Contre l’état d’urgence permanent, mobilisation de toutes et tous !

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Dès le soir des attentats de Paris du 13 novembre, F. Hollande n’a eu que des mots de guerre aveugle comme seule réponse à cette odieuse attaque. Pour M. Valls, il est même interdit de se poser des questions et de réfléchir aux causes et responsabilités (certes multiples et qui n’excusent en rien les choix individuels des assassins, mais pour beaucoup liées à la politique intérieure et extérieure de l’État français) des attentats : ce serait être complice des assassins de Daech... En décrétant l’état d’urgence, en le prolongeant et en aggravant ses dispositions liberticides par un vote du Parlement (où seul.e.s 6 député.e.s ont voté contre), le gouvernement du PS a placé la France dans un état d’exception permanent.

Ces mesures liberticides et ce cadre judiciaire sont autant d’atteintes aux libertés fondamentales (interdictions de manifestations assorties de sanctions dignes d’un État policier [1], perquisitions violentes et arbitraires tous azimuts, assignations à résidence de militants écologistes, arrestations arbitraires et discriminantes, préfet et policiers qui se substituent au pouvoir judiciaire...). Elles n’ont eu jusqu’à présent aucun impact mesurable dans la lutte contre le terrorisme. On peut en revanche se demander si cet état d’urgence n’est pas d’abord dirigé contre le mouvement social, notamment après le fameux épisode des “chemises” d’Air-France. Les interdictions de manifestations lors de la COP21 illustrent en tout cas cette hypothèse. Les récentes condamnations à la prison ferme de syndicalistes de Goodyear et les justifications qu’en ont faites plusieurs membres du gouvernement (dont la ministre du travail) révèlent à tout le moins l’orientation répressive et autoritaire du pouvoir.

En voulant inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution, F. Hollande et M. Valls appliquent le programme du FN : ce n’est pas tant l’application de cette peine qui est importante pour eux (elle ne l’est certainement pas pour les assassins de Daech) que de montrer à la population qu’ils prennent des initiatives sécuritaires à la hauteur de ce que feraient la droite et l’extrême droite. Surtout, en créant deux catégories de français (les nationaux qu’il est légalement impossible de déchoir et les “bi-nationaux” d’origine immigrée qui pourraient l’être), ils créent un « eux » et un « nous » qui ne peut amener qu’à la haine et à la division de la population selon des critères ethnico-religieux. Or, la division de ceux d’en bas sert évidemment ceux d’en haut... Au mouvement social de montrer au contraire que si “division” existe, c’est entre le petit groupe formé par les capitalistes et leurs valets et l’immense majorité de la population.

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Samedi 30 janvier, répondant à l’appel de la LDH49 et en dépit d’une forte pluie, environ 200 citoyen.ne.s et militant.e.s des organisations angevines se reconnaissant dans l’appel « NOUS NE CÉDERONS PAS ! » et la pétition « POUR NOUS, C’EST DÉFINITIVEMENT NON ! », contre la réforme constitutionnelle Valls-Hollande et pour la levée de l’état d’urgence se sont rassemblé.e.s place du Ralliement. Ce n’est qu’un début. Beaucoup de travail d’explication reste à faire en direction d’une population à qui les grands partis et médias ressassent en boucle que l’état d’urgence est une réponse adéquate aux attentats et qu’il faut savoir sacrifier des libertés publiques au nom de la “sécurité”. La mobilisation angevine reste d’ailleurs très en-deçà de la mobilisation parisienne le même jour (10.000) ou des mobilisations des autres grandes villes de l’Ouest (1000 à Rennes par exemple). Mais ce n’est qu’une raison supplémentaire pour redoubler d’efforts.

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D’ores et déjà les organisations et personnes présentes ont convenu de former rapidement un collectif angevin « NOUS NE CÉDERONS PAS ! ». La mobilisation contre les restrictions des libertés publiques et la répression des mouvements sociaux et écologistes ne fait que commencer. Le combat continue !

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31 janvier 2016, par NPA 49

[1] Rappelons que l’article 13 de la loi n°55-385 consolidée punit désormais de 6 mois de prison et 7500 euros d’amende toute personne bravant une interdiction de manifester. À noter que dans la version sarkoziste du 19 mai 2011 de la loi sur l’état d’urgence [comme dans la version initiale de 1955], l’article 13 évoquait un emprisonnement de huit jours à deux mois et une amende de 11 à 3750 euros [5000 à 200.000 francs] ou l’une de ces deux peines seulement.