Meeting angevin de Laurence de Bouard

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Laurence de Bouard, infirmière à Carhaix, tête de la liste « Partout en Europe pas question de payer leur crise » présentée par le NPA aux élections européennes du 7 juin prochain était à Angers, mercredi 3 juin. Après une interview à radio Campus et une conférence de presse avec le journal Ouest-France en fin d’après-midi, elle a tenu le soir une réunion publique, salle du Doyenné, qui a rassemblé une cinquantaine de militants.

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Laurence de Bouard à Angers

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La réunion publique a commencé par deux interventions de camarades du NPA49, immédiatement suivies par celle de Laurence de Bouard. Un long débat s’en est suivi avec les participants, principalement autour de questions de service public (Santé, Université, Éducation...) et de la riposte à construire face à des élites gouvernantes atteintes de “rentabilite” aigüe et, plus globalement, face à un capitalisme ravageur des vies humaines et de leur environnement...


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Ouest-France, Pays de Loire, 4 juin 2009

Intervention liminaire de Joël pour le NPA 49 :

Pourquoi faut-il voter Laurence de Bouard ?

L’utilité des élections européennes est, on le sait, très discutable. Le Parlement de Strasbourg est une façade démocratique d’une Europe dont le pouvoir réel se trouve à Bruxelles. Son exécutif qui encadre 80% des lois nationales est mis en place par les gouvernements et non pas élu par les peuples.

Alors à quoi bon voter ?

Et surtout pourquoi voter pour une candidate issue d’un petit parti qui a seulement 4 mois d’existence ?

Pourquoi voter pour une candidate à peine éligible avec le seuil de 5% ?

Et même si elle est élue, que pourra-t-elle faire à partir de son petit strapontin anticapitaliste dans un hémicycle dominé au trois quarts par une droite ultra-libérale et une gauche social-démocrate qui depuis bien longtemps a tourné le dos aux aspirations populaires ?

Pourtant des raisons de voter NPA il y’en a : le contexte économique actuel et la réponse politique qui nous incombe.

Le système capitaliste génère des crises qui se conjuguent : crises alimentaires, économiques, écologiques, énergétiques, financières, sanitaires, sociales, tensions internationales et guerres, dont les conséquences sont toujours dramatiques.

On détruit la nature à grande échelle, on détruit la marchandise invendable, on détruit les outils de travail, enfin on détruit la force productive principale – les travailleurs et leur famille – par licenciements massifs sans aucune perspective de réembauche. La faillite du système financier mondial et ses répercussions tragiques sur l’économie sont telles que personne n’ose prévoir l’issue du tunnel.

Certains prétendent même que le capitalisme est d’ores et déjà cliniquement mort, que les centaines de milliards de dollars ou d’euro des budgets publics qu’on lui injecte ne sont que transfusion sur cadavre...

Les ravages de la domination du capital donnent toute son actualité à l’alternative “ socialisme ou barbarie ”. Ou bien la loi du profit provoquera de gigantesques guerres afin de remettre les compteurs à zéro, ou bien les forces productives de l’humanité et les richesses naturelles seront mises au service de l’homme.

C’est la vieille, originelle et indélébile idée du socialisme, que le stalinisme a dénaturé et que le libéralisme a proclamé déchu...

Contrairement à ce que brodait M. Béchu (tête de liste UMP à l’Ouest) face à Omar Slaouti (tête de liste NPA en Île de France) la semaine dernière à la télévision, notre projet n’est pas de calquer ces dictatures bureaucratiques qui, de l’ex-URSS à la Chine, ont usurpé le nom de socialisme !

Non M. Béchu, le socialisme ne signifie pas goulag. Et aujourd’hui, les fils de fer barbelés et les miradors ne se trouvent pas en Bolivie ou au Venezuela mais bel et bien aux frontières de votre Europe. L’Europe des accords de Schengen, véritable forteresse au pied de laquelle viennent s’échouer des milliers de réfugiés fuyant la misère, la famine ou la guerre.

Et s’il existe aujourd’hui un rideau de fer, c’est bien celui que le capitalisme a baissé devant l’avenir de nos enfants. Sortir du capitalisme, c’est l’aspiration de la nouvelle génération et c’est la plateforme politique du NPA.

Notre vote n’est ni utilitaire, dans le sens électoraliste, ni simplement une sanction contre le gouvernement Sarkozy. Il est bel et bien le vote d’une certaine conscience politique.

Pour organiser une résistance ferme et une solidarité durable les syndicats ne suffisent plus. Il nous faut un outil politique, y compris pour armer les syndicalistes. Pour forger cet outil, il nous faut de bons ouvriers, désintéressés, dévoués à la cause qu’ils défendent, à la tête politique lucide et au cœur ardent.

Pas des politiciens professionnels mais des militants, qui à l’image de l’immense majorité de la population produisent les richesses et subissent la crise.

Pas des Sénateurs... mais des infirmières, des profs, des chômeurs, des retraités, des ouvriers, des plombiers (polonais ou pas), des paysans (moustachus ou pas), des marins (bretons ou corses) et même... des facteurs !

Laurence, elle, est issue de notre classe, elle n’est pas parachutée d’ailleurs pour être à notre service. Sa vision politique n’a pas été façonnée par l’Ecole Nationale d’Administration, mais par la dureté de la vie et du travail. Elle s’est forgée au cœur des luttes comme celle de la défense de la maternité et du service chirurgie de son hôpital à Carhaix.

On peut penser que notre bulletin de vote pour ces élections ne pèse pas lourd en soi. Mais en envoyant des députés anticapitalistes à Strasbourg, nous pouvons lui donner du poids.

En situant ce vote au-dessus du vote de tel ou tel parti, nous ferons connaitre nos idées à grande échelle et serons plus rapidement informés des coups tordus que nous prépare la classe dominante.

L’enjeu dépasse largement le NPA et à cette heure grave aucune mesquinerie politique n’est de mise. Le parti, ses dirigeants, ses candidats - ce ne sont que les outils de la lutte de classes.

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Laurence de Bouard

Intervention de Martin Nivault :

Chers amis, chers camarades Bonsoir à toutes et à tous,

Pour commencer, je voudrais vous féliciter, venir comme ça à un meeting organisé par de dangereux « terroristes » comme nous… qui « bloquons » les facs, « séquestrons » les patrons et prenons les bateaux en « otages »…

Alors ça y est, nous sommes en plein dans la campagne des élections européennes.

Pour nous, cette campagne n’est pas une fin en soi. Elle s’inscrit dans cette campagne politique que nous menons depuis plusieurs mois dans les luttes, dans les résistances sociales avec tous ceux qui aujourd’hui se dressent contre le système capitalisme.

Et cette campagne, nous la poursuivons à l’occasion des élections européennes pour faire entendre la voix de tous ceux à qui on veut faire payer la crise. Cette campagne, nous le menons dans l’Ouest avec Laurence de Bouard, notre tête de liste, qui est cadre de santé à l’hôpital de Carhaix dans le Finistère, un choix symbolique, puisque l’hôpital a été le théâtre d’une lutte victorieuse il y a quelques mois, contre les restructurations libérales dans la santé, contre la fermeture du service de maternité.

Aujourd’hui nous allons vous parler de la grande absente de cette campagne : la crise ; La crise du système capitaliste, un système économique qui aurait pu, en quelques jours, s’écrouler comme un château de cartes, un système économique qu’à droite, comme dans une partie de la gauche on veut refonder et moraliser…

La moralisation du capitalisme version Sarkozy qu’est-ce que ça donne ?

La moralisation du capitalisme version Sarkozy, c’est l’accélération de la politique radicale de destruction sociale déjà engager depuis plusieurs années,

La moralisation du capitalisme version Sarkozy, c’est la privatisation des services publics, c’est les licenciements, dans le privé, dans le public dans l’éducation nationale, c’est la précarisation du travail, et l’accroissement de la pression sur les chômeurs pour qu’ils acceptent n’importe quel travail à n’importe quel prix…

La moralisation du capitalisme version MEDEF, c’est depuis plusieurs mois, les annonces de licenciements en cascade : Caterpillar, Continental, Renault, Molex pour ne prendre que les plus médiatiques… les salariés de Nec, Valéo, Bosch pour prendre ceux du département, c’est tous ces contrats précaires, tout ces intérimaires, tous ces CDD, tous ceux dont on ne parle jamais dans les médias parce qu’ils ne sont pas comptabilisés dans les fameux « plans sociaux »

Et pour faire en sorte que les licenciements se passent le mieux possible, une des dernières en date, c’est ce qu’a fait ex-pdg de Valéo, Thierry Morin, qu’on connaît depuis peu pour son parachute doré de plus de 3,2 millions d’euros ; Valéo, une entreprise qui a versé 92 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires l’an dernier, et qui aujourd’hui justifie un plan de 1600 licenciements en France et plus de 5000 licenciements dans le monde en expliquant que l’entreprise est en faillite ; les salariés sont donc allés voir dans les comptes de l’entreprise, et ils ont réalisé que la direction de l’entreprise avait provisionner dans ses comptes le coût du licenciement de 5000 travailleurs ; c’est-à-dire qu’on a affaire à une entreprise, qui justifie le plan social, par le coût du plan social, et c’est comme ça qu’une entreprise largement bénéficiaire se retrouve en faillite du jour au lendemain.

Et pendant ce temps, les dirigeants de tous les grands pays capitalistes, avec l’aide de tout leurs leviers internationaux : Union européenne, G20, FMI… distribuent des milliards à des banques et à des grands groupes industriels pour leur permettre de sauvegarder leur profit et continuer de verser à leurs dirigeants bonus, dividendes et autres stocks options. On est en train de nous faire payer à nous, travailleurs, majorité de la population, une crise dont nous ne sommes pas responsables, et de tout faire pour que les coupables maintiennent leurs profits et leurs bénéfices.

Et l’Europe dans tout ça…

Aujourd’hui, l’union européenne nous est présentée par les dirigeants de nombreuses formations politiques de droite, mais aussi au PS et des Verts comme LA solution à la crise économique Nous pensons qu’au contraire, non seulement l’UE n’est pas la solution, mais qu’elle est même une partie du problème.

M. Béchu, notre adversaire de la circonscription Ouest dans la campagne des élections européennes, la tête de liste de l’UMP, nous expliquait, il y a quelques semaines, que les élections européennes, c’était l’Europe, et que ça n’avait rien à voir avec la politique du gouvernement en France ; au passage, il nous avait déjà fait le coup au moment des élections municipales à Angers, nous expliquant que la politique municipale, ce n’était que du local et que ça n’avait rien à voir avec la politique du gouvernement. Cela prouve au moins une chose, c’est que lui aussi se rend compte qu’il y a un problème avec la politique que mènent ses amis à la tête de l’Etat et que cela risquerait de lui causer préjudice. Mais il n’empêche que nous ne sommes quand même pas d’accord avec lui, et pour une raison très simple : c’est qu’aujourd’hui, plus de 80% des lois votées en France sont directement inspirées par les directives européennes.

L’UE ces 20 dernières années, c’est le traité de Maastricht, porté par Jacques Delors, président de la commission européenne à l’époque et Mitterrand. Dans le traité de Maastricht, on trouve deux choses : d’abord une phrase qui dit qu’il faut « éliminer tous les obstacles à la libre circulation des capitaux », c’est-à-dire les lois, les règlements, les limites que les pays avaient apportées au capitalisme financier et à la spéculation et qui a permis au fameux « produit pourris » de se développer dans le système financier. Ensuite, dans le traité de Maastricht, il y avait la décision de « libéraliser les activités de services », autrement dit dans le jargon européen, privatiser les services publics. C’est pour cette raison que depuis une bonne quinzaine d’années, on a vu la privatisation des banques, des assurances, du transport, de la poste et qu’aujourd’hui, on assiste au désengagement des pouvoirs publics dans l’éducation et la santé.

Encore un autre exemple, en 1999 ; Le ministre de l’éducation de Lionel Jospin propose, ce qui va devenir le processus de Bologne. Le processus de Bologne, décidé au niveau européen, c’est aujourd’hui la loi LRU, la réforme de l’université, la loi Pécresse, c’est-à-dire purement et simplement le désengagement financier de l’Etat dans l’université et la mise en concurrence des pôles universitaires à l’échelle européenne, tout ce contre quoi les étudiants et les enseignants-chercheurs se sont mobilisés pendant plusieurs mois plusieurs mois.

Anecdote de campagne : rencontre avec des militants du PS sur les marchés, distribuant un tract défendant les services publics… Pourtant, le gouvernement Jospin n’a-t-il pas déclenché lui-même la privatisation du secteur de l’énergie ? La réponse que ces militants nous ont faite, c’est qu’ils n’étaient pas pour la privatisation, mais pour l’ouverture du capital afin qu’EDF puisse intégrer le marché européen de l’énergie. Nuance !

Enfin l’Union européenne, c’est le référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen, rejeté par les peuples de France et des Pays-Bas, où des milliers de gens se sont approprié un texte qui n’était à la base pas fait pour eux, et qui ont compris que l’Europe qu’on était en train de nous construire n’était pas faite pour nous, mais contre nous.

Ce Traité européen qu’on a voulu nous faire repasser avec le traité de Lisbonne l’an dernier, un copié collé de la constitution votée par le congrès de Versailles, et où la Gauche, le parti socialiste, les Verts avaient les moyens d’empêcher ce coup de force démocratique, et qui au lieu de voter contre, soit sont abstenus, soit n’ont pas voté, soit ont voté pour... Donc en plus de construire une Europe contre nous, c’est une Europe sans nous qu’ils sont en train de construire.

Et pour illustrer cette cogestion néo-libérale de l’Union européenne entre la droite, et une partie de la gauche, et tous leurs correspondants européens, il suffit de jeter un œil sur tous les votes intervenus au parlement européen en 2008, où sur 535 votes, l’UMP et le PS ont voté de façon identique 525 fois, soit dans 97% des cas.

Notre Europe à nous, c’est celle des euro-grèves comme les Continentals à Hanovre, c’est celle des étudiants, en France, en Espagne, mais aussi en Grèce, en Italie, en Allemagne qui se battent contre les réformes de l’université issues du processus de Bologne. Notre Europe, c’est d’abord une Europe des luttes sociales, parce que ce que craignent par-dessus tous les dirigeants Capitalistes, c’est la révolte que suscite leur politique, comme ce qu’il s’est passé aux Antilles. La révolte des Guadeloupéens, impulser par le LKP, qui a réussi le tour de force de rassembler organisations politiques, syndicales et associatives sur une base unitaire et radicale a permis au terme d’une grève générale de plusieurs semaines, de faire reculer le gouvernement et d’imposer au patronat local une série de mesures sociales, comme l’augmentation des salaires de 200 euros par mois ou des baisses de prix sur de nombreux produits de première nécessité.

Ce que nous proposons au NPA, c’est de s’inspirer de ce qui s’est fait en Guadeloupe et en Martinique, c’est-à-dire, cette unité, et cette radicalité qui ont permis au mouvement social d’obtenir des résultats ; parce qu’on est convaincu que les journées d’action saute-mouton, une fois tout les deux mois seront loin d’être suffisante, et que c’est d’un mouvement général, d’ensemble et prolongé dont nous avons besoin pour imposer des mesures qui permettent de vivre dignement.

Notre Europe, c’est une Europe sociale, qui harmonise par les haut, le meilleur des législations sociales de tous les pays avec un Smic européen, l’interdiction des licenciements, et la défense du service public, avec la mise en place d’un service publique bancaire européen unique, ayant le monopole du crédit géré et contrôler par les salariés et les usagers eux-mêmes, et non un pole bancaire en concurrence avec les banques privées comme le propose J-L Mélenchon.

Notre Europe, c’est une Europe Écologique, une écologie anticapitaliste, connectée à la question sociale, parce qu’on est convaincu que ce n’est pas en faisant confiance à Total qu’on luttera contre le réchauffement climatique, ou à Areva pour sortir du nucléaire.

Enfin, notre Europe, c’est une Europe démocratique, faites par les peuples avec un véritable contrôle démocratique de ses institutions, une Europe ou les libertés sont respectés dans tous ses états membres, comme le droit à l’avortement, encore interdit aujourd’hui en Pologne et en Irlande.

Et cette campagne, nous allons la mener aussi sur le terrain électoral à l’occasion des élections européennes en juin. Parce que pour nous, il n’y a aucune contradiction entre ce que nous défendons au quotidien dans les luttes, ce que nous défendons dans les élections, et ce que nous défendrons, si nous avons des élus, au parlement européen qui seront autant de délégués du personnel pour porter la parole de la colère sociale, et dénoncer les mauvais coups qu’on nous prépare.

Je vous remercie.

4 juin 2009, par NPA 49