La colère est légitime ! Désarmement de la police ! Darmanin démission !

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Depuis la mort de Nahel, les quartiers populaires se mobilisent. Cette mobilisation est légitime. La source de la violence est du côté de l’État français, de sa police, de ses représentants actuels, Darmanin et Macron, et passés. Ils sont les seuls responsables de ce qui est arrivé et de ce qui arrive aujourd’hui.

Un État capitaliste de plus en plus policier

L’État français est engagé dans la voie néolibérale, au moins depuis les années 1980 : déliquescence organisée des services publics, détournement de l’argent public vers les (grosses) entreprises capitalistes. Petit à petit, tous les amortisseurs sociaux ont été rognés. Ce qui reste vraiment, c’est l’État régalien, l’État policier. La police est devenue l’intermédiaire principal entre l’État garant de l’ordre capitaliste et la classe travailleuse. Depuis des années, le pouvoir renforce l’arsenal policier - avec des armes toujours plus agressives - contre les “classes dangereuses” et en particulier contre les quartiers les plus déshérités, les ghettos où sont concentrés de larges contingents des populations issues de l’immigration des XXe et XXIe siècles, là où règnent chômage et précarité. Tout en le niant ou en prétendant le combattre, l’État cultive le racisme d’une part importante du personnel policier chargé de poser le couvercle sur cette marmite sociale. Et les violences policières commises sont, sauf rare exception, sans conséquences pour ceux qui les commettent, avec une impunité organisée. Dans la police, c’est l’extrême droite qui donne le ton. Rappelons que les organisations policières majoritaires ont défilé sur les Champs-Élysées, qu’elles réclament toujours plus de libertés pour tuer.

Tout cela, Macron et Darmanin le gèrent, y collaborent, y contribuent, en soutenant et en renforçant cette impunité, par les multiples lois racistes et liberticides qui donnent de la force à la police et à l’extrême droite : loi séparatisme, lois sécuritaires, etc. Sans parler de la gestion autoritaire du Covid et de la répression contre les mobilisations sociales et écologistes... Si le pouvoir de Macron est tellement répressif (et il n’est malheureusement pas le seul dans le monde), c’est parce que la répression est la réponse de la Bourgeoisie prédatrice à la crise économique, écologique, sociale et politique majeure dans laquelle nous sommes plongé·e·s.

Une révolte contre le racisme et l’autoritarisme

La mobilisation des quartiers peut être une chance pour l’ensemble des classes populaires et pour le monde du travail : elle peut devenir l’amorce d’une mobilisation sociale pour la justice, contre la répression policière, contre le pouvoir autoritaire qui s’est incarné récemment par les méthodes antidémocratiques utilisées pendant le mouvement sur les retraites, avec le 49-3, le 47-1, etc. Cet autoritarisme s’exprime depuis des années, avec les interdictions de manifestations, les violents épisodes de répression, mais aussi les dissolutions du CCIF et des Soulèvements de la Terre. Ainsi, sur ordre de Darmanin, le préfet du Maine-et-Loire vient d’interdire la manifestation appelée ce 30 juin à Angers contre les violences policières. Comme si interdire une manifestation pacifique (appelée par le Mouvement national lycéen 49, ridiculement qualifié “ultra-gauche” par le préfet dans son arrêté d’interdiction) n’était pas une raison de plus d’exacerber la colère qui se manifeste dans les quartiers populaires et ailleurs ! [1]

Justice pour toutes et tous !

La justice, c’est d’abord la justice pour Nahel, pour Adama, pour Zyed et Bouna, pour les trois jeunes de Paris 20e percutés par une voiture de police, pour toutes les victimes de violences policières, pour les personnes mutilées dans les mobilisations. Les coupables doivent être sanctionnés, les victimes et leurs familles doivent être dédommagées. Il faut en finir avec les mises en détention préventive, libérer les jeunes emprisonnés du fait des manifestations de ces dernières nuits. Toute la responsabilité de ces évènements est, rappelons-le, du côté du pouvoir. Il faut rétablir les transports en commun dans les quartiers, refuser toute mise en place d’un état d’urgence ou de couvre-feu.

Il faut désarmer la police au contact de la population, immédiatement. Et Darmanin doit démissionner.

Au-delà, il faut de la justice sociale : la colère qui se révèle aujourd’hui est en même temps l’expression d’une révolte bien plus profonde, contre le racisme, contre la pauvreté qui se renforce, notamment du fait de l’inflation, des faibles salaires, de la précarité, des attaques contre l’assurance chômage, de la casse des services publics…

Soutenir et étendre une révolte légitime

Le NPA appelle à se mobiliser aux côtés des jeunes révolté·e·s, à se rassembler devant les mairies, chaque soir, pour exprimer nos revendications. Il appelle les organisations du mouvement ouvrier, syndicats, associations, partis, à se réunir au plus vite pour discuter de comment construire une mobilisation à la hauteur et avec les formes qui permettent de soutenir la révolte en cours, d’obtenir la justice et de lancer l’offensive contre le pouvoir antidémocratique de Macron et son gouvernement.

30 juin 2023, par NPA 49

[1] Ajout du 01/07 : finalement, 300 personnes se sont rassemblées pacifiquement du côté du jardin du mail. À 20h40 cependant, alors que, selon le journaliste du Courrier de l’Ouest présent sur place, la foule était “calme”, “des premiers gaz lacrymogènes ont été tirés”. Il s’en est logiquement suivi des affrontements et des dégradations diverses. Schéma habituel : la police, sur ordre, provoque elle-même les incidents contre lesquels elle dit vouloir lutter...