Angers/département : la chasse aux pauvres est ouverte !

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Deux événements illustrent jusqu’à la nausée la “chasse aux pauvres” que pratiquent ou rêvent de pratiquer les politiciens de la droite angevine appuyés par les services de l’État. À la tête du Conseil départemental (CD49), C. Gillet annonce avec fracas avoir “découvert” 3000 soi-disant “fraudeurs” au RSA et vouloir réduire leurs prestations de 25% à 50%. Mais la preuve de la “fraude” qu’il invoque n’en est même pas une... Et à Angers, le harcèlement des pouvoirs publics contre les familles Rroms soutenues par le CCSP49 et LeCercle49 se poursuit : à peine installées dans un nouveau squat, parfaitement salubre et qui ne servait plus à personne, voilà qu’un huissier passe, commandité par le même C. Gillet, et que l’eau est coupée... Visiblement, département, ville et préfecture veulent les voir dormir dans la rue !

Nouvelles ratiocinations de C. Gillet contre le RSA

Le revenu de solidarité active (RSA) est géré par les conseils départementaux et versé par les CAF et les MSA. Il est destiné à garantir un revenu minimum dans une société où les revenus dépendent en majeure partie du travail salarié ou de l’exploitation du travail salarié. Parmi les 2,5 millions de bénéficiaires du RSA, celles et ceux qui n’ont pas d’emploi et sont en capacité de travailler ont l’obligation de chercher un emploi ou d’avoir un projet professionnel visant à améliorer leurs situations financières. En revanche, celles et ceux qui ne sont pas en capacité de travailler ou qui travaillent et gagnent plus de 500 euros par mois n’ont aucune obligation à être inscrits à Pôle Emploi. Aussi [1], quand C. Gillet fait mine d’être scandalisé parce qu’il aurait “découvert” que 3000 des 20.000 bénéficiaires angevins du RSA ne sont pas inscrits à Pôle Emploi, il fait du mauvais théâtre. Pour être crédible, il aurait fallu qu’il précise combien parmi ces 3000 soi-disant “fraudeurs” avaient obligation de s’inscrire à Pôle emploi, ce qu’il n’a évidemment pas fait. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que C. Gillet s’attaque au RSA. Il a déjà menacé de ne plus le verser à personne au prétexte que l’État ne rembourse que partiellement le montant du RSA (ce qui est d’ailleurs exact), mais on sent bien que verser de l’argent aux pauvres (ou aux services sociaux, ou aux éducateurs, ou à la culture, etc.) lui reste en travers de la gorge. Pour lui, ce sont les pauvres qui “fraudent” et doivent être sanctionnés, pas les riches. Pourtant, les chiffres officiels disent tout-à-fait autre chose : en 2015, la “fraude” cumulée au RSA, au logement et aux prestations familiales s’élevait en France à seulement 4% de la fraude fiscale détectée (143M€ d’un côté, 3420M€ de l’autre !), et donc à 0,2% de la fraude fiscale effective, estimée autour de 80.000M€. Hélas, jamais C. Gillet ne dénoncera la fraude fiscale massive pratiquée par la classe sociale qu’il défend, fraude qui ne fait d’ailleurs que s’ajouter à la spoliation légale du travail salarié par les propriétaires (directs et indirects) des moyens de production. De Robin des bois, le président du Conseil départemental 49 ne connaît que l’exact contraire : prendre aux pauvres pour mieux donner aux riches !

Nouvelle coupure d’eau pour les Rroms

Après que le “château de Moulinsart”, après l’immeuble de la SOCLOVA promis à la démolition pour en faire un parking à supporters du SCO, les familles Rroms soutenues par le CSSP49 et Le Cercle 49, familles auxquelles les services de l’État et de la Ville n’offrent aucune solution de relogement, ont trouvé un nouveau squat : les logements désaffectés du Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS) situés près du centre de secours du Chêne Vert. Elles ne gênent personne, car les pompiers ont abandonné définitivement les lieux en juillet (en raison d’une directive européenne interdisant les logements de fonction gratuits). Elles revendiquent seulement leur droit à un abri à l’approche de l’hiver, et de pouvoir vivre dans des conditions enfin décentes. Un huissier est pourtant déjà passé, commandité par le président du SDIS, C. Gillet en personne [2], et l’eau a été coupée. Le collectif de soutien (qui vient de recevoir le renfort de Solidaires 49) a trouvé une première parade en apportant 1600 litres d’eau. Reste qu’il y a là une nouvelle preuve de l’acharnement du pouvoir, complétée par les déclarations de l’intarissable C. Gillet (il est vrai, en campagne pour F. Fillon aux primaires de la droite... extrême !) affirmant avoir demandé l’expulsion à la préfète. [3] Contre le “château de Moulinsart”, ce pouvoir bourgeois avait hypocritement argué de la “vétusté” des lieux pour justifier l’expulsion des familles Rroms et des réfugiés somaliens. L’argument ne peut plus tenir au Chêne vert. Alors il coupe l’eau pour rendre les logements vétustes ! Contre cette inhumanité, renforçons la solidarité !

Droit au logement pour toutes et tous !

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COMMUNIQUÉ DU CSSP49 CONCERNANT LE « CHÊNE VERT »

Pendant que des logements restent vides, des personnes continuent de dormir dans la rue ! Alors devant le silence des pouvoirs publics pourtant bien au fait de leur situation, le CSSP49 soutient une nouvelle fois les familles Rroms qui ont récemment trouvé refuge dans d’anciens logements de fonction de la caserne du Chêne Vert. Auparavant, ces mêmes familles, après des mois passés dans un campement de fortune et sous une énième menace d’expulsion, s’étaient installées dans des appartements vides d’un immeuble voué à la destruction et appartenant à la SOCLOVA. La société HLM avait fait couper l’eau à quelques semaines de l’expulsion des familles. Celles-ci avaient alors une fois de plus montré leur indignation dans la rue.

Les voilà aujourd’hui dans ce lieu appelé « Le Chêne Vert » et nous continuerons de lutter avec elles afin que puissent se réaliser leurs projets de vies.

Un collectif de syndiqués (mail : syndicalistespourlentraide@gmail.com) ainsi que des associations et d’autres groupes de militant-e-s sont également engagés sur place avec les familles.

Les habitant-e-s du « Chêne Vert » ne se résignent pas et l’ont fait savoir à plusieurs reprises.

Nous non plus car c’est ensemble que nous luttons !

LE CSSP49 (Contact : 06 83 87 32 28)

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16 octobre 2016, par NPA 49

[1] cf. Courrier de l’Ouest du 15 octobre 2016 en pages 1 et 5.

[2] cf. Courrier de l’ouest du 16/10/2016, p.6. Cette revendication de l’envoi d’un huissier par le président du CD49 est d’autant plus curieuse que, comme il le dit lui-même, les locaux appartiennent à Angers-Loire-Métropole et non au SDIS ou au département...

[3] ibid. Les propos de C. Gillet sont de surcroît d’une hallucinante hypocrisie : il reconnaît qu’il faudrait trouver des “solutions humanitaires” (sic) mais n’en propose aucune et brandit les lois pour justifier sa demande d’expulsion. Visiblement, il ne connaît pas l’ordonnance n°45-2394 du 11 octobre 1945 autorisant la réquisition des logements vides et transcrite dans les articles L. 641-1 à L. 641-14 du code de la construction et de l’habitation. Mais ce n’est pas la première fois qu’il étale son ignorance ou son mépris des lois...