Ciao Lucie ! On lâche rien !

Partager

Lucie est morte. C’est plus qu’une militante que tous ses anciens camarades du NPA49 pleurent aujourd’hui. Toutes et tous, nous garderons le souvenir d’une jeune femme essayant avec ténacité de lutter contre un destin personnel injuste et tragique sans rien abdiquer de ses convictions politiques. Nous saluons sa mémoire et nous adressons à Maurice et Catherine, à Josie, à ses frères et à toute sa famille notre salut fraternel et solidaire.

JPEG - 68.3 ko
Lucie en 2002
Lors d’un meeting de la LCR 49 à Angers.

Lucie fut très tôt sympathisante du mouvement anticapitaliste, venant à ses meetings ou militant à SUD étudiant. Étudiante à Rennes en 2006, elle y milita activement sur le plan syndical et politique et devint l’un des principaux animateurs de la grande mobilisation de la jeunesse contre le CPE. [1] Hélas pendant l’été 2007, un terrible accident de voiture la rendit paraplégique. Après un long coma, elle lutta pied à pied pour récupérer physiquement et mentalement, pour surmonter les obstacles que lui opposait son propre corps. En 2009, elle adhéra au NPA 49 naissant et s’investit au niveau national dans la commission Handicap ; par le web, mais aussi par sa présence physique, comme en 2010 lors de l’université d’été de Port Leucate. Dans son fauteuil roulant, elle participait aux Marches de fierté angevines ou aux manifestations contre la réforme Sarkozy des retraites. À la longue, elle parvint même à gravir seule les marches de l’escalier étroit qui menait à notre salle de réunions. Cependant, elle restait désespérément privée de la vie pleine et entière à laquelle sa jeunesse aurait dû lui donner droit. Aux mails caustiques qu’elle aimait nous envoyer, se mêlait toujours plus de désespoir. La défaite sur les retraites rétrécit encore un peu plus son horizon. Fin novembre 2010, elle se jeta par la fenêtre de son studio. Elle survécut à la chute, mais pour se retrouver tétraplégique et avec une santé des plus fragile. D’une structure d’accueil inadaptée à l’autre, elle survécut ainsi pendant près de trois ans. En juin, Lucie avait obtenu son transfert à Angers et de meilleures conditions d’existence. Elle retrouva un peu le goût de vivre et, par quelques mails ou messages sur Facebook, recommença à sa façon à faire de la politique. Mais, alors qu’une perspective d’accueil dans un véritable institut spécialisé venait de s’ouvrir, une nouvelle pneumopathie s’est déclarée. En toute conscience, elle a jugé qu’il fallait en finir avec une survie médicalisée sans espoir.

Durant l’ultime entretien qu’elle donna à ses proches, celle qui venait de décider que sa souffrance avait assez duré s’interrogeait encore sur l’avenir d’une force anticapitaliste unifiée face à la poussée des idées xénophobes et fascistes. Lucie est restée jusqu’au bout une militante dans l’âme. Le meilleur hommage que nous puissions lui rendre est de continuer ou reprendre son combat, notre lutte. On lâche rien !

JPEG - 194.7 ko
"Notre ombre est faite d’émotions, de pensées et de pulsions que nous refusons parce qu’elles sont trop douloureuses, embarrassantes ou désagréables. Au lieu de les traiter, nous les enfermons dans un coin de notre psyché, pour ne pas avoir à en ressentir le poids ni la honte." (Debbie Ford)
11 novembre 2013, par NPA 49

[1] Sur cette lutte, voir la vidéo : Lucie durant la mobilisation contre le CPE en 2006, où l’on voit notamment Lucie galvaniser une AG de plusieurs milliers d’étudiants et résister à l’agression physique du président de l’université qui tente de lui arracher le micro...