Culture : les collectivités (de droite) sortent leurs revolvers

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Les coupes claires dans le budget de la culture se généralisent, en particulier en Maine-et-Loire sous l’impulsion rétrograde du président du Conseil départemental, C. Gillet (UDI). La volonté totalitaire de ne subventionner que les activités culturelles qui ne contredisent pas son sens très étroit de la morale a par ailleurs été affirmée à plusieurs reprises par le nouveau président du Conseil régional, B. Retailleau (LR, “ex” villiériste). À l’heure où le régime spécifique des Intermittents du spectacle est à nouveau menacé par le MEDEF et la CFDT, c’est toute la culture qui est en danger. La mobilisation des intermittents et du secteur culturel doit être soutenue et relayée par toutes et tous !

Les restrictions budgétaires -bien réelles- de l’État décidées par le gouvernement PS-MEDEF ont parfois bon dos. Les collectivités de l’Ouest ne réagissent pas toutes de la même manière dès lors qu’il s’agit de les répercuter dans le secteur associatif et culturel.

Vu d’Angers, la palme de la pingrerie et de l’inculture revient au Conseil départemental dirigé par l’UDI C. Gillet. Celui-ci s’était déjà distingué il y a quelques temps en refusant de payer la quote-part du département au syndicat mixte qui gère l’Orchestre national des Pays-de-la-Loire (ONPL). C’était illégal et C. Gillet aura seulement réussi à s’attirer les moqueries de la presse musicale nationale (dont Diapason et France Musique). Mais il est depuis passé aux travaux pratiques (cf. Courrier de l’Ouest du 22/04/2016) et l’enveloppe budgétaire culturelle baisse globalement d’un tiers en 2016 (de 412k€ à 274k€). De façon différenciée toutefois, en fonction de choix idéologiques quasi-transparents. La liste est en effet éloquente :
-  suppression de toute subvention à la salle de spectacle Le Chabada, à l’école des Arts du cirque et à une demi-douzaine d’associations (dont Entr’Art CHU et les Amis de Notre-Dame de Cunault) ;
-  diminution de moitié ou plus à Angers-Nantes-Opéra (alors que de son côté la subvention de la ville d’Angers est déjà très faible en regard de celle de Nantes), aux Heures musicales du Haut-Anjou, au CNDC (-60%), à la Bibliothèque anglophone, à la Lyriade de la langue française ;
-  si le festival de cinéma Premiers Plans s’en sort mieux (“seulement” -6,25%), il est tout de même touché alors qu’il draine des spectateurs de tout le département et qu’il reste l’événement culturel majeur du paysage angevin (avec des retombées économiques non négligeables). Seule s’en sort assez bien (-2,2%) l’École maîtrisienne régionale des Pays-de-la-Loire, sans doute en raison de ses très catholiques accointances.

Du côté de la Région, on comprend également que la culture n’est pas la préoccupation de B. Retailleau, dont le premier geste significatif (“la priorité”) lorsqu’il fut élu à son poste fut de lancer (aux frais du contribuable) une campagne de publicité pour l’évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (qui n’était pourtant pas de sa compétence). Ou est-ce parce que la culture se résume pour lui aux spectacles de propagande monarchiste et contre-révolutionnaire du Puy-du-Fou (où une masse d’artistes amateurs est exploitée à peu de frais) ? Les subventions régionales aux associations culturelles ont également diminué ou ont été supprimées. Toutefois, à la différence du Conseil départemental 49 qui a décidé de ses coupes claires sans aucune transparence, celles du Conseil régional ont été, à plusieurs reprises, expressément motivées par des arguments idéologiques : du Hellfest de Clisson (au prétexte d’un chanteur qui aurait fait un salut nazi dans un concert) au Festival CinéPride de Nantes (cf. Courrier de l’Ouest du 02/05/2016).

En ce qui concerne CinéPride, le prétexte invoqué par B. Retailleau et L. Garnier, vice-présidente du Conseil Régional en charge de (l’in)culture, tient au (faux) syllogisme suivant :
-  un débat aurait été prévu sur la GPA (gestation pour autrui) lors du festival CinéPride ;
-  or la GPA est illégale en France ;
-  il n’est donc pas légal de subventionner CinéPride.

B. Retailleau va jusqu’à invoquer le “respect de la loi” ! Comme si un débat sur ce qu’interdit la loi était illégal ! La vision totalitaire et liberticide de la droite extrême au pouvoir à la Région ne cesse ainsi de s’affirmer. Très probablement, c’est l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples d’homosexuelles et le droit à l’adoption qui est dans le viseur de cette droite fortement infiltrée par “La Manif pour Tous”. En effet, la GPA est loin d’être un objectif largement partagé pour le mouvement LGBTI, en raison de la marchandisation du corps des femmes qu’elle entrainerait presque inévitablement, et un éventuel débat sur la question ne peut évidemment être assimilé à une revendication de GPA. En revanche l’amalgame GPA-PMA-Adoption-Mariage pour tous est pratiqué au quotidien par les intégristes religieux...

En conclusion, le risque est grand que les restrictions budgétaires imposées au secteur culturel n’entraine des suppressions d’événements et de structures indispensables. Et donc des suppressions d’emplois... La mobilisation parallèle des intermittents du spectacle contre les économies budgétaires que le MEDEF et la CFDT veulent imposer au régime d’assurance chômage des intermittents du spectacle montre en revanche qu’une résistance est possible.

Contre le monde des comptables, les yeux myopes rivés sur leurs lignes budgétaires bien séparées entre elles ;

contre le monde des idéologues rancis qui veulent faire revenir la société aux (prétendues) valeurs de leurs arrière-arrière-grands-parents ;

contre le monde des capitalistes qui utilise ces comptables et ces idéologues pour continuer à engranger leurs profits aux dépens de la population et de la planète ;

un autre monde reste possible et nécessaire et la culture est un des moyens pour y parvenir.

Solidarité avec le monde de la culture et les intermittents du spectacle !

“Toute licence en Art”

ANO en lutte !

2 mai 2016, par NPA 49