S’opposer à toute relance du nucléaire !

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Le danger nucléaire Des deux bombes issues du projet Manhattan aux liquidateurs de Tchernobyl puis à l’European Pressurized Reactor (EPR), l’histoire du nucléaire est jalonnée d’incidents, d’accidents, et de catastrophes. La situation actuelle est celle d’une inflation de l’offre et de la demande mondiale pour le nucléaire civil, expression trompeuse car il n’y a pas loin du civil au militaire.

Un des principaux acteurs est la France avec AREVA : c’est même le seul avec l’EPR. La France a mené une politique du nucléaire, dès la fin de la seconde guerre mondiale, qui l’a conduite à une surproduction actuelle et, corrélativement, à une faiblesse structurelle des énergies alternatives douces. La politique nucléaire y est le domaine réservé du Chef de l’état, depuis toujours. Les acteurs de cette politique sont principalement l’État français via AREVA et ses partenaires : EDF, GDF/SUEZ, ALSTOM, BOUYGUES etc. Les investissements sont non seulement colossaux mais ont une durée très longue, plusieurs décennies, or AREVA ne dispose plus de cash et le cours de son action boursière baisse. Le nucléaire a donc besoin d’argent frais ! ...nous saurons bientôt comment l’état entend renflouer cette industrie.

La demande énergétique en France est satisfaite et ne nécessite pas de construire un EPR dixit EDF. Quid du second ? La problématique est la suivante : comment remplacer les actuels réacteurs de deuxième génération quand ils arriveront en fin de vie ?? ... et l’EPR constitue-t-il bien une troisième génération ???

Les gouvernements ont toujours affirmé apporter un soin particulier aux conditions de travail dans le nucléaire ... qu’en est-il en pratique ? Les populations locales ont-elles vraiment leur mot à dire dans les extensions des sites et les implantations d’enfouissements des déchets ?? L’information sur le nucléaire est très technique et n’est pas si aisée à maîtriser sans transparence. La démocratie est bafouée à tous les niveaux, ... alors n’est-ce pas une gageure d’informer simplement le peuple ?

-  I - La mise en évidence de la fission nucléaire dès le début de l’année 1939 et trois ans plus tard la certitude qu’une bombe était possible ont conduit à rassembler tous les projets épars en un seul : le projet Manhattan. La première bombe, l’équivalent de 20.000 tonnes de TNT, baptisée « Gadget » explosa le 16 juillet 1945. Trois semaines après étaient lâchées Little Boy sur Hiroshima le 6 août et Fat Man le 9 sur Nagasaki.Des centaines de milliers de personnes touchées, la plupart gravement, et des morts par dizaines de milliers. L’ère du nucléaire s’ouvrait en ce milieu du XXe siècle. Dès le début, des bombes nucléaires ont été « perdues » ainsi que des têtes nucléaires quand ce ne sont pas des sous-marins à propulsion nucléaire qui coulent ( une dizaine de connus ...) ou se percutent. En 1979 à Three Miles Island un accident d’alimentation en eau amena rapidement un cafouillage de très grande ampleur et la catastrophe fut évitée de justesse : six années plus tard une caméra, introduite dans la cuve, montrera la fonte d’une grande partie du combustible (= le coeur) sans que la cuve ait été traversée.

Mais en 1986 c’est la catastrophe de Tchernobyl où la fusion du coeur d’un réacteur mobilisa des centaines de milliers de personnes, les liquidateurs/nettoyeurs (civils et militaires), qui sont intervenus immédiatement et pendant des années. Beaucoup ont développé toutes sortes de cancers rares, trop sont morts, et les survivants ne sont pas encore à ce jour décemment indemnisés ! Plus près de nous, le site du Tricastin ne fait que multiplier des incidents qui mettent en relief les manques de transparence et d’informations !

-  II - Les dangers du nucléaire ne viennent pas seulement des aléas du transport ou du (dys)fonctionnement des réacteurs mais aussi des irradiations (exposition externe) et des contaminations (exposition interne) par l’air, l’eau ou les aliments. Les effets sont plus ou moins néfastes selon les doses de radiation reçues, le type de rayonnement et le temps d’exposition. En plus de ces dangers, la particularité du nucléaire est de générer des déchets en quantité importante et dont ne ne savons que faire ! Les blouses, masques, gants et chaussons sont des déchets ... les filtres, les outils et le petit matériel aussi. L’ensemble des déchets faiblement radioactifs représente chaque année dans le monde 200.000 tonnes : un cube d’environ 60m de côté ! Les déchets hautement radioactifs, extrêmement dangereux, ne représentent qu’un cube de 20m de côté ... N’oublions pas les gravats, ferrailles, tuyauterie etc. provenant du démantèlement des centrales et ayons une pensée pour les quelques cinquante millions de tonnes de résidus du traitement des minerais, du temps où la France exploitait ses mines d’uranium. Ces résidus ne sont pas des déchets selon le droit minier. Le principal problème, non résolu, réside évidemment dans le stockage de tous ces déchets ...

-  III - La France est principalement en grande et double dépendance par le pétrole et par le nucléaire, qui sont deux formes d’énergie non pérennes. L’énergie nucléaire n’est pas "la" solution sur laquelle nous devons investir pour l’avenir, car c’est une énergie très majoritairement de transition et nous devons dès maintenant en préparer le remplacement. Cela nécessite d’investir davantage, donc massivement, dans la recherche sur les énergies renouvelables (solaire, éolien, biomasse, cycle de l’eau, marées, géothermie ... etc.). La part de marché mondiale du nucléaire dans la production électrique va passer de 15% en 2006 à 13% en 2015 à 10% d’ici à 2030, selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) . Pourtant la demande d’électricité ne va pas se ralentir : au sein de l’OCDE elle va augmenter de 1,1% par an en moyenne entre 2006 et 2030 et autour de 4% pour les pays non membres. C’est à la suite du Protocole de Kyoto (1997), sur une idée de Al Gore, que l’Europe a décidé en 2003 de créer entre ses états un système d’échange du gaz carbonique (CO2) avec mise en application dès 2005. Depuis les bourses « vertes » fleurissent partout. C’est d’ailleurs avec un aplomb étonnant que les industriels du nucléaire déclarent leur industrie propre parce qu’elle ne dégage pas de CO2 !

-  IV - C’est la France qui accueille ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor) à Cadarache, situé sur la plus active des failles sismiques. Ce projet, expérimental et international, ayant pour but de trouver une énergie propre et durable, est très couteux et son succès n’est pas assuré. Il s’agit, en clair, de maîtriser un petit soleil à la surface de notre planète. Cela nécessite des matériaux de confinement (idéalement nous n’en connaissons pas) pour le plasma à très hautes températures et du combustible : le tritium. Le tritium n’existe qu’à l’état de trace et il faut le produire à des coûts exorbitants. Il est hautement pénétrant et augmente les risques d’accidents graves du travail et aussi de prolifération nucléaire car il est très recherché par les militaires pour doper les bombes H. Cependant le problème insurmontable sont les neutrons rapides qui irradieront les matériaux de l’enceinte de confinement qu’il faudra changer régulièrement : il est donc FAUX de soutenir que la fusion ne générera pas de déchets radioactifs. Cette précipitation vers le contrôle de la fusion sur Terre est une envolée des milieux scientifique et nucléaire vers encore plus de captation de crédits. Selon certains scientifiques il s’agirait d’un moyen de financer indirectement l’industrie nucléaire.

-  V - On constate plutôt un bon accueil des populations et des élu(e)s pour toute nouvelle implantation nucléaire. L’EPR de Flamanville en est un exemple. Tout récemment, 3000 communes se sont portées volontaires pour accueillir des déchets radioactifs (1 commune sur 12). Mais 70% des français se déclarent mal informés sur le nucléaire. Et quelles sont les conditions de travail dans ces lieux de l’atome ? Mi-janvier 2009, à l’appel de la CGT, la grève des personnels de conduite des centrales nucléaires d’EDF a causé une baisse de 10% de la production électrique française. Il s’agissait de réclamer la reprise du "dialogue" social jugé "en panne". Les travailleurs/euses sont-ils bien informés(e)s des risques ? Souvent, de filiale en filiale et de sous traitance en sous traitance, les travaux les plus exposés à la radioactivités, le maniement du MOX par exemple, sont réalisés par du personnel intérimaire/précaire qui ne travaille que quelques temps dans le nucléaire, n’est pas réembauché et disparait dans la nature ! Pour certains ... avec leurs cancers qui ne sont donc pas attribués à l’industrie nucléaire, pourtant en cause. Qu’en est-il donc de la protection au quotidien ? de l’hygiène très stricte nécessaire ?? Tout cela mérite questionnement ... et réponses.

-  VI - Historiquement EDF et GDF sont issus du Conseil National de la Résistance. Les changements de statuts, la privatisation et la séparation de ces deux grands groupes puis la fusion de GDF avec SUEZ sont des absurdités et le gouvernement s’abrite derrière des directives européennes pour refuser d’acter son échec : la concurrence n’a pas amené les baisses de prix annoncées (en admettant que c’était le but réellement poursuivi !). De plus les services rendus ont été dégradés et les solidarités liées au service public détruites. La sécurité énergétique de la France est fragilisée. Un grand débat sur un Service Public et le secteur public de l’Énergie s’impose pour :

· avoir la maîtrise publique de la politique énergétique du pays ;

· assurer la sécurité des approvisionnements ;

· garantir la stabilité des prix ;

· établir l’égalité de traitement sur tout le territoire.

-  VII - La solution n’est pas tant de répondre par OUI ou par NON à la célèbre question « POUR ou CONTRE le nucléaire ? » que d’apporter une réponse cohérente avec les problèmes soulevés :

· Appeler à un moratoire pour l’EPR2 !

· Exiger l’application des nombreux textes parlant de sécurité, de transparence...

· Militer pour le maintien (et le dépassement) des objectifs en énergies renouvelables !

· Appuyer les campagnes pour l’interdiction des exportations des déchets nucléaires !

· Affirmer : NON aux privatisations des grands acteurs du secteur public de l’énergie !

· Réclamer un audit général du nucléaire !

L’urgence plus que jamais est là : ne voyons-nous pas fleurir en ce moment des annonces de mini centrales nucléaires transportables de quelques mètres-cubes : les états-uniens, les japonais ... et même les russes avec un modèle flottant !

...à suivre...

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Sortir du nucléaire !
2 mars 2009