Municipales d’Angers 2020 : entre confusion et diffamation

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La campagne des municipales s’annonce problématique à Angers. Face au maire néomacroniste sortant, qu’il faudrait sortir, les oppositions sont dispersées. Le PS résiduel présente une liste. Verts/EELV, PC et le courant social-libéral “Nouvel élan” autour de J.-L Rotureau se sont unis derrière Yves Auregan. Des militant.e.s de France insoumise, de Pas sans nous et du Parti animaliste ont le projet d’une liste citoyenne et populaire (ACP) conduite par Claire Schweitzer et Djamel Blanchard. Mais cette liste voit déjà se lever contre elle la ligue des bien-pensants, comme le démontre un article du Courrier de l’Ouest du 18/01 particulièrement diffamatoire. Analyse...

Le NPA49 et les municipales à Angers : une riche histoire

Certain.e.s militant.e.s du NPA49 étaient à la LCR d’Angers en 2001 quand elle fit liste commune avec le collectif « Citoyenneté pour tous » (CPT) et le PCF. En 2008, la LCR présenta également une liste à laquelle participait la tête de liste CPT de 2001 (cette liste approcha alors les 5% des voix). En 2014, le NPA s’associait au Parti de Gauche pour constituer la liste « Résister, Construire à gauche ». Au fil de ces expériences, nous avons dégagé un programme qui essaye de faire le lien entre les politiques antisociales et anti-écologistes qui sont déployées au niveau national et ce qui se passe à Angers. Des mesures à la fois sociales et/ou écologistes ont été mises en avant, comme la gratuité des transports en commun, la rénovation “haute qualité environnementale” (HQE) des logements sociaux sans augmentation des loyers, la laïcité de l’école, le développement des services publics et la création de nouveaux services publics municipaux tels que ceux de la petite enfance et du 4e âge (voir nos professions de foi et positions successives : 2001, 2008 [ ici et ] et 2014). Dans la ville voisine de Poitiers, nos camarades du NPA ont développé cette année un programme similaire (que l’on peut consulter ICI).

Une gauche institutionnelle dispersée et inconséquente

Cette fois, il est probable que nous ne présenterons pas de liste aux élections municipales de 2020. Le paysage politique est tellement fragmenté qu’il est difficile de s’y faire une place. Et puis soyons honnêtes : le NPA49 n’a, aujourd’hui, guère les moyens militants et financiers de se lancer seul dans une nouvelle campagne électorale. Quant à s’allier à une des deux listes de la gauche institutionnelle, il n’en est évidemment pas question. Dans chacune des deux listes, on retrouve les forces qui animaient le PS, celles qui ont précipité le pays dans le néolibéralisme et permis à C. Béchu de s’emparer de la ville. De plus, quelle que soit la sincérité de leurs militant.e.s et de leur tête de liste, EELV n’a pas rompu avec le « capitalisme vert » et son programme social reste squelettique. Ce n’est pas la présence opportuniste du PCF sur la liste d’Yves Auregan qui peut corriger le tir.

Une liste “citoyenne et populaire” ?

Restent les listes qui rompent avec la gauche institutionnelle et, potentiellement, dégagent une perspective démocratique, sociale et écologiste. Sans nouvelle de celle de Lutte ouvrière, celle d’« Angers citoyenne et populaire » (ACP) apparaît comme une liste que le NPA49 pourrait soutenir. La présence de l’association “Pas sans nous” et de militant.e.s associatifs des quartiers populaires fonde son intérêt. Il reste cependant à espérer que son analyse de la situation politique nationale (marquée par la lutte contre la réforme des retraites !) et locale, et que son programme lui-même soient à la hauteur des enjeux. Autant la démarche citoyenne est louable et peut permettre de politiser une population laissée à l’abandon, autant elle ne doit pas retarder la mise en avant d’objectifs urgents comme la gratuité des transports ou la rénovation et l’extension sans hausse de loyers des logements (vraiment) sociaux. Invité à la 5e assemblée d’ACP en décembre, observateur à la 6e, le NPA49 reste attentif à la constitution de cette liste, et l’assure de sa solidarité après l’attaque inadmissible contre Djamel Blanchard faite dans le Courrier de l’Ouest par un de ses journalistes les plus en vue.

Un article diffamatoire dans le Courrier de l’Ouest

Sous prétexte de dresser un portrait de celui qu’il présente comme le premier des candidats de la liste ACP (alors qu’il est le deuxième), le Courrier de l’Ouest s’est en effet livré à une véritable chasse aux sorcières dans son édition du samedi 18 janvier (page 9). Suffit-il de penser qu’Yves Tréca-Durand se serait vexé après que D. Blanchard aurait par deux fois manqué son rendez-vous avec lui ? Est-ce une vengeance télécommandée de la mairie après que des jeunes et Djamel Blanchard ont perturbé les vœux du maire à La Roseraie ? Quoi qu’il en soit, le portrait dressé est odieux et à charge. L’investissement de ce militant sur les causes de défense des sans-papiers, des migrants, des Roms, du racisme, de la question des politiques des quartiers populaires est pourtant connu. Visiblement YTD n’a pas pris la peine d’écouter l’émission Du Grain à moudre par Hervé Gardette sur France Culture intitulée : Qui vote pour l’abstention ? et diffusée le 15/03/2017. YTD cite une intervention de Djamel à Médiapart en 2015 et la résume à “[il] dézingue à tout va” sans évoquer ce que met en place ce militant pour réinventer la cité, avec ouverture et autonomie. Considère-t-il que tout va bien dans les quartiers populaires, que les mairies successives ont pris en compte les habitants sans penser à leur place ? Mais surtout YTD fait fi de toute déontologie journalistique en faisant proférer à de prétendus interlocuteurs anonymes des accusations clairement diffamatoires. Des “élus” dont les noms ne sont pas cités [1] lui reprocheraient de n’être pas « constructif », de se comporter comme un « petit caïd » (sic). Et puis YTD va encore plus loin dans le rôle du corbeau : « Certains voient son influence derrière les récents feux de voiture à la Roseraie » ; « Certains le soupçonnent de rapprochement avec les islamistes », « il aurait été impliqué dans une photo de jeunes pastichant L’État islamique », « les forces de l’ordre [...] le tiennent à l’œil », etc. Sans apporter le moindre début de preuve évidemment, ce qui balaye toute argumentation sur un supposé “secret des sources”. Si YTD veut continuer à produire de telles inepties, nous lui conseillons d’écumer les comptoirs des bars de la ville. Son article est une honte.

Au-delà des élections, construire une alternative écosocialiste à tous les niveaux

La situation politique actuelle est confuse mais les résistances à l’ordre néolibéral ne cessent de croître. Au-delà des élections municipales, ce qui importe reste de construire à tous les niveaux, local, national et international un rapport de forces et une alternative face au capitalisme. Le NPA49 essaiera d’y contribuer à la fois dans les luttes écologiques ou sociales et pendant les élections. L’actuelle peur panique des possédants face à une explosion sociale (que l’article d’YTD traduit à sa manière) montre que la bourgeoisie n’est plus si sûre d’elle-même. Il faut maintenant que la classe ouvrière et la jeunesse prennent pleinement conscience de leur force. En sus de la lutte contre la réforme des retraites, puisse la campagne pour les élections municipales y aider à Angers !

Post scriptum :
-  sur les résultats finaux : Municipales 2020 : crises majeures et abstention massive (16 mars 2020)

19 janvier 2020, par NPA 49

[1] hormis Michelle Moreau qui, en bonne “humaniste”, veut faire expulser l’Association des jeunes de la Roseraie de ses locaux car -horreur !- « ils y hébergeaient des migrants » ; on sait que la mairie préfère voir les migrant.e.s à la rue, sous la pluie et dans le froid !