Université d’Angers : mauvais coup contre le service public

Partager

Le CA de l’université d’Angers (élu ou nommé en 2008 dans les conditions très peu démocratiques de la loi LRU [a], avec un fort taux d’abstention) a voté le 3 juillet en faveur du passage aux "responsabilités et compétences élargies" (titre III de la loi LRU) au 1er janvier 2010 par 22 voix contre 6 (dont les élus syndicaux FSU-UNSA-FO des personnels enseignants et non enseignants) et un blanc.

Désormais la masse salariale sera gérée par l’université [b] qui voit son budget multiplié par quatre. Cet masse monétaire pourra être utilisée dans l’avenir pour les dépenses de fonctionnement de l’établissement ou pour recruter des contractuels ou vacataires de toutes catégories. Une explosion de l’emploi précaire s’annonce et le glissement des fonctionnaires de l’université hors de la fonction publique d’État est ainsi amorcé.

Le Président de l’Université d’Angers a profité du reflux du mouvement contre la LRU et de promesses ministérielles de rallonge budgétaire l’an prochain (en cas de vote positif) pour faire voter ce qu’il défend depuis 2007 [c].

La logique de l’université-PME vient de marquer un point contre celle du service public. Mais la lutte des universitaires contre le loi LRU de destruction du service public n’est pas terminée.

Le NPA49 assure les personnels de l’Université d’Angers de son soutien dans les luttes qui ne manqueront pas de survenir face aux conséquences de la loi LRU. D’ores et déjà, il exige la titularisation de tous les personnels contractuels.

Angers, le vendredi 3 juillet


-  [a] Le CA de l’université ne comporte plus que 30 membres depuis la loi LRU, dont 22 élus : 8 personnalités extérieures sont directement nommées par le Président.

La répartition des sièges entre les collèges en montre le caractère fortement oligarchique :
-  7 enseignants du collège A (qui constituent ainsi 1/3 du CA élu alors que les professeurs représentent moins du quart des effectifs enseignants et moins du 1/6 de l’ensemble des personnels fonctionnaires ou contractuels) ;
-  7 enseignants du collège B (représentants des maîtres de conférences et autres enseignants, soit les 3/4 des enseignants-chercheurs et enseignants) ;
-  3 représentants des personnels administratifs et techniques BIATOS (1/10 des sièges alors qu’ils représentent 1/3 du personnel) ;
-  5 étudiants (censés représenter 16.000 étudiants de l’Université !).

Le mode de scrutin institué par la loi LRU pour l’élection du CA est calqué sur celui des municipales mais avec un seul tour : une simple majorité relative permet ainsi d’obtenir une majorité écrasante. De plus des clauses restrictives (représentation nécessaire de tous les secteurs de l’Université) visent à empêcher le dépôt de listes syndicales indépendantes (ce qui s’est passé en 2008 à Angers, où une seule liste a été constituée dans chacun des collèges A et B, intégrant néanmoins deux militants syndicaux).

-  [b] Les salaires des fonctionnaires d’État sont aujourd’hui versés par l’État via le rectorat et ne peuvent être détournés à d’autres fins. Avec les responsabilités et compétences élargies, une somme "forfaitaire" sera versée à l’université pour les salaires dont rien ne garantit qu’elle évoluera favorablement à long terme, ne serait-ce que pour garantir les augmentations de salaire nécessitées par l’inflation ou les promotions internes. En raison de la “fongibilité asymétrique” (possibilité de transformer de l’argent pour les salaires en argent pour le fonctionnement sans que l’inverse soit possible) une baisse du budget qui interviendrait dans les prochaines années pourrait obliger l’établissement à supprimer des postes de fonctionnaires pour financer des dépenses de fonctionnement, ou bien embaucher des contractuels ou vacataires mal payés à la place des fonctionnaires supprimés...

-  [c] année de la loi LRU (votée en plein été juste après l’élection de Sarkozy). Le président D. Martina s’était prononcé dès octobre 2007 devant l’AEF (Agence Education France - 12/10/2007) en faveur du passage aux "responsabilités et compétences élargies". Il avait alors affirmé : “l’université ira vite sur ce sujet”. La résistance à la LRU aura au moins retardé l’échéance de 2 ans...

3 juillet 2009, par NPA 49