Non à l’Etat policier ! Vérité pour Théo, Adama et tous les autres !

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Le viol de Théo avec une matraque par un policier entouré de trois collègues, marque une escalade effrayante dans la toute-puissance policière. Ce crime s’inscrit dramatiquement dans une série de comportements délictueux de policiers, encouragés par l’état d’urgence permanent et l’inflation de lois sécuritaires. Le Sénat et l’Assemblée nationale viennent d’ailleurs de renforcer encore une fois les pouvoirs de la police en adoptant une n-ième loi sur la sécurité publique !

Des policiers en infraction permanente

C’est d’abord la pratique de la discrimination quotidienne. Les contrôles d’identité sont 20 fois plus nombreux pour les jeunes noirs et arabes que pour le reste de la population, d’après Jacques Toubon, le Défenseur des droits. Pour cette discrimination, l’État français a déjà été condamné à deux reprises.

De plus, celui-ci n’encadre ni la quantité – le récépissé promis n’a jamais été mis en place – ni les motifs et résultats de ces contrôles et encore moins leur mode opératoire. Ce harcèlement favorise tous les abus dans les quartiers populaires  : tutoiement, injures, injonctions guerrières du type «  tous contre le mur  », palpations, coups de matraque dans les jambes pour mieux les écarter. Mais aussi brutalité gratuite envers les migrantEs et les SDF qui, non seulement sont chassés, mais la destruction de leurs vêtements, sacs et abris de fortune, est quasi systématique. Les injures à caractère raciste et homophobe pourtant punies par la loi, sont légion. Parmi toutes, «  Bamboula » que même le patron du syndicat Unité SGP Police-Force ouvrière, Luc Poignant, a estimé «  à peu près convenable » (avant de devoir se rétracter) et l’ex-magistrat Philippe Bilger « presque affectueux » (!) : le passé colonial français est toujours bien vivant au sommet de l’État et dans une partie de la société...

Le viol, nouvel outil du maintien de l’ordre  ?

Le viol de Théo n’est ni un accident ni une bavure. Il s’inscrit dans la logique de gestes et injures à connotations sexuelles, dans la suite de plusieurs affaires similaires restées impunies. Il est une conséquence de l’hyper violence policière structurelle. L’IGPN tente de banaliser ce crime – « un accident regrettable » – soutenue en cela par le parquet  : « il n’y a pas viol puisqu’il n’y a pas eu l’intention ».

Cela revient à bafouer la loi qui dit que le viol est une pénétration non consentie. C’est prioriser la parole du violeur, qui ne l’aurait pas fait exprès, et minorer celle de la victime, qui elle a pourtant bien été contrainte. Plus l’État agit au service de cet ordre économique et social de plus en plus injuste et inégalitaire, plus il apparaît pour ce qu’il est vraiment  : «  une bande d’hommes armés  », prêt aussi à terroriser par le viol... Comme dans toutes les guerres.

L’État policier c’est maintenant  !

L’hyper violence policière s’appuie sur l’impunité dont elle bénéficie ainsi que sur l’alourdissement de toutes les peines pour tous les autres. Ainsi à Aulnay-sous-Bois, le policier violeur est remis en liberté en attendant la requalification des faits... mais cinq jeunes, jugés en comparution immédiate, sont condamnés à des peines de prison pour «  délit d’embuscade  ». Utilisé pour la première fois, «  ce délit permet la condamnation en l’absence de violences commises  », dixit la procureure !

Et la dernière loi relative à la sécurité publique, adoptée en procédure rapide il y a quelques jours, satisfait la quasi-totalité des manifestations policières factieuses de l’automne. Elle assouplit les règles de légitime défense, ce qui revient à autoriser les tirs des policiers en supprimant l’obligation d’en rendre compte, elle leur permet de garder l’anonymat dans certains cas,et elle double les peines pour outrage. Elle autorise aussi l’armement des agents de sécurité. De futures milices  ? Enfin elle renforce les moyens pour le contrôle administratif des expulsions de migrantEs. Le Défenseur des droits estime, lui, qu’elle donne une bien trop grande liberté à la police.

On ne va pas se laisser faire

Nous ne devons compter que sur nous-mêmes pour les arrêter. À Aulnay, à Bobigny, à Paris, à Angers et dans des dizaines de villes, des milliers de personnes se sont rassemblées pour dire leur émotion, leur colère, leur solidarité avec Théo, pour scander «  pas de paix sans justice  », «  flic violeur en prison  », «  justice pour Théo, Adama et tous les autres  ».

Le rassemblement angevin de la place du ralliement, samedi 18 janvier à 15h, appelé tardivement à l’initiative de la seule LDH 49 [1] n’a réuni que 150 personnes, même si la plupart des organisations syndicales et politiques de gauche s’y était ralliée (CGT, FSU, NPA, LO, FI, Ensemble, JC...) Composé essentiellement de militant-e-s, il n’a pas réussi à attirer les habitant-e-s des quartiers les plus touché-e-s par le quadrillage policier et qui se sentent solidaires de Théo. Un autre rassemblement est toutefois prévu au même endroit, jeudi 23 février à 18h, à l’appel de Pas sans nous 49, du Collectif inter-quartiers 49, du Cercle 49 et de Nuit debout Angers. Un des enjeux est qu’un mouvement unitaire, touTEs ensemble, puisse se construire afin d’obtenir justice et la fin des violences et/ou des crimes commis sous l’uniforme.

Il nous faut en effet aller plus loin. L’appel des familles des victimes des violences policières, soutenu par de nombreuses associations, syndicats et partis nous invite à une marche nationale pour la justice et la dignité le dimanche 19 mars. Nous devons être nombreuses et nombreux à répondre présent  !

18 février 2017, par NPA 49

[1] Ce rassemblement se voulait la réplique d’un rassemblement simultané à Paris à l’initiative des Cran, Ligue des droits de l’Homme, Mrap, SOS Racisme, CGT et FSU qui a réuni plus de 2000 personnes. Sans partager toutes les considérations et les illusions sur une hypothétique police “républicaine” que véhiculait l’appel de la LDH49, le NPA 49 appelait à y participer.