presse est absente des kiosques, pourquoi les ouvriers de Presstalis défendent un système de distribution coopératif et solidaire. Les lecteurs du Figaro continueront de croire que les ouvriers de la distribution gagnent plus de 5000 € mensuels et qu’ils s’arqueboutent sur des emplois fictifs. Ils ne sauront jamais que, depuis 1994, les effectifs de Presstalis sont passés de 6000 à 2000 salariés et que 1250 postes doivent encore être supprimés. Ils ne sauront jamais que les salaires ne dépassent pas les 2400 €. Les lecteurs de Libération ne le sauront pas non plus d’ailleurs. Nicolas Demorand, rédacteur en chef de Libération, a laissé claquer sa colère contre les grévistes de Presstalis en écrivant « qu’un kiosque vide était une sinistre image dans un pays démocratique ». Pour une fois, le SNJ-CGT sera d’accord avec lui : il serait effectivement sinistre pour la démocratie qu’une fois Presstalis liquidé on ne puisse plus trouver, dans tous les kiosques et points de vente, tous les titres de son choix.
-  On veut faire croire à l’opinion publique que les casseurs sont les salariés en lutte pour sauver leurs usines, leurs emplois. Mais qui aujourd’hui met de l’huile sur le feu des luttes sociales sinon le ministère de l’Intérieur qui tente de criminaliser les grévistes et les syndicalistes en évoquant « des risques d’incidents et les éventuelles menaces sur l’outil de production en cas de radicalisation d’un conflit ». Pourtant, n’est-ce pas un jeune ouvrier d’Arcelor Mital qui vient de perdre un œil d’un tir de flash-ball en pleine tête, avant de perdre son emploi ? CQFD.
-  Le SNJ CGT dénonce cette violente offensive lancée avec le MEDEF et les patrons de presse contre les salariés et leurs syndicats en lutte, de PSA à Presstalis. Alors que de Bolloré à Dassault, de Lagardère à Bouygues et de Bergé, Pigasse Niels à Lucas, on "dégraisse" les rédactions, on concentre à qui mieux pour vendre une information light, qui lutte pour défendre le pluralisme ?
-  Montreuil, le 8 février 2013

[2] On lira à ce propos le communiqué du syndicat national des journalistes SNJ-CGT :
-  Haro médiatique sur les « salariés voyous »
-  Les médias (à quelques exceptions près) ont trouvé les responsables de la crise… Il y aurait pire que les patrons voyous, aujourd’hui les casseurs d’emplois seraient les grévistes et les syndicalistes qui refusent la violence des licenciements.
-  A lire et à écouter la plupart des médias, les grévistes feraient régner la terreur dans les ateliers de Psa à Aulnay-sous-Bois. Chez Goodyear à Amiens, les salariés qui ont refusé « par dogmatisme » des conditions de travail et des salaires indignes auraient alimenté leur propre malheur. Du Figaro à Libération en passant par les ondes publiques et privées sont pointés du doigt tous ceux qui résistent à l’inhumaine loi du capital.
-  Dans un récent « Mots croisés » ayant pour thème le chômage, un des invités, Benjamin Coriat, co-président des Économistes atterrés, a pu à juste titre s’indigner de l’absence sur le plateau d’un représentant de la CGT alors que ce syndicat était mis au banc des accusés. Les citoyens ont besoin d’une information de qualité, qui donne à comprendre les mécanismes de la crise, qui donne à entendre les arguments et les propositions des syndicalistes.
-  Comme ils ont besoin de comprendre pourquoi la presse est absente des kiosques, pourquoi les ouvriers de Presstalis défendent un système de distribution coopératif et solidaire. Les lecteurs du Figaro continueront de croire que les ouvriers de la distribution gagnent plus de 5000 € mensuels et qu’ils s’arqueboutent sur des emplois fictifs. Ils ne sauront jamais que, depuis 1994, les effectifs de Presstalis sont passés de 6000 à 2000 salariés et que 1250 postes doivent encore être supprimés. Ils ne sauront jamais que les salaires ne dépassent pas les 2400 €. Les lecteurs de Libération ne le sauront pas non plus d’ailleurs. Nicolas Demorand, rédacteur en chef de Libération, a laissé claquer sa colère contre les grévistes de Presstalis en écrivant « qu’un kiosque vide était une sinistre image dans un pays démocratique ». Pour une fois, le SNJ-CGT sera d’accord avec lui : il serait effectivement sinistre pour la démocratie qu’une fois Presstalis liquidé on ne puisse plus trouver, dans tous les kiosques et points de vente, tous les titres de son choix.
-  On veut faire croire à l’opinion publique que les casseurs sont les salariés en lutte pour sauver leurs usines, leurs emplois. Mais qui aujourd’hui met de l’huile sur le feu des luttes sociales sinon le ministère de l’Intérieur qui tente de criminaliser les grévistes et les syndicalistes en évoquant « des risques d’incidents et les éventuelles menaces sur l’outil de production en cas de radicalisation d’un conflit ». Pourtant, n’est-ce pas un jeune ouvrier d’Arcelor Mital qui vient de perdre un œil d’un tir de flash-ball en pleine tête, avant de perdre son emploi ? CQFD.
-  Le SNJ CGT dénonce cette violente offensive lancée avec le MEDEF et les patrons de presse contre les salariés et leurs syndicats en lutte, de PSA à Presstalis. Alors que de Bolloré à Dassault, de Lagardère à Bouygues et de Bergé, Pigasse Niels à Lucas, on "dégraisse" les rédactions, on concentre à qui mieux pour vendre une information light, qui lutte pour défendre le pluralisme ?
-  Montreuil, le 8 février 2013