Droit d’asile pour Al Haj !

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Une soixantaine de personnes se sont rassemblées devant la préfecture d’Angers, samedi 21 mars après-midi, pour exiger que le droit d’asile soit accordé à Al Haj, menacé d’expulsion vers le Soudan, via la Belgique. Face à la barbarie ordinaire de la « politique du chiffre » sarkoziste, les militants sont venus rappeler à l’État qu’on ne pouvait d’un côté dénoncer hypocritement un régime soudanais criminel et de l’autre livrer à ce même régime des réfugiés politiques soudanais, fût-ce en confiant à la Belgique le soin de cette triste besogne... Le rassemblement dans le calme a seulement été perturbé par la vaine tentative de deux agents de police de retirer la banderole de soutien à Al Haj accrochée aux grilles de la préfecture... Mais cela n’a fait que renforcer la détermination des manifestants. Parmi les slogans repris par les manifestants : "Ce n’est pas les réfugiés qu’il faut expulser, c’est le régime soudanais qu’il faut condamner" ou "Al Haj en Belgique, non, droit d’asile pour Al Haj, oui !"

Le collectif de soutien peut être contacté grâce au mail : soutien.alhaj@gmail.com

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Soutien à El Haj

DÉCLARATION DU COLLECTIF DE SOUTIEN A EL HAJ : CGT-Caisse des Dépôts, Snuipp-FSU, Sud-Education, Alternative Libertaire, Lutte Ouvrière, Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti socialiste 49, Collectif de Soutien aux Sans Papiers, Les habitants du 48, Réseau Education Sans Frontières 35, Réseau Education Sans Frontières 49, Ligue des Droits de l’Homme 35, Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples 35 et de nombreuses personnes à titre personnel ou politique.

Al Haj est un jeune soudanais de 18 ans qui a fui son pays afin de trouver l’asile en Europe. Un retour au pays serait synonyme d’emprisonnement, torture et mort.

Voici la protection qu’il a trouvé en Europe :
-   Interpellé en Belgique, il a été enfermé deux mois dans un centre de rétention fermé. Les conditions étaient tellement difficiles qu’il a refusé catégoriquement de faire une demande d’asile dans cet Etat signataire du règlement de Dublin 2 : certains écrits comparent ces centres de rétention à des « camps de concentration moderne ». Les autorités lui donnent une « obligation de quitter le territoire belge », sous peine d’expulsion au Soudan.
-   Il franchit donc les frontières franco-belges. En France, à Angers, il noue des liens avec d’autres soudanais, avec l’école, avec une structure d’accueil et d’hébergement, avec des travailleurs sociaux. Il commence alors à vivre quand il est mis en rétention administrative avec un arrêté de ré-admission vers la Belgique.
-   Escorté jusqu’en Belgique, il est livré aux autorités belges qui lui donnent à nouveau une « obligation de quitter le territoire belge », sous peine d’expulsion au Soudan. Il lui est alors précisé qu’il a refusé de faire sa demande d’asile en Belgique, que cela fait deux fois qu’il vient sur le territoire belge, la prochaine fois c’est l’expulsion au Soudan.
-   Il franchit à nouveau les frontières , et erre plusieurs mois de villes en villes. Il revient à Angers et se fait à nouveau interpelé dans la rue. Il est à nouveau mis en rétention administrative avec une nouvelle demande pour un arrêté de ré-admission en Belgique.

Si tel est le cas, voici la protection qu’il aura trouvé en Europe :
-   Escorté jusqu’en Belgique, cet Etat risque d’exécuter sa menace : l’expulsion au Soudan.
-   Livré aux autorités soudanaises, il sera emprisonné, torturé et très certainement condamné à la peine capitale.

Nous nous battons pour que l’histoire de ce jeune soit entendue et prenne enfin le pas sur l’acharnement administratif dans lequel il est en train de se noyer. Sans nouvelles de sa famille, ses seuls repères sont en France, ne l’oublions pas et aidons-le à se reconstruire !!

Nous nous battons pour que la France stoppe sa demande de ré-admission vers la Belgique, et par ricochet son expulsion au Soudan !!

Nous nous battons pour que la Préfecture d’Angers accepte enfin d’envoyer sa demande d’asile à l’OFPRA !!

Grâce à votre mobilisation, nous avons déjà réussi à stopper le précédent arrêté de ré-admission et le vol prévu dans la nuit de mardi à mercredi. Son dossier a aussi été débloqué du centre de rétention de Rennes pour atteindre la Préfecture d’Angers. Une nouvelle demande est lancée à la Belgique : Ne sortira-t-on jamais de cet acharnement à le balloter de pays en pays ??

Restons mobilisé pour lui et tous les demandeurs d’asile car seule la solidarité semble fonctionner aujourd’hui …


LETTRE AU PREFET DU COLLECTIF DE SOUTIEN A EL HAJ

Monsieur Le Préfet,

Nous sollicitons votre attention sur la situation dramatique d’Al Haj Adam Hamed Abbas.

Suite au rassemblement devant la préfecture d’Angers mardi 17 mars à 15H30, le directeur de la réglementation, Mr Lusson a accepté de nous recevoir : la situation d’Al Haj semblait débloquée. En effet, l’arrêté de ré-admission en cours a été annulé : le vol prévu à 00H30 n’a pas eu lieu. De plus, son dossier de demande d’asile est enfin sorti du centre de rétention de Rennes. L’espoir était alors que son dossier atteigne l’OFPRA pour que son histoire soit enfin entendue.

Or, le lendemain matin, nous sommes informés que la Préfecture du Maine et Loire a lancé une nouvelle demande de réadmission en Belgique mentionnant le franchissement irrégulier de la frontière franco-belge en venant de la Belgique depuis moins de douze mois. Dans l’attente d’une réponse positive de la Belgique, sa demande d’asile est bloquée à la préfecture.

Nous vous rappelons que la demande de stopper les arrêtés de ré-admission en Belgique, pour Al Haj, est liée au risque du danger qu’il encourt dans ce pays membre de l’Union Européenne. En effet, lors de sa dernière ré-admission en Belgique, les autorités belges lui ont signalé qu’il devait quitter le territoire dans les 5 jours, sous peine d’expulsion au Soudan. De plus, l’informant que c’était alors la seconde fois qu’il était admis dans cet état, qu’il n’y avait pas de demande d’asile enclenchée, la prochaine fois qu’il pénètrerait sur le territoire belge, il serait immédiatement expulsé dans son pays d’origine : le Soudan.

Si ce jeune se voit être remis aux autorités soudanaises, il encourt l’emprisonnement, la torture et la mort. D’une part, aller chercher l’asile dans un autre pays est considéré comme trahison. D’autre part, il appartient à la tribu des Zaghawas, ethnie persécutée par le Gouvernement soudanais. Pour finir, il est partisan d’un mouvement de libération du Soudan et à ce titre est recherché par les milices. Il s’agit donc d’une réelle situation de demande d’asile politique. Nous vous demandons de le protéger, au nom de la « France, terre d’asile » et de la Convention des Droits de l’Homme, de ce danger d’être expulsé par ricochet au Soudan. Nous vous demandons de lui laisser l’opportunité de présenter son histoire de vie à l’OFPRA et d’obtenir une protection politique de la part de la France.

Al Haj est littéralement noyé et balloté d’un pays à l’autre. Son état de fatigue physique et psychologique est inquiétant.

Nous vous demandons aussi : Pourquoi la Préfecture du Maine et Loire fait-elle une demande de réadmission en Belgique alors qu’il a une obligation de quitter le territoire belge ? Pourquoi la Préfecture du Maine et Loire fait-elle une demande de réadmission en Belgique alors qu’il n’y a fait aucune demande d’asile ? Pourquoi la Préfecture du Maine et Loire fait-elle une demande de réadmission en Belgique alors que celle-ci lui aurait dit que s’il revenait en Belgique, il serait expulsé au Soudan ?

Al Haj souhaite aujourd’hui que la France entende son histoire et qu’il puisse enfin vivre en toute sérénité. Nous souhaitons aussi aujourd’hui que la France entende l’histoire d’Al Haj et que ce jeune majeur puisse enfin vivre en toute sérénité.


21 mars 2009, par NPA 49