Un projet de loi sur les retraites dicté par le MEDEF

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Le texte exact du projet de loi gouvernemental sur les retraites est maintenant connu. Sans surprise, il programme un nouvel allongement de la durée de cotisations requises pour une pension à taux plein (43 ans au lieu de 41,5). Pour le reste, augmentation des cotisations et prétendues "mesures compensatoires" à la marge, il renvoie l’affaire à une gestion gouvernementale par décrets, modifiables à tout moment...

La contre-réforme des retraites voulue par l’équipe Hollande-Ayrault s’inscrit dans la continuité directe de toutes les régressions menées par la droite depuis 20 ans. Pour ce gouvernement soi-disant de gauche, il n’est pas question d’abroger aucun des reculs imposés par les gouvernements précédents. Au contraire, il fait de nouveaux cadeaux au patronat ! C’est une réforme de classe, mais pas de la nôtre…

Hollande fait les poches aux salariéEs et aux retraitéEs !

Le gouvernement Hollande-Ayrault ne cesse de prétendre que sa réforme des retraites est de « justice sociale ». Mais dans les faits, elle est le prolongement d’une politique en faveur des entreprises, au détriment du monde du travail. En allongeant la durée de cotisations (pour toutes les générations nées après 1957) et en augmentant les cotisations, ce sont les salariéEs et les retraitéEs qui, seulEs, payeront. Sur les 16 milliards d’euros que le gouvernement prétend nécessaires de trouver d’ici à 2040, les salariéEs vont d’abord payer 5,6 milliards d’euros avec l’allongement de 41,5 ans actuellement à 43 ans de la durée d’activité. Les retraitéEs contribueront à hauteur de 2,7 milliards et leur pouvoir d’achat va continuer à baisser. Quant aux hausses de cotisations sociales, le gouvernement prétend que les entreprises sont impactées comme les salariéEs. Mais tout cela n’est qu’un tour de passe-passe. Ayrault s’est précipité pour promettre aux entreprises de prolonger le cadeau de 20 milliards d’euros du « choc de compétitivité » engagé l’an passé et de baisser le « coût du travail », c’est-à-dire d’augmenter le taux d’exploitation des salariéEs !

À la botte du Medef !

Après ce cadeau, ces mêmes entreprises vont profiter d’une nouvelle mesure d’allègement de leurs cotisations sociales, cette fois sur la branche famille de la Sécu, visant à compenser les 3,2 milliards d’euros découlant de leurs hausses de cotisation retraite. Qui donc va payer ces 3,2 milliards ? Le gouvernement envisage une hausse supplémentaire de la TVA (en plus de celle qui portera la TVA de 19, 6% à 20% le 1er janvier prochain) ou de la CSG. Au-delà des retraites, c’est donc bien l’ensemble de notre protection sociale solidaire qui est dans le viseur du gouvernement.

Mais ce ne sera sans doute pas tout, au vu de la déclaration d’amour de Moscovici lors de l’université d’été du Medef. Il y a promis « simplification administrative », baisses d’impôts et du « coût du travail », cadeaux fiscaux, allant jusqu’à encourager la fraude fiscale en « s’engageant » à que le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) « soit exclu du champ du contrôle fiscal. » [1] Bref, Sarkozy n’aurait pas mieux dit et fait !

Se battre jusqu’au retrait du projet !

Aucune des mesures marginales présentées dans le projet de loi Ayrault comme « favorables » aux salariéEs du privé (mais pas du public) ayant subi des travaux pénibles, aux jeunes, aux carrières heurtées ou aux femmes ne compense les reculs découlant de l’allongement de durée de cotisation nécessaire pour une retraite à taux plein. Elles ne sont d’ailleurs pas quantifiées dans le projet de loi, qui renvoie à des décrets d’application (modifiables à tout moment). Ayrault lui-même ne prévoit pas –pénibilité mise à part– qu’elles coûteront un sou à l’État avant 2030 !

CGT, FO, FSU, Solidaires et UNEF appellent mardi 10 septembre à une journée de grèves et de manifestations. Cela doit être une 1ère étape à la mobilisation unitaire d’ampleur nécessaire pour faire reculer le gouvernement. Pour le NPA, le projet n’est ni amendable ni discutable, il doit être tout simplement retiré. L’argent existe pour financer les retraites sans amputer le pouvoir d’achat des salariéEs et des retraitéEs, en s’attaquant à la fraude fiscale, en mettant fin aux cadeaux fiscaux pour les plus riches et surtout en garantissant le plein emploi : 5 millions de chômeurs en moins c’est 5 millions de cotisants en plus. La rentrée sociale doit se faire contre cette réforme des retraites et celle sur la protection sociale qui vient après. Mobilisons-nous !

Toutes et tous dans la rue le 10 septembre, exigeons le retrait du projet de loi, et poursuivons la lutte par une grande mobilisation unitaire !

Angers, le mardi 10 septembre 2013

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7 septembre 2013, par NPA 49

[1] Voir Dans Les Échos du 3 septembre : “Contrôles fiscaux : les gages donnés aux entreprises”