À bas Parcoursup, arme de sélection massive

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Parcoursup livre ses premiers fruits empoisonnés : le 22 mai, près d’un lycéen sur deux n’a pas eu de réponse positive à ses demandes d’inscription dans l’enseignement supérieur. Beaucoup en ont eu une qu’ils ne souhaitaient pas forcément en priorité, et on leur enjoint d’accepter sous huit jours ou de libérer la place (pour celles et ceux "en attente"), c’est-à-dire de perdre définitivement le droit d’y postuler. Les plus défavorisés socialement ou/et culturellement seront les premières victimes de ces attentes interminables et choix kafkaïens. Le stress risque d’être terrible alors même que le BAC approche à grands pas. Ainsi l’algorithme fétiche du gouvernement Macron-Vidal révèle-t-il sa véritable fonction : décourager les jeunes issus des milieux populaires et devenir une gare de triage social !

-  Télécharger le tract du NPA

Quelques chiffres nationaux :
-  au 22 mai 2018 avec Parcoursup, sur 810.000 lycéens ayant émis des vœux, 53,5% ont reçu une réponse positive, mais pas forcément dans la filière voulue en priorité, 43% sont “en attente”, 3,5% (>28.000) n’ont eu que des réponses négatives.
-  au 8 juin 2017 avec APB, sur 808.740 lycéens ayant émis des vœux, 80,7% avaient reçu une réponse positive (49,6% sur leur 1er choix), 19,3% étaient en attente. Le “tirage au sort” dans certaines filières en tension (en STAPS et à Paris, essentiellement) recalera par la suite 0,3% des étudiants (2465).

Et à Angers ?
-  environ 21.000 vœux de lycéens auraient été reçus par l’Université d’Angers pour des capacités d’accueil limitées plus ou moins arbitrairement à 4492 en 1e année (21% des vœux).
-  9385 vœux ont été exaucés le 22 mai, soit 45%. L’UA met en avant le pourcentage de 76% mais pour le secteur géographique qui la concerne directement. En réalité, le pourcentage de 45% est même inférieur au pourcentage national !
-  9240 vœux sont en attente (44% des demandes)
-  aucun chiffre n’a été communiqué pour les vœux refusés, mais si l’on soustrait les oui/oui-si et en attente à 21.000, on parvient à environ 2350, soit 11%, soit trois fois la moyenne nationale !

Annexes :
-  Communiqué de la FSU (enseignants) du 22 mai : La FSU dénonce le fiasco de Parcoursup : 400 000 lycéen·ne·s mis dans l’angoisse juste avant le bac !
-  ParcourSup : l’imposture, tribune de plus d’un millier d’enseignants-chercheurs dénonçant la propagande gouvernementale et l’imposture qu’est Parcoursup.
-  Tract intersyndical CGT-FSU-FO-Solidaires-UNEF distribué aux journées portes ouvertes de l’Université d’Angers, le 17 février 2018.
-  Communiqué du 24 mai de l’intersyndicale CGT / FO / FSU / Solidaires / UNEF de l’Université d’Angers :

Parcoursup : une arme de sélection massive

En tant qu’organisations syndicales, nous ne pensons pas que l’essentiel puisse se résumer à des batailles de chiffres. Mais nous devons réagir après la présentation qui est faite par le ministère mais aussi par l’Université d’Angers des premiers « résultats » de Parcoursup. Voir ce 24 mai, en « une » d’un quotidien angevin, que 76% des 21.000 candidatures à l’UA auraient été agréées nous interpelle. On apprend en effet à la page suivante qu’il s’agit de 76% des candidatures locales et non de toutes les candidatures déposées. Faut-il jouer sur les nombres comme on joue sur les mots ? En réalité, sur la base des chiffres donnés par le quotidien, 9385 réponses positives rapportées à 21.000 font plutôt 45%. On obtient 44% de mise en attente (9240) et donc 11% de « non ». C’est encore moins reluisant qu’au niveau national (oui : 53,5% ; en attente : 43% ; non : 3,5%) et bien pire qu’avec APB l’an dernier à la même époque. Certes, d’autres filières sont comptabilisées au niveau national (BTS notamment) et les chiffres mélangent allègrement filières sélectives et non sélectives, mais ils n’indiquent en rien, bien au contraire, que le début de Parcoursup se passe « sans accroc » à l’Université d’Angers et ailleurs. Les lycéen.ne.s « en attente » ou refusés partout, placés en grave situation de stress à la veille du Bac, le découvrent à leur dépens.

Nos organisations syndicales sont attachées aux diplômes nationaux ouvrant des droits collectifs, et en premier lieu au Baccalauréat. Elles ont donc, de longue date, dénoncé les logiques de tri social qui se profilaient déjà dans le système APB et se consolident ouvertement dans Parcoursup, ce dernier remettant en cause le Bac comme premier diplôme universitaire ouvrant le droit de suivre des études supérieures de son choix.

L’algorithme Parcoursup dévoile notamment sa nature parce qu’il ne demande pas aux lycéen.ne.s de classer leurs vœux de poursuite d’études. Aujourd’hui, celles et ceux qui ont reçu des réponses positives dans des filières non véritablement souhaitées sont sommés de les accepter ou de les décliner en l’espace de quelques jours. Dire « oui », c’est perdre tout espoir d’obtenir la filière de son choix où on est mis « en attente », à moins de maintenir expressément ses vœux. Dire « non » (et « libérer » sa place pour les suivants « en attente »), c’est prendre le risque de ne rien obtenir ensuite. Nul doute que cela poussera bien des jeunes –en particulier celles et ceux issus des classes populaires qui ne disposent pas de réseaux susceptibles de bien les conseiller- à accepter ce qui n’est qu’un deuxième choix ou à se décourager. Et c’est d’ailleurs là le véritable objectif du gouvernement : décourager les jeunes de poursuivre des études supérieures afin de pouvoir continuer à refuser aux universités les moyens nécessaires à l’accueil des nouvelles générations.

C’est pourquoi, au-delà des batailles de chiffres, nous dénonçons Parcoursup comme une arme de sélection massive, où le mot « sélection » doit être compris comme une sélection sociale. Nous continuons à revendiquer l’abrogation de la loi ORE. Nous exigeons des moyens financiers pour que les universités puissent accueillir les nouvelles générations avec les moyens humains et pédagogiques adéquats. Nous appelons toutes et tous à se mobiliser en ce sens.

Angers le 24 mai 2018

24 mai 2018, par NPA 49