Entre 13.500 et 40.000 contre l’islamophopie à Paris !

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La marche parisienne « Stop à l’islamophobie » du 10 novembre a réuni au moins 13.500 personnes (certaines estimations allant jusqu’à 40.000). Pour la première fois, un large spectre d’organisations et de personnalités avait décidé de se mobiliser, ensemble, contre les violences, la stigmatisation et les discriminations subies par les musulman.e.s. Le signe d’une salutaire prise de conscience collective, malheureusement liée à un contexte particulièrement préoccupant d’ostracisation des populations musulmanes.

Nous l’écrivions le 23 octobre  : « Avec leur discours sur les "signaux faibles", Macron, Castaner et compagnie ont légitimé les positions les plus radicalement islamophobes et les amalgames les plus délétères. Au vu de la liste des signaux faibles (voile, barbe, djellaba, nourriture halal, etc.), un trait d’égalité a en effet été tracé entre musulman pieux et individu "radicalisé" et, partant, entre musulman et personne "radicalisable". » Nous ne savions pas alors que, quelques jours plus tard, un ex-candidat du Front national passerait à l’acte en tirant sur des fidèles musulmans devant une mosquée qu’il avait l’intention d’incendier… Un passage à l’acte qui n’a rien d’un coup de tonnerre dans un ciel serein, mais qui n’est rien d’autre que l’expression de la « radicalisation » des islamophobes en tout genre, facilitée, voire encouragée par les plus hauts sommets de l’État.

La responsabilité de Macron

La déferlante islamophobe à laquelle nous assistons depuis plusieurs semaines est en effet une étape supplémentaire dans le développement des discours et des politiques stigmatisantes et discriminatoires à l’égard des musulman.e.s, jetés en pâture dans le débat public et rendus responsables de tous les maux. Le choix d’Emmanuel Macron d’accorder un entretien à l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs actuelles est à cet égard éloquent, véritable appel du pied même pas dissimulé aux franges les plus réactionnaires et racistes de la société. A fortiori lorsque l’on se résout à ouvrir ledit magazine et que l’on y découvre, entre autres, que Macron fait sienne la théorie complotiste de la facho­sphère concernant « l’affaire » du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté… Le président de la République explique ainsi doctement, et sans aucune preuve, que la mère d’élève qui a été humiliée par un conseiller RN lui intimant de sortir en raison de son voile, aurait « coincé » ledit conseiller et qu’elle serait « plus proche des milieux de l’islam politique qu’on ne le croyait ».

Une théorie venue de l’extrême droite et largement démentie depuis, qui inverse la charge de la culpabilité dans cette « affaire », et qui s’inscrit en réalité dans un discours rabâché depuis de longues, longues années  : si les musulman.e.s sont stigmatisés, voire violentés, c’est parce qu’ils et elles le cherchent, dans le cadre d’une stratégie de victimisation. Et lorsque certains musulman.e.s « innocents » sont pris pour cible, la cause se trouverait du côté de «  l’islamisme  » et non de l’islamophobie. Exactement le type de raisonnement que l’on a pu entendre sur les plateaux de chaînes d’information le soir de l’attentat contre la mosquée de Bayonne, avec des «  débats  » glissant plus ou moins brutalement vers la question du « communautarisme »…

Une riposte large, unitaire et déterminée

Dans un tel contexte, une riposte large et unitaire était indispensable, qui a commencé à se dessiner avec la marche du 10 novembre, dont l’importance est proportionnelle au déchaînement de haine qu’elle a suscité du côté de la droite et de l’extrême droite, mais aussi de nombre de défenseurs auto-­proclamés d’une « laïcité » transformée en arme de discrimination massive contre les musulman.e.s. Les pressions ont été fortes sur certaines des personnalités et organisations signataires, de La France insoumise à Philippe Martinez en passant par la FSU et Génération.s, qui furent traitées allègrement de « collabos de l’islamisme » sous prétexte qu’ils avaient fait le choix de signer un appel à se mobiliser au côté des premier.e.s concerné.e.s et de plusieurs collectifs luttant de longue date contre l’islamophobie, comme le CCIF ou la plateforme L.E.S. Musulmans.

« Le Front commun sera toujours plus puissant que le Front national »

Pour contre-balancer ces pressions, il fallait faire de la journée du 10 novembre un succès et une démonstration de force. Avec plus de 13.500 personnes [1] la marche du 10 novembre a été effectivement une démonstration d’unité face à la violente offensive raciste menée par les droites (d’E. Macron à M. Le Pen), de solidarité avec les populations qui en sont victimes, et de refus de se laisser entraîner sur le terrain de la haine et des divisions face à un gouvernement dont les politiques visent l’ensemble des salarié.e.s, des classes populaires et des jeunes. Le combat contre l’islamophobie et tous les racismes diviseurs de la classe ouvrière va continuer !

10 novembre 2019, par NPA 49

[1] Selon le cabinet Occurrence, qui persiste à donner trois chiffres significatifs à son évaluation -ce qui est peu crédible d’un point de vue scientifique- et dont les critères de comptage restent obscurs. Ce nombre de 13.500 est a priori un minimum. Certaines estimations vont jusqu’à 40.000 participant.e.s.