Macron et Darmanin partout, justice nulle part !

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La séquence politique que nous avons vécue ces dernières semaines est une leçon de choses. Les opprimé·e·s devraient accepter de se faire exécuter tandis que des dirigeants politiques réclament davantage de permis de tuer pour la police. Peines « exemplaires » pour les uns, circonstances atténuantes pour les autres : il est urgent de mettre un terme à cette violence institutionnelle antisociale et raciste déployée par un État français dont le seul objectif est la survie d’un ordre socialement injuste et écologiquement suicidaire, celui du capitalisme.

Après le meurtre de Nahel, la façon dont le gouvernement a répondu à l’immense vague de colère et à la révolte spontanée des quartiers populaires confirme la nature profonde du pouvoir macroniste : antisocial, antidémocratique, raciste, autoritaire…

Qui sont les violents ?

Depuis le printemps, l’exercice du pouvoir par Macron, Borne, Darmanin et Cie a été marqué par de très nombreuses violences, physiques comme institutionnelles. Ainsi, le rapport publié lundi par les observatrices et observateurs sur ce qui s’est passé à Sainte-Soline le 25 mars confirme la violence de la répression exercée sur place contre la mobilisation, et par là même le caractère mensonger de la version défendue par le ministre de l’Intérieur.

Oui, il y a bien entrave aux secours : « Alors que la zone était calme pendant une heure, les autorités ont entravé les secours au mépris de la vie humaine. Elles ont choisi de ne pas secourir les blessé·e·s en détresse vitale ». Oui, il y a bien eu des tirs de LBD depuis des quads en direction des manifestant·e·s ; et contrairement à ce que dit l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), les gendarmes ne se trouvaient pas en situation de légitime défense lorsqu’ils ont tiré au LBD. Oui, le rapport documente des tirs de grenades sur les blessé·e·s et les élu·e·s qui les protégeaient alors qu’iels se trouvaient à distance et étaient tout à fait identifiables…

Pour écraser une mobilisation qualifiée d’ « écoterroriste », le pouvoir devait criminaliser à tout prix : avant, afin de légitimer l’action violente des innombrables « forces de l’ordre » présentes sur place ; après, afin de justifier la dissolution des Soulèvements de la terre et la mise en garde à vue de nombreux et nombreuses militant·e·s écologistes.

Riposter, toutes et tous ensemble

C’est dans la suite de multiples violences contre les mobilisations, qu’il faut appréhender la politique mise en œuvre ces deux dernières semaines. La mort d’un adolescent de 17 ans, abattu à bout portant par un policier pour un prétendu refus d’obtempérer, les images choquantes de l’exécution qui ont largement circulé sur les réseaux sociaux, tout cela a entraîné une colère parfaitement légitime, avec un soulèvement immédiat dans de nombreux quartiers populaires et des mouvements spontanés tournés contre les forces de répression ou différents bâtiments, notamment des commissariats.

Dans le contexte d’un déferlement autoritaire et raciste porté par l’ensemble de la droite et de l’extrême droite, la réponse du pouvoir s’est sans surprise située sur le terrain sécuritaire, assumant pleinement le quadrillage policier des quartiers, une « justice » expéditive et arbitraire contre la jeunesse, et l’interdiction des manifestations de solidarité avec les révoltes ou d’opposition aux violences policières. C’est en particulier le cas de la manifestation initiée par le comité Vérité et justice pour Adama, interdite d’abord à Beaumont-sur-Oise, puis à Paris. Cela n’a pas empêché la tenue d’un rassemblement et d’une manifestation dynamique et digne, mais la BRAV-M a néanmoins interpellé Yssoufou Traoré avec une violence intolérable, tout en s’en prenant physiquement aux journalistes présents.

À l’exception notable du PS et du PCF, la gauche sociale et politique – syndicats, associations et forces politiques – a su se rassembler pour apporter son soutien aux collectifs de quartiers populaires et aux familles de victimes des violences policières qui sont en première ligne. Ce fut le cas à Angers samedi 8 juillet où 250 personnes se sont rassemblées au jardin du mail autour de l’appel « Notre pays est en deuil et en colère ». Une convergence inédite qui n’a certes pas suffi à mobiliser massivement mais qui donne un bon signal pour la suite. [1]

Car la lutte doit continuer :
-  contre leur ordre policier. Cela passe notamment, pour le NPA, par la dissolution des BRAV-M et des BAC, ainsi que par le désarmement de la police au contact de la population. Cela passe aussi par des réelles sanctions contre les policiers auteurs de violences (Mesure ignoble parmi tant d’autres, conservatoire sans caractère disciplinaire mais avec un vrai soutien financier, Darmanin a maintenu un « plein traitement » au policier meurtrier de Nahel actuellement suspendu...)
-  pour une autre répartition des richesses, afin notamment d’augmenter les salaires, de faire reculer la précarité, de réduire massivement le temps de travail et de relancer les services publics.
-  pour mettre fin aux productions inutiles et nuisibles (avec reconversion assurée des salarié·e·s), au productivisme capitaliste et amorcer vraiment une transition écologique démocratiquement décidée par toutes et tous.

Le mardi 11 juillet 2023

11 juillet 2023, par NPA 49

[1] Dans le cas de la manifestation angevine, le début des vacances scolaires, la précipitation avec laquelle l’appel a été relayé ainsi que la chaleur caniculaire expliquent partiellement le nombre limité de personnes présentes : essentiellement des militant·e·s associatifs (LDH, AFPS, MDLP, Quazar...), quelques Gilets jaunes et des syndicalistes (de Solidaires pour la plupart, mais avec représentation de la CGT et de la FSU). Des militant·e·s de l’UCL, du NPA-Jeunes, du NPA, d’EELV étaient également là mais, malheureusement, une fois encore à cette occasion, la jonction avec les quartiers populaires ne s’est pas faite... Cela n’a pas empêché la préfecture de dépêcher force policiers armés autour du rassemblement pourtant autorisé...