Ce sont près de 350 personnes qui ont manifesté pour la justice climatique à Angers ce vendredi 22 octobre, à l’appel de Youth for Climate, avec le soutien de plusieurs associations (ATTAC, Sortir du nucléaire, Mouvement de la paix...) Le cortège, essentiellement composé de jeunes, très dynamique et revendicatif, a marqué sa défiance vis-à-vis des (ir)responsables politiques au pouvoir, entonnant très souvent des slogans anticapitalistes. Quoique limitée, cette mobilisation fut un avant-goût de celle, mondiale, appelée le samedi 6 novembre à l’occasion de la COP 26 de Glasgow...
L’image de Charlot mangeant sa chaussure en cuir pour ne pas mourir de faim dans « La ruée vers l’or » a marqué les esprits. En 2021, la réalité a rattrapé la fiction : à Madagascar, des familles font bouillir des chutes de cuir pour calmer leur faim [1]. Selon l’ONU, le pays, touché par sa pire sécheresse depuis 40 ans, est le premier confronté à une famine liée au réchauffement climatique.
C’est dans ce contexte qu’a été publié, le 9 août dernier, le premier volet du 6e rapport d’évaluation du GIEC. Pour le GIEC, plus de doute : les activités humaines sont « sans équivoque » à l’origine du réchauffement de la planète observé depuis 1850, début de la révolution industrielle. La décennie 2010-2019 est la plus chaude depuis deux mille ans et probablement depuis cent mille ans.
Pour nous convaincre du sérieux de ce constat alarmant, revenons sur la création du GIEC et sa structure particulière.
Au début des années 1980, il devient de plus en plus évident que la concentration atmosphérique en dioxyde de carbone (CO2) tend à augmenter du fait des activités humaines, ce qui entraîne une hausse des températures. En 1988, le GIEC est créé, sur proposition du G7 à travers l’impulsion de Reagan et Thatcher. Le GIEC a pour mission de recueillir et synthétiser les informations sur les changements climatiques issues de publications scientifiques. Si le recueil des informations est réalisé par des scientifiques, « la revue finale du rapport, avant publication, est assurée par des experts nommés par les gouvernements. Ils se réunissent pendant une semaine et révisent ligne par ligne la quinzaine de pages du résumé du rapport, jusqu’au consensus » [2]. Pour Reagan, la présence des gouvernements est nécessaire, afin de ne pas confier les rênes de l’expertise sur le changement climatique à une agence de l’ONU purement scientifique, soupçonnée de militantisme écologique. Pour Thatcher, la création du GIEC semble avoir notamment été motivée par des enjeux de politique interne : pointer le rôle des énergies fossiles dans le réchauffement climatique était l’occasion d’avancer des pions dans sa lutte contre les syndicats des mineurs du charbon.
Comment un organisme auquel 195 gouvernements participent et dont les rapports sont finalisés par consensus pourrait-il aboutir à des conclusions radicales ? Selon Jean-Charles Hourcade, « avec cette tension organisée entre scientifiques et politiques, on est bien loin de l’image d’un groupe de pression écolo déguisé en scientifiques. On peut au contraire arguer que, pour faire passer une rédaction sans le veto de pays comme l’Arabie saoudite ou les États-Unis de G. Bush, les rédacteurs tendent, surtout dans le résumé pour décideurs, à adoucir leurs messages. C’est pourquoi, par exemple, il fallut attendre le troisième rapport du GIEC pour que soit proclamée quasi certaine l’origine anthropique du réchauffement ». [3]
Mais cette faiblesse fait sa force : « le GIEC voit ses rapports difficilement contestables par les pouvoirs politiques, puisqu’ils les signent ». [4]
Le GIEC est organisé en trois groupes de travail. Le groupe 1 évalue les aspects scientifiques des changements climatiques. Le groupe 2 étudie les conséquences, la vulnérabilité et l’adaptation aux changements climatiques. Le groupe 3 étudie les solutions envisageables pour atténuer les changements climatiques. Le GIEC publie un rapport d’évaluation tous les 5 à 8 ans. Chaque rapport comporte un volet pour chaque groupe de travail. Un volet est composé de trois documents : rapport complet, résumé technique et résumé à l’intention des décideurs.
Le premier rapport du GIEC, publié en 1990, montre que les activités humaines accroissent sensiblement la concentration dans l’atmosphère des gaz à effet de serre (GES), ce qui renforce l’effet de serre naturel, d’où une augmentation de la température de l’atmosphère et une augmentation du niveau des mers. Le GIEC souligne toutefois les incertitudes relatives aux prévisions et se donne 10 ans pour pouvoir confirmer le renforcement de l’effet de serre.
En 2014, le cinquième rapport confirme le rôle dominant de l’influence humaine sur le réchauffement climatique, en soulignant qu’il est encore possible de limiter l’élévation de la température à 2 °C en moyenne planétaire sur les émissions mondiales de GES si elles sont réduites de 40 à 70 % entre 2010 et 2050.
Le sixième rapport du GIEC est en cours de finalisation. Les volets 2 et 3 sont attendus dans les prochains mois. Son premier volet, paru le 9 août 2021, a fait grand bruit.
Pour le GIEC, plus d’ambiguïté : ce sont bel et bien les activités humaines, à travers l’utilisation des combustibles fossiles, qui modifient le climat. « Chacune des quatre dernières décennies a été successivement plus chaude que toute décennie depuis 1850 ». [5] La valeur la plus probable de la hausse de la température moyenne de la surface du globe entre la décennie 2010-2019 par rapport à la période 1850-1900 est de 1,09 °C, dont 1,07 °C seraient d’origine anthropique. Le GIEC ajoute que « le changement climatique induit par l’homme affecte déjà de nombreux phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes dans toutes les régions du monde », tels que les vagues de chaleur, les fortes précipitations, les sécheresses et les cyclones tropicaux.
En couplant l’ensemble des connaissances accumulées à l’augmentation de la puissance de calcul des logiciels de modélisation, le GIEC peut désormais déterminer les conséquences régionales du réchauffement climatique, dans 45 unités géographiques de superficies comparables (ouest de l’Amérique du Nord, nord de l’Amérique centrale, Méditerranée, plateau Tibétain, nord de l’Australie…). Du fait de l’extension des épisodes de sécheresse et du renforcement des feux de forêt, le pourtour méditerranéen est l’une des régions où les conséquences du réchauffement climatique sont les plus importantes.
Le rapport présente par ailleurs plusieurs scénarios d’évolution de changements climatiques en fonction des émissions de CO2. Comme l’indique Daniel Tanuro [6], « même si la COP26 (à Glasgow, en novembre) décidait d’appliquer le plus radical des scénarios de stabilisation étudiés par les climatologues, à savoir celui qui assure la réduction la plus rapide des émissions de CO2 et annule les émissions mondiales nettes en 2060 au plus tard (tout en réduisant aussi les émissions des autres GES), l’humanité devrait affronter de terribles perspectives » : réchauffement accéléré en Arctique, augmentation de la fréquence des vagues de chaleur, amplification des dégagements de méthane dus à la fonte du permafrost…
Si la compréhension de l’impact anthropique sur le climat fait désormais consensus, il n’en est pas de même pour les solutions à mettre en œuvre pour limiter le dérèglement. « À mesure qu’on rentre dans une phase décisionnelle, l’attention va se concentrer sur les groupes 2 et 3 du GIEC jusqu’ici moins en première ligne que le groupe 1. Or ils couvrent des domaines dans lesquels les incertitudes sont d’un ordre de grandeur supérieur à celles des modèles climatiques et qui sont difficilement isolables de questions éthiques et politiques ». [7]
En 2018, le GIEC publie un « Rapport spécial sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C », [8] comportant une évaluation de 23 actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre au regard des objectifs de « développement durable » fixés par l’ONU en 2015. L’analyse détaillée de ce rapport effectuée par l’association Négawatt [9] est utile, bien qu’elle ne remette pas en cause le concept oxymorique de « développement durable » visant simplement à reverdir le capitalisme. Selon Négawatt, les actions les plus soutenables sont celles « visant à réduire le niveau de consommation, à développer les énergies renouvelables électriques en remplacement d’énergies fossiles et à améliorer la gestion du bétail et du fumier […]. En bas de classement figurent les options technologiques de capture et séquestration du carbone, la géo-ingénierie des océans, et enfin le remplacement du charbon par du nucléaire ». Les 4 trajectoires proposées par le GIEC dans le résumé pour les décideurs comportent toutes une hausse de la production nucléaire d’ici 2050. Pourtant, le recours au nucléaire n’est pas systématique : ces trajectoires sont issues de 90 scénarios respectant l’objectif 1,5 °C dont plusieurs envisagent une réduction de la puissance nucléaire installée au niveau mondial. Inversement, « les énergies renouvelables forment le socle de la grande majorité des scénarios ; elles sont (très) largement prépondérantes dès lors qu’une action ambitieuse de réduction des consommations est intégrée. C’est principalement lorsque la demande d’énergie croît que le recours au nucléaire et/ou à la capture-séquestration du carbone devient nécessaire ».
N’en déplaise aux scientistes de toute obédience, les solutions miracles n’existent pas : seule une réduction drastique de la consommation énergétique permettra de lutter véritablement contre le réchauffement climatique. Comme l’écrit très justement Daniel Tanuro, « sachant que trois milliards d’êtres humains manquent de l’essentiel et que les 10 % les plus riches de la population émettent plus de 50 % du CO2 global, la conclusion est imparable : changer de système énergétique pour rester sous 1,5 °C tout en consacrant plus d’énergie à satisfaire les droits légitimes des démuniEs est rigoureusement incompatible avec la poursuite de l’accumulation capitaliste génératrice de destructions écologiques et d’inégalités sociales croissantes.
La catastrophe ne peut être stoppée d’une façon digne de l’humanité que par un double mouvement consistant à réduire la production globale et à la réorienter radicalement au service des besoins humains réels, ceux de la majorité, démocratiquement déterminés. Ce double mouvement passe forcément par la suppression des productions inutiles ou nuisibles et l’expropriation des monopoles capitalistes – en premier lieu dans l’énergie, la finance et l’agrobusiness. Il passe aussi par une réduction draconienne des extravagances de consommation des riches. En d’autres termes, l’alternative est dramatiquement simple : soit l’humanité liquidera le capitalisme, soit le capitalisme liquidera des millions d’innocentEs pour continuer sa course barbare sur une planète mutilée, et peut-être invivable ».
Commission nationale écologie du NPA
[1] https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/madagascar/ madagascar-une-famine-causee-par-le-rechauffement -climatique_4683471.html
[2] https://reporterre.net/Le-Giec-a-trente-ans-son-histoire-son-role-et-un-climat-toujours-plus-chaud
[3] Hourcade J.-C., « Des liens compliqués entre sciences et politique à propos du Giec », Revue Projet 2009/6 (n°313), p. 42 à 47 (https://www.cairn.info/revue-projet-2009-6-page-42.htm#no5).
[4] https://www.liberation.fr/sciences/2014/11/02/comment-cette-structure-a-impose-son-autorite-scientifique_1134764/
[5] IPCC, « Climate Chante 2021 – The Physical Science Basis – Summary for Policymakers », https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/downloads/report/IPCC_AR6_WGI_SPM.pdf
[6] Tanuro D., « Au bord du gouffre. Le scénario que le GIEC ne modélise pas », Contretemps, 10/08/2021, https://www.contretemps.eu/rapport-giec-climat-catastrophe-capitalisme-ecologie/
[7] Hourcade J.-C., op. cit.
[8] https://www.ipcc.ch/site/assets/upl...
[9] Association Négawatt, « Quelle place pour le nucléaire et les énergies renouvelables dans les trajectoires mondiales de neutralité carbone ? », septembre 2020, https://www.negawatt.org/IMG/pdf/200924_note_nucleaire-et-les-energies-renouvelables-dans-les-trajectoires-mondiales-de-neutralite-carbone.pdf.
- samedi 5 juillet à 15h : Rassemblement hebdomadaire de solidarité avec le peuple palestinien. Jardin du mail à Angers.
- samedi 5 juillet de 15h à 05h : Fête au RAARE à St-Georges-s/Loire (voir détails).
- Voir aussi Alter49.org, l’agenda alternatif 49, et Le Cercle 49.
Mardi 13 mai à 11h30, environ 120 personnes se sont rassemblées devant la préfecture d’Angers à l’occasion de la journée d’action, grèves et manifestations de la Fonction publique à l’appel de CGT, UNSA, FSU, Solidaires, CFE-CGC. Les militant·e·s présent·e·s se revendiquaient essentiellement de la FSU (SNUIPP, SNES, SNESUP...) et de la CGT. Ce sont d’ailleurs ces deux organisations qui ont pris la parole vers midi pour dénoncer la politique austéritaire, antisociale et de saccage de la fonction publique menée par les gouvernements depuis au moins deux décennies. La journée n’était pas vraiment programmée pour être celle d’une grande mobilisation (le taux de grévistes est très faible ; il n’y a eu par exemple que 5% de grévistes au CESAME). Il est pourtant plus que nécessaire de la construire. La CGT appelle à une nouvelle journée début juin. Il faudra cette fois se donner les moyens de la réussir !
Samedi 3 mai à Doué-la-Fontaine, une dizaine d’individus cagoulés et vêtus de noir sont venus perturber pendant plusieurs heures l’entrée du Bioparc au nom de la lutte contre la maltraitance des animaux. Sur leurs uniformes, le logo du “Réseau Pythagore” était reconnaissable. Le site de ce groupuscule antispéciste ne laisse aucun doute sur son orientation politique. Se présentant comme le “bouclier”, le “rempart entre eux et les Animaux”, et “l’épée”, “la force de frappe pour repousser les malveillants”, dispensant des cours de boxe et se proposant “d’expulser sans tolérance de la lutte” ce qui renvoie à l’intersectionnalité, ce groupuscule se rattache à l’extrême droite la plus radicale. Un article de Streetpress lui est consacré, qui pointe ses liens avec d’autres groupuscules néofascistes, liste ses “dérapages” homophobes ou islamophobes et éclaire ses fondements idéologiques, au croisement de la deep ecology et du nationalisme le plus rance. Présent jusqu’ici dans l’est du territoire français, il cherche visiblement à s’implanter à l’ouest (il était déjà intervenu le 18 janvier dans le centre-ville d’Angers)... La vigilance antifasciste s’impose. No pasaran !
Ce sont plus de 160 personnes qui, à Angers samedi 3 mai, ont répondu à l’appel de l’AFPS49 et des organisations solidaires (dont le NPA49) à se rassembler à nouveau pour la Palestine, contre la guerre génocidaire conduite par le gouvernement fasciste de Netanyahou, contre l’épuration ethnique à l’œuvre à Gaza comme en Cisjordanie, contre la complicité active et passive des États impérialistes (et notamment de l’État français ; la vague promesse d’une reconnaissance de l’État palestinien ne s’accompagnant d’aucune sanction contre la puissance occupante). Lors du point d’information, outre le récit dramatique des derniers massacres commis par l’armée israélienne, l’attaque pirate commise par des drones israéliens au large de Malte contre une navire humanitaire de l’ONG Freedom Flotilla Coalition a été vivement dénoncée. A également été affirmée la nécessité de combattre les menées gouvernementales liberticides contre le mouvement de solidarité avec la Palestine (multiplication des poursuites pour de soi-disant “apologies du terrorisme”, dissolution du collectif Urgence Palestine, etc.) La solidarité avec le peuple palestinien est aussi un combat pour les libertés publiques !
Samedi 26 avril se tenait la fête départementale annuelle de Lutte ouvrière (LO), à Trélazé, dans une salle bien remplie. Plusieurs camarades de LO sont intervenus, notamment pour raconter l’histoire de leur intervention politique au CHU d’Angers depuis plus de 50 ans ou encore pour évoquer la montée du nazisme en Allemagne. La porte-parole de LO, Nathalie Arthaud, a développé ensuite son analyse de la situation mondiale, avec le risque accru de guerres provoquées par les rivalités inter-impérialistes. Un débat intéressant a suivi, dans lequel ont été évoquées les limites du syndicalisme et la nécessité de l’action politique.
Samedi 26 avril, ce sont plus de 200 manifestant·e·s – dont beaucoup de Chemillois·e·s – qui se sont rassemblé·e·s devant le théâtre Foirail de Chemillé-en-Anjou où Éric Zemmour tenait un meeting. Le rassemblement antifasciste avait été interdit par le préfet, soucieux de ménager le multicondamné pour provocation à la haine raciale et injures racistes qu’est le président de « Reconquête ». Et les CRS n’ont pas pu s’empêcher de charger ce rassemblement pourtant des plus pacifique. Mais cela n’a pas suffi à décourager celles et ceux qui entendent se dresser contre le racisme et le fascisme qui gangrènent la société à travers les discours de haine des Zemmour, Bardella et Le Pen, complaisamment relayés par les grands médias de milliardaires comme Bolloré ou Stérin. Le rassemblement a donc continué jusqu’en milieu d’après-midi. No Pasaran !