Zone Océane 3 : Déni d’urgence climatique

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Nous reproduisons ici l’intégralité du Communiqué de presse des Soulèvements de la Terre d’Angers qui fait suite à la très discrète réunion publique organisée par Angers Loire Métropole (ALM) le 15 février à Verrières-en-Anjou. À nouveau, les Soulèvements de la Terre affirment leur opposition déterminée à « Nouvelle Océane », alias « Océane 3 », projet écocide et productiviste d’extension de la zone d’activités au nord d’Angers qui fut défendu au cours de cette réunion par le chargé de l’urbanisme et du logement d’ALM. 

Zone Océane 3 : Déni d’urgence climatique.

La vingtaine de membres des Soulèvements de la terre qui a assisté, jeudi 15 février à la réunion publique de concertation sur le projet de la zone d’activités de la Nouvelle Océane à Verrières-en-Anjou n’a pas été convaincue par la dernière mouture proposée par Angers Loire Métropole (ALM) et Anjou Loire Territoire (ALTER). Au contraire, les points de crispation soulevés par les intervenant·e·s notamment riverain·e·s ont renforcé leur détermination à obtenir l’abandon de ce projet.

Nos choix ne sont pas ceux d’ALM

Si nous pouvons reconnaître la validité de certaines orientations d’ALM dans le sens du Zéro Artificialisation Nette (ZAN) des sols ou de recherche de friches industrielles et commerciales, il n’en reste pas moins que c’est bien trop tardif, pas assez déterminé ni assez ambitieux pour répondre au défi climatique. Pour les Soulèvements de la Terre, l’arrêt immédiat de toute artificialisation des sols doit être prioritaire sur la construction de nouvelles zones d’activité économique, aucune n’étant cruciale au point d’autoriser à continuer la destruction du vivant. Il est urgent qu’ALM affirme sa priorité climatique !

Tour de passe-passe des élu·e·s

Rien dans les données du projet ne permet d’affirmer comme l’a fait M. Brancour, 5ème vice-président d’ALM, chargé de l’urbanisme et du logement, qui animait la réunion, que la zone aménagée a été divisée par trois au fil des évolutions. En effet, si la zone d’étude a bien diminué de 150ha à 125ha, la zone d’aménagement envisagée (40ha) est restée grosso modo du même ordre de grandeur que celles des quatre scénarios précédents (36 à 68 ha) avec l’ambiguïté de la création d’un périmètre "projet" de 100ha laissant planer la menace d’un aménagement plus étendu dans le futur…

L’approche "inversée" d’ALM sur le projet, consistant à soustraire d’emblée ce qui est à protéger, n’est pas convaincante :
-  72% des zones humides du périmètre d’étude et le bois classé au sud ouest sont encore dans le territoire destiné à l’aménagement. Pourquoi exposer ces écosystèmes fragiles en pleine zone aménageable s’ils doivent être protégés ?
-  5% sont d’emblée déclarées condamnées et donc non protégées.
-  23% des zones humides se retrouveraient au beau milieu de parcelles aménageables et laissées aux bons soins de leurs propriétaires ou locataires.

Angers Loire Métropole s’engage, selon M. Brancour, “à faire respecter une charte verte d’aménagement des parcelles” particulièrement scrupuleuse, avec la protection des zones humides, le maintien de la perméabilité des sols et l’écoconstruction avec des matériaux biosourcés. Formidable !

Mais comment accorder du crédit à un tel engagement quand la métropole ne parvient même pas à imposer à l’entrepôt Action le simple respect de la loi nationale en vigueur sur la pollution lumineuse nocturne ou quand la zone humide de compensation créée lors de la 2ème tranche Océane est, à ce jour, complètement inopérante ?

Vous avez dit plus vert ?

L’énorme voirie dédiée aux poids lourds traversant la zone entre l’entrepôt Action et Geodis nécessiterait l’abattage de tous les arbres qui bordent la petite route actuelle et constituerait une rupture nette de la continuité des espaces naturels. Le flux de camions apporterait son cortège de nuisances sonores et de pollutions. Le projet verrait 70 ha de terres cultivées, pour moitié en bio, sacrifiées sur l’autel du sacro-saint développement économique, au moment même où la question de la souveraineté alimentaire locale devient cruciale.

Agir avant qu’il ne soit trop tard

L’urgence écologique est là. L’effondrement de la biodiversité est réel, le réchauffement climatique palpable. Les chiffres sont clairs et les rapports du GIEC limpides. En octobre 2018, cette instance internationale prévenait que seules des mesures radicales et immédiates permettrait de maintenir le réchauffement climatique à 1,5°C. Or, il n’y a rien de radical dans ce projet si ce n’est l’obstination de la majorité d’ALM à le faire aboutir.

Il conviendrait de redéfinir les priorités politiques, de tout mettre œuvre pour utiliser les nombreux hectares de friches industrielles et commerciales inoccupés ainsi que les réserves foncières capitalisées par l’agglomération (20ha) en privilégiant la construction de logements et de densifier les zones déjà artificialisées.

Défendre une agriculture qui favorise une alimentation locale de qualité et pourvoyeuse d’emplois essentiels n’est pas compatible avec un perpétuel étalement urbain. Nous devons faire avec l’existant, faire mieux, dans une vraie dynamique de concertation, c’est à dire à l’écoute des citoyen·ne·s, des associations et des milliers de scientifiques qui alertent sur le bouleversement climatique en cours. Le collectif continue à se mobiliser pour l’arrêt de ce projet et de l’artificialisation des sols sur ALM dès 2025.

Le 18/02/2024

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Annexes :
-  Article du Courrier de l’Ouest du 16/02/2024 (compte rendu de la réunion du 15 février, par Philippe Rubion)
-  Article d’Ouest-France du 16/02/2024 (où Roch Brancour, vice-président en charge de l’urbanisme et de l’aménagement à Angers Loire métropole, tente de justifier le projet d’extension).

19 février, par NPA 49